Le musée de Grenoble présente six toiles impressionnistes avec une mise en perspective pédagogique et attractive. Les cadres tarabiscotés qui cernent les œuvres nous rappellent l’époque où les toiles ont été exposées, il y a longtemps. Ce style de peinture serait-il devenu banal ? Il est bon de revoir et de découvrir encore ces tableaux. Avec ces tranches de lumière, les reproductions les plus fidèles, les numérisations les plus précises, ne valent pas la vision des touches pour de vrai.
Le jardin de Renoir a ses fleurs qui bouillonnent dans la lumière.
Monet, le peintre du temps qu’il fait et du temps qui passe, sort son chevalet pour saisir le froid de la Seine dans les glaces en débâcle.
Degas, le dessinateur des intérieurs, des légèretés superbement cadrées, nous livre une vue d’atelier mélancolique avec une poupée inerte dans le coin avec un de ses amis Henri Michel Levy.
Pissaro nous donne l’idée d’un siècle où les ombres d’un soleil d’hiver sont bleues. La route de Louvecienne n’était pas encombrée.
Manet peint un enfant accoudé à une murette, les mains dans les cerises, cet enfant qui travaillait à l’atelier du maître s’est pendu.
Van Gogh, peintre de nuit, le plus japonais des hollandais vivant à Arles conclut le circuit, il n’aurait pas été lui-même sans les autres.
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Je reprends mes articles sur mon blog, samedi 22 mai. J’ai le privilège de pouvoir m'abreuver de cinéma tous ces jours qui viennent dans les salles de la banlieue de Cannes. Merci à ma logeuse.
jeudi 13 mai 2010
mercredi 12 mai 2010
J 32. Le lac de Tonle Sap
Il n’y a pas grand monde ce matin au petit déjeuner. Le garçon, Pala, s’exerce à la langue française, il a acquis quelques formules de politesse.
Sothy nous offre à chacun un CD de musique khmère. Dès le départ, lui et le chauffeur accèdent à nos moindres souhaits dès que c’est possible. J’aurai mes photos de charrettes avec zébus et buffles. Aujourd'hui nous partons pour 60 km à l’assaut du dernier temple de notre programme : Beng Meala, qui signifie l’étang de Méléa. Il fut construit comme brouillon d’Angkor Vatt et s’est effondré assez vite pour des raisons de matériel et de malfaçons. Jean Jacques Annaud a investi le lieu pour filmer « Les deux frères » et il a eu la bonne idée de laisser des rampes d’accès, complétées plus tard par des escaliers et autres passerelles indispensables pour appréhender ce temple en ruines d’une façon originale. Beaucoup de charme se dégage de ce chaos impressionnant de rocs moussus et verdissants entourés de quelques pans retenus par des racines qui continuent la démolition inexorablement. Le temple semble sortir de la jungle, comme s’il venait d’être découvert malgré les passerelles et la compagnie bruyante de touristes chinois. Il subsiste même une sorte de tunnel un peu mystérieux à peine éclairé par quelques ouvertures. Nous longeons l’extérieur du temple, loin des braillards où il reste encore quelques sculptures de belles femmes debout, et croisons sur le chemin de petits écoliers, cahier et stylo dans un sac plastique, très occupés par leurs ballons de baudruche.
Nous revenons à Siem Reap pour déjeuner. Nous prenons goût au gingembre. Nous discutons brièvement avec un couple d’un âge, très soucieux, de se débrouiller seuls et hors des sentiers battus.Nous partons vers le lac de Tonle Sap dans le prolongement de la rivière pour voir ses maisons flottantes. C’est la plus grande réserve d’eau douce de l’Asie du Sud Est, pendant la mousson sa superficie est multipliée par cinq et la rivière qui l’alimente inverse son cours. Les poissons viennent se reproduire dans les forêts inondées, mais certains pêcheurs utilisent des explosifs et menacent cette réserve précieuse. Le Toyota nous conduit jusqu’à l’embarcadère où nous attend un beau bateau en bois. Les vietnamiens sont très présents dans l’élevage des poissons et les compagnies d’exploitation des bateaux sont coréennes. Le Cambodge qui n’est pas indépendant sur le plan énergétique est exploité par ses voisins, la corruption n’arrange rien. Outre les bateaux flottants et les parcs à poissons, il y a aussi une église et une école sur l’eau. Les habitations sont misérables, les enfants se baignent ou naviguent dans des bassines en métal. Quand nous arrivons au lac, le ciel et l’eau se confondent dans un même gris laiteux qui estompe la ligne d’horizon, nous sommes comme dans un tableau où seules les coques des bateaux apportent des touches de couleur. Le moteur est coupé, le bateau tangue : le moment est étrange.
Panique à bord lorsqu’une fillette brandit un serpent à un bord, et sur l’autre côté un gamin conduit par son père soulève un boa en criant « one dollar ». Il s’éloigne sans montrer de signe d’animosité, ni faire mine de nous balancer ses bestioles devant notre refus.
Nous nous arrêtons au retour sur le ponton d’une maison flottante pour voir un élevage de poissons chats et de crocodiles. Ils sont assez petits, gueule ouverte, nous les surmontons seulement de l’épaisseur d’une planche souple, très souple ! Sur la même maison, une jeune fille exhibe son boa endormi dans un panier recouvert d’un filet. Drôle d’animal de compagnie ! Un petit musée avec aquariums a recueilli quelques éléments de la faune locale et montre en maquette des techniques de pêche. Notre bateau nous ramène sur la terre ferme et à notre grande surprise, voire stupeur, une gamine nous propose des assiettes décoratives en porcelaine avec notre photo en effigie au centre. C’est un choc, surtout de voir l’aspect sévère de nos bobines !
