vendredi 10 octobre 2014

Le Postillon. Octobre 2014.

Le gauche bimestriel (2 € les 16 pages), traitant de la cuvette grenobloise, titre pour ce numéro 27: «  Pierre Gattaz et le modèle grenoblois : c’est l’amour » avec Destot reconnaissable à son badge CEA et une rose, dans les bras du président du MEDEF.  
C’est du surligné, sans humour. Les dessins sont pour beaucoup toujours aussi maladroits, mais certains articles sont éclairants tel celui concernant le modèle Grenoblois reposant « sur un pillage de l’argent public, une philosophie inepte et des procédés immoraux » : c’est qu’on n’y va pas avec le dos de la clef à molette chez les amis de « Pièces et main d’œuvre ».
 « La recherche développement » peut être une manne pour les financiers quand le devenir des aides n’est pas suivi. C’est clair à travers l’explication de la stratégie de Raise Partner: cette startup permettant d’optimiser les placements boursiers à l’intérieur de laquelle était impliqué le nouveau maire de Grenoble comme le Postillon le révéla http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/06/le-postillon-ete-2014.html . Où l’on peut apprendre aussi que Pierre Gattaz n’a rien à voir avec l’enracinement isérois de son père Yvon qui créa  l’entreprise Raddiall devenue depuis très branchée sécurité.
« Cette année là, au cours d’une compétition officielle ayant lieu tous les six ans, une équipe d’outsiders de gauche menée par un capitaine charismatique fracasse les tenants du titre. Une victoire historique, un match qui marqua son époque. La recette de ce succès inattendu ? Des candidats issus en partie du monde associatif et de la société civile, un futur maire dynamique à l’image «  efficace »un programme faisant la part belle au « local », à la démocratie participative et au renouvellement de l’action publique… sans parler d’un contexte électoral favorable : gauche traditionnelle déboussolée, droite à la ramasse et un taux d’abstention élevé comme toujours. »
Il s’agit de l’année 1965, quand Dubedout fut élu, en habile introduction à un article intitulé « Piolle, jusqu’audubedoutiste ? » argumenté et vigilant quant aux injonctions participatives de la nouvelle municipalité.
La rencontre avec un contrôleur de la SEMITAG, un compte rendu d’audience au tribunal, un petit tour à l’Ile d’amour ou le récit d’un duel à l’épée entre journalistes du Petit dauphinois et celui du réveil du Dauphiné en 1887, sont vraiment à leur place dans ces pages apportant un regard sans concession sur notre biotope. 
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 Dans le "Canard" de cette semaine:

jeudi 9 octobre 2014

How much can you carry ? Floriane de Lassée.

Pour avoir, avec mes compagnons de voyage, croisé depuis nos 4X4 ces marcheuses du bord des routes d’Afrique ou d’Asie aux invraisemblables chargements, je viens de recevoir ce livre de 95 pages sous titré : « le poids de la vie ».  
Dans un dispositif  de photographe des temps anciens, la photographe au joli nom a  transcendé la peine, la pesanteur, sans tomber dans l’onirisme en faisant poser ses modèles devant des toiles tendues dont la texture est bien visible et les a fait jouer avec leurs chargements qui prennent des dimensions ludiques, poétiques, complices.
La métaphysique passe ici au delà de l’anthropologie, la créativité dépasse le témoignage. Sous une couverture toilée, la beauté rejoint la douce fantaisie, les visages graves voisinent avec des timidités et des fous rires.
Dans la diversité des propositions, difficile de choisir une image pour illustrer cet article, entre des éthiopiens aux caisses de plastique, des népalais portant leur famille au pied de poteaux de basket, des boliviens ou des japonais, des indiens ou des brésiliens, révélés par un regard original sans apprêt.

mercredi 8 octobre 2014

Iran 2014. J3 au matin. Persépolis.

