Perles :
Nos boites mails aiment bien les perles d’élèves, mais les
profs en exercice goûtent modérément les contre-sens, les incongruités des
jeunes qu’ils ont à enseigner.
Alors quand dans ses piles de copies ma prof extrait un
devoir remarquable par son expression, sa finesse, son savoir : c’est un
moment précieux, mais destiné à être tenu caché.
Elle se demande si ce ne serait pas desservir l’auteur de
ses lignes devant sa classe à qui ne sont pas épargnées pourtant les
récriminations quant aux incivilités de quelques uns, ni les grossièretés
d’autres, participant à une atmosphère où il vaut mieux cultiver
l’indifférence, le mépris que l’exigence. L’excellence se doit d’être discrète
dans un établissement où demander à un élève de ramasser un papier frôle la
maltraitance.
Les Star Academy, les agences de notation ne cessent
d’imposer leur loi, les classements abandonnés depuis longtemps à l’école
fleurissent dans les hebdomadaires qui daubent par ailleurs sur les notes à
l’école.
Taf :
Sur une radio où « Les grandes gueules » sont une
image de marque, un conducteur de chantier intervenait au téléphone :
« Quand je suis
au taf, je regarde pas les gonzesses » à propos de François et sa
Julie.
Je ne pouvais qu’approuver car il se faisait visiblement une
haute idée de la fonction présidentielle.
Sur ce coup le maçon est plus respectable que le Vespasien.
Besogneux :
Le mot « travail » fut inscrit au dos de pièces
qui n’ont plus court depuis longtemps et la réhabilitation des métiers n’a pas été
favorisée par l’Exorbité à la barbe de trois jours, pourtant je frise
l’aventure, si de surcroit, je qualifie la besogne de « bien faite ».
Alors que ceux qui ont un job sont souvent en mode stress, la
conscience professionnelle pourrait devenir un sujet pour musée du folklorique,
tant elle se dissimule et se fait rare.
Lorsque dans une conversation le sujet arrive sur ceux qui
rénovent les façades, les plombiers, les profs, les policiers, les femmes de
ménage, les aides soignantes, les dentistes, les cuisiniers, les employés de
mairie, de la poste … les footballeurs,
le robinet à bile s’ouvre en grand, et les politiciens !
Désormais au pays où le ministre du budget planquait son
pognon en Suisse, il vaut mieux se la jouer détaché des contraintes de sa tâche
que de laborieusement, servilement se mettre au service de ses administrés, de
ses clients. Et se payer un coach pour méditer.
Nous avons tellement perdu le sens des valeurs et du prix de
notre liberté que nous aurons vite oublié que des personnes avaient envie de
l’Europe depuis l’Ukraine.
Cette liberté dans laquelle nous baignons, nous ne la voyons
plus, nous ne savons plus en user quand d’autres aspirent à y accéder, à en
mourir.