Voltaire en 1745 dénonçait le délabrement du Louvre.
« Louvre, palais
pompeux dont la France s'honore,
Sois digne de Louis,
ton maître et ton appui
Sors de l'état honteux
où l'univers t'abhorre
Et dans tout ton éclat
montre-toi : comme lui »
Sous Louis XV des édifices accolés au palais et à ses ailes
sont démolis.
Louis XVI et
Marie Antoinette reviennent prendre
place dans leur cage dorée en septembre 1789 ; au cœur de la ville pourront-ils
mieux comprendre la vie de leurs sujets qu’à Versailles ? Le palais est
remeublé et l’assemblée nationale investit la salle du manège.
En août 1792 l’assaut
du Palais des Tuileries marque la fin du règne monarchique.
La Convention s’y
installe. Un hémicycle et des tribunes pouvant recevoir 1800 spectateurs sont
installés dans l’ancienne « salle des machines ». La décoration est
sobre.
Une première exposition de l’académie royale de peinture avait
eu lieu dans les appartements occupés
par Anne d’Autriche et la galerie du bord de l’eau préfigurait un musée. Dans
le salon carré sont présentés jusqu’au haut plafond des œuvres destinées à
présent à un public plus large pour redonner vigueur à un « grand
genre » qui n’est plus enseigné.
Dans l’encyclopédie parait un plaidoyer pour que le palais
multiséculaire devienne un musée.
En attendant Rubens peut être vu au palais du Luxembourg.
En 1792, le musée est
opérationnel, les collections sont élargies avec des biens saisis du clergé et
des émigrés.
La voûte de la Grande galerie est percée pour un éclairage
zénithal.
Le produit des conquêtes napoléoniennes amènent de nombreuses œuvres installées par
Vivant Denon. Le buste de l'Empereur
sera en bonne place après un bonnet phrygien qui surmontait la coupole.
L'Arc de Triomphe du Carrousel est édifié avec à son sommet
les chevaux de la basilique Saint-Marc de Venise, qui seront restitués en 1815.
Balzac dans La cousine Bette : « L’existence du
pâté de maisons qui se trouvent le long du vieux Louvre est une de ces
protestations que les Français aiment à faire contre le bon sens, pour que
l’Europe se rassure sur la dose d’esprit qu’on leur accorde et ne les craigne
plus… Voici bientôt quarante ans que le Louvre crie par toutes les gueules de
ces murs éventrés, de ces fenêtres béantes : "Extirpez ces verrues de
ma face !" On a sans doute reconnu l’utilité de ce coupe-gorge, et la
nécessité de symboliser au cœur de Paris l’alliance intime de la misère et de
la splendeur qui caractérise la reine des capitales. »
Après bien des aléas Napoléon
III bouclera le « Grand Dessein », celui d’Henri IV, avec des
guichets portes d’entrée d’un très vaste espace dévolu désormais à l’art.
En 1871, un incendie allumé par les communards consumera la
Palais de Tuileries.
Edouard Balladur aura beau retarder l’échéance, les derniers
occupants du ministère des finances déménagent à Bercy en 1989.
François Mitterrand
a voulu le grand Louvre qui s’ouvre à 10 millions de visiteurs annuels sous la
pyramide de Peï que le conférencier Fabrice Conan n’apprécie guère pas plus
qu’il ne voit d’un bon œil les décentralisations du Louvre à Metz et Lens.
Je suis au contraire content que l’histoire ne se fige pas,
que les œuvres voyagent. Nous irons à Paris, mais Delacroix chez les cht’is ça
me convient, n’en déplaise aux enfants d’Edouard.