Il faut partir  de Shiraz tôt ce matin et exceptionnellement le restaurant ouvre ses portes à 7h.
Nous sommes les seuls clients.
Au check point à la sortie de la ville, M. Ali, notre chauffeur, doit enfiler un pull sans manche ornementé d’épaulettes dignes d’un commandant.
Durant le trajet sur une autoroute bien chaussée, nous en apprenons un peu plus sur le pays dont la silhouette a une forme de chat assis. Sur la carte figurent la route de la soie, celle de Marco Polo, le trajet des Moghols… A l’Est l’on parle le turc, la région du Sud est riche en pétrole, dans le Sud Est une partie de la population vit du trafic de drogue.
Nous arrivons à Persépolis dont la construction remonte à 500 ans avant JC.
Sous les ordres de Darius  la cité a été édifiée par des ouvriers  venus de toutes les satrapies de l’empire. Elle fut détruite par Alexandre le Grand en 331 av JC.
Vers 9h, le soleil chauffe déjà fort, le parking immense n’offre aucune possibilité d’ombre. Munis de bouteilles d’eau, nous nous lançons dans la visite n’apercevant d’abord que les colonnes qui dépassent et le grand escalier qui y mène.
La grande « porte des nations » en impose et annonce d’entrée les particularités de ce site patrimoine de l’UNESCO où le shah Mohammad Reza Pahlavi donna de somptueuses fêtes en 71, ce fut son chant du cygne.
La porte des nations était un passage obligé des délégations venues faire allégeance chaque année au roi  Darius, il reste deux énormes colonnes avec des sculptures de taureaux ailés à tête humaine ; l’apadana (salle d’audience) le palais de Darius, de Xerxès, le palais des 100 colonnes, un harem et une banque composaient le lieu.
Des bas reliefs magnifiques représentent des combats de lions et de taureaux, les différents peuples reconnaissables à leurs tenues vestimentaires, robes courtes ou longues, couvre-chefs, cadeaux apportés au roi…
D’énormes têtes doubles de taureaux ou griffons s’accrochent au haut des colonnes ou sont tombées au sol exposées derrière des vitres protectrices.
Pour avoir une vision globale, nous grimpons au tombeau d’Arta Xerxès avant de reprendre le véhicule à moteur. Nous croisons un couple de vieux espagnols qui nous parlent en français de… La Mure.

mardi 7 octobre 2014

La revue dessinée. Automne 2014.

La revue pédagogique, 226 pages pour 15€, peut être aussi poétique et drôle. 
Mais son apport  lié à l’actualité qui dure est d’offrir un angle nouveau  aux informations.
Si le résultat du référendum en Ecosse désormais connu modifie notre lecture de l’histoire du « Yes », le reportage est très intéressant 
comme celui consacré au juge Renaud dont le meurtre reste impuni. Cette enquête de Benoit Colombat et Etienne Davodeau nous rappelle que dans les années Giscard (75) la république n’était  vraiment pas mieux avant : mafia et politiques pour le financement des partis, SAC… 
Les dessins remettant Pierre Etaix dans la lumière ont beau être séduisants, je n’ai pas été convaincu, pas plus que mon inculture économique n’a pu être surmontée par des pages bien ficelées concernant les emprunts toxiques qui ont fait des ravages dans les collectivités locales. 
Je me suis régalé par contre avec le décryptage de la photo de l’homme seul face aux chars de Tien An Men ou d’une scène du film de Fritz Lang « Le cabinet du Dr Caligari ». Les rubriques régulières sont utiles avec
la découverte d’un artiste de face B : Daniel Johnson,
la rencontre avec des « ouvriers prêtés » qui vivent la semaine loin de leur foyer et vont faire l’appoint dans d’autres usines du groupe où ils sont embauchés,
l’histoire de l’informatique,
un sport peu pratiqué : la natation synchronisée,
la xyloglossie : la langue de bois, très pratiquée.

lundi 6 octobre 2014

Shining. Stanley Kubrick.

Dès le générique aux accents d’un Dies Irae, nous allons vers les sommets.
Il m’a pourtant fallu des stratégies Hitchcockiennes et une mauvaise foi inattaquable même par une quelconque tronçonneuse pour que l’on m’accompagne vers ce monument de l’horreur, où Nicholson est ébouriffant.
Tout est clean dans l’hôtel  isolé dont la démesure va perdre le couple avec enfant qui doit garder le bâtiment pendant la période hivernale.
Nous sommes pris dans le labyrinthe du récit du réalisateur qui a embrassé tous les genres et à chaque fois produit un film qui a fait date.
Celui là est de 1980 et des interprétations concernant l’holocauste, le génocide des indiens ou les premiers pas de l’homme sur la lune ont été avancées, pourtant en tant que film de fantômes, nous pouvons l’aimer.
 « Shining est un film optimiste. C'est une histoire de fantômes. Tout ce qu'il dit c'est qu'il y a une vie après la mort, c'est optimiste »
Même si l’unique phrase réitérée de l’écrivain  à la hache frappant par ailleurs sur sa machine à écrire dans une salle trop vaste :
« All work and no play makes Jack a dull boy ».
« Beaucoup de travail et pas de loisir font de Jack un triste sir »
est traduite en « un tien vaut mieux que deux tu l’auras » assez éloigné de l’original.
Nous sommes derrière le vélo de Danny le petit garçon médium qui parcourt les couloirs frénétiquement et Jack qui apparait derrière la porte fracassée peut fournir le poster de nos nuits quand nos yeux sont écarquillés.

dimanche 5 octobre 2014

Les Boréades. Rameau.

Cette tragédie lyrique, œuvre posthume, attendit deux siècles pour être représentée.
Au départ opéra-ballet, cette fois sans ballet, pourtant la grâce et l’élégance sont bien là dans la musique dirigée par un Minkowski emballant qui mouille la chemise.
Sous le titre « Rameau le révolutionnaire » nous avons bien perçu que la liberté est appelée, les Dieux défiés, les ruisseaux s’apprêtent à déborder. 
Et si le profane ne sait reconnaître les innovations apportées par celui qui contesta la suprématie italienne dans les œuvres lyriques, nous pouvons percevoir la complexité des compositions et notre plaisir est bien présent quand tant de gravité est tellement théâtrale mêlée à une légèreté si nécessaire.
Borée (comme les aurores boréales), dieu des Vents du Nord, ne pourra caser ses fils auprès de la reine qui choisit l’amour d’un mortel… enfin pas si mortel que ça quand même.
« Un empire ou des fers, ton sort est à ton choix. »
A lire le livret, les personnages vivent des tourments compliqués, mais nous sommes au pays des Dieux et les amours quoique changeants sont absolus, ici règnent hymen, Zéphirs et transports peu communs.
 « Je vais fléchir un dieu sévère, il faut que ce jour éclaire mon triomphe ou mon trépas. »
En 1764 « Ainsi, le jour-même de sa mort, se voyant administrer l'extrême-onction, il n'aurait rien trouvé de plus grave à dire au prêtre que de le prier de ne point chanter si faux... »
Wikipédia à la page Rameau.

samedi 4 octobre 2014

Football. Citrus.

240 pages élégantes alternant textes courts et récits en images aux styles divers, renouvellent les regards sur le football qui a toujours à se justifier d’être aussi populaire.
Une journaliste brésilienne conclut son article :
« Je déteste que le Brésil accueille la coupe du monde 2014. Et j’adore aussi qu’il le fasse. »
Les aspects économiques, sociologiques, géopolitiques, historiques, sont abordés à travers des récits où les talents individuels rencontrent les passions des autres.
Il est question de sifflets lors de France Algérie en 2002, de corps nus sous la douche, du joueur colombien assassiné après avoir marqué contre son camp en 94, des arbitres comme acteurs, de Big Mal entraineur légendaire,  et d’un Kévin de Denain qui fit son voyage de noces en scooter jusqu’à Geoffroy Guichard mais arriva trop tard pour le match contre Esbjerg perdu 1 à 0, fin août 2013. Sa Mélissa a pris quand même une photo avec l’équipe et Galtier l’entraineur leur a souhaité de longues années de bonheur.
Il est question d’aérodynamique pour un coup franc de Roberto Carlos, différent des frappes flottantes de Ronaldo, et de musique : «  we are the champions ».
Un remplaçant songe sur le banc, et Raï réalise ses rêves en consacrant sa vie aux enfants. Les supporters en Egypte ont joué un rôle important lors des soulèvements contre Moubarak. Les filles jouent à Berlin et une autre raconte sa vie depuis que Dieu a aidé Maradona de sa main. Avec de très beaux dessins, nous faisons connaissance d’un épicier originaire du Maroc  installé aux Lilas, admirateur de Ben Barek, dont Pelé avait dit : « si je suis le roi, lui est le Dieu ». Le père de famille n’a pas été un champion, il entraine les moins de 13 ans, mais il ne mourra pas seul comme celui qui connut tant de gloire.  
Histoire : Mussolini et sa coupe du monde en 34, un match de la mort en 42 en Russie, en 44 les images de foot sont trompeuses dans le camp de Terzin. Il y eut la guerre entre le Honduras et le Salvador en 69, et L’URSS perdit son match contre le Chili dans le stade de sinistre mémoire car ils ne s’étaient pas présentés. Le match Dynamo de Zagreb contre Etoile rouge de Belgrade en 90 a eu plus de répercutions que la défaite magnifique de Séville en 82.  Et le souvenir de l’accident d’avion qui fit disparaitre l’équipe du Torino reste vivace malgré tant d’années passées depuis 49.
Le foot c’est du souvenir, de l’enfance et des voyages aussi : des cours de récré au Pérou, aux travées du vélodrome ou sur les terrains de fortune au Sénégal.
Dans les ateliers du Bengladesh, il s’agit alors de géopolitique.
L’ONU reconnait 194 états, la FIFA 209 sélections nationales.