Pour terminer la journée, Sothy propose de nous conduire aux Artisans d’Angkor. Il s’agit d’ateliers d’apprentissage des arts khmers : sculptures sur bois, sur pierre, peintures sur soie, laques. Issus du compagnonnage, des français ont aidé à retrouver les techniques et leurs savoir faire à de jeunes villageois afin que ceux-ci puissent perpétuer leur traditions. Nous pouvons, guidés par une jeune fille parlant français, circuler au milieu des apprentis qui copient des modèles anciens. Des pièces posées sur les tables ont été vérifiées par les maîtres qui ont souligné au crayon les erreurs. Elles seront corrigées demain. Un magasin expose les œuvres achevées dans un grand souci esthétique grâce à une harmonie de couleurs et des éclairages bien adaptés pour mettre les œuvres en valeur. Michèle ne peut résister à l’achat d’une « female orant » (femme en prière) tandis que Dany se contente de couverts en bois de cocotier. A peine sortis de l’auto, sur le chemin de nos chambres les premières gouttes d’orage tropical s’échappent du ciel gris qui nous a accompagnés toute la journée! Comme les autres jours, le déluge ne dure pas plus d’une heure, il nous permet de nous reposer, de lire, d’écrire…
Nous testons un nouveau restau Petit futé : Arun, pas très loin de l’hôtel sur le bord de la rivière. Les prix sont tout à fait honnêtes, les menus présentés sous forme de photos sous- titrées en français et la nourriture très satisfaisante. Comme c’est notre dernier soir nous commandons en plus un ice cream au tarot et au chocolat, et l’alcool de riz ne nous est pas pleuré. Sur le mur un escargot de la taille d’une main s’étire sur un mur. Nous sommes bien, nous rentrons à pied pour notre dernière nuit cambodgienne peuplée d’insectes plus bruyants que les autres nuits. Il me sera rappelé que ce jour là j’avais oublié mon appareil photo sous l’auvent de notre chambre. Il était bien imbibé mais se porte toujours bien : chez A2C c’était du robuste !
Sothy nous offre à chacun un CD de musique khmère. Dès le départ, lui et le chauffeur accèdent à nos moindres souhaits dès que c’est possible. J’aurai mes photos de charrettes avec zébus et buffles. Aujourd'hui nous partons pour 60 km à l’assaut du dernier temple de notre programme : Beng Meala, qui signifie l’étang de Méléa. Il fut construit comme brouillon d’Angkor Vatt et s’est effondré assez vite pour des raisons de matériel et de malfaçons. Jean Jacques Annaud a investi le lieu pour filmer « Les deux frères » et il a eu la bonne idée de laisser des rampes d’accès, complétées plus tard par des escaliers et autres passerelles indispensables pour appréhender ce temple en ruines d’une façon originale. Beaucoup de charme se dégage de ce chaos impressionnant de rocs moussus et verdissants entourés de quelques pans retenus par des racines qui continuent la démolition inexorablement. Le temple semble sortir de la jungle, comme s’il venait d’être découvert malgré les passerelles et la compagnie bruyante de touristes chinois. Il subsiste même une sorte de tunnel un peu mystérieux à peine éclairé par quelques ouvertures. Nous longeons l’extérieur du temple, loin des braillards où il reste encore quelques sculptures de belles femmes debout, et croisons sur le chemin de petits écoliers, cahier et stylo dans un sac plastique, très occupés par leurs ballons de baudruche.
Nous revenons à Siem Reap pour déjeuner. Nous prenons goût au gingembre. Nous discutons brièvement avec un couple d’un âge, très soucieux, de se débrouiller seuls et hors des sentiers battus.Nous partons vers le lac de Tonle Sap dans le prolongement de la rivière pour voir ses maisons flottantes. C’est la plus grande réserve d’eau douce de l’Asie du Sud Est, pendant la mousson sa superficie est multipliée par cinq et la rivière qui l’alimente inverse son cours. Les poissons viennent se reproduire dans les forêts inondées, mais certains pêcheurs utilisent des explosifs et menacent cette réserve précieuse. Le Toyota nous conduit jusqu’à l’embarcadère où nous attend un beau bateau en bois. Les vietnamiens sont très présents dans l’élevage des poissons et les compagnies d’exploitation des bateaux sont coréennes. Le Cambodge qui n’est pas indépendant sur le plan énergétique est exploité par ses voisins, la corruption n’arrange rien. Outre les bateaux flottants et les parcs à poissons, il y a aussi une église et une école sur l’eau. Les habitations sont misérables, les enfants se baignent ou naviguent dans des bassines en métal. Quand nous arrivons au lac, le ciel et l’eau se confondent dans un même gris laiteux qui estompe la ligne d’horizon, nous sommes comme dans un tableau où seules les coques des bateaux apportent des touches de couleur. Le moteur est coupé, le bateau tangue : le moment est étrange.
Panique à bord lorsqu’une fillette brandit un serpent à un bord, et sur l’autre côté un gamin conduit par son père soulève un boa en criant « one dollar ». Il s’éloigne sans montrer de signe d’animosité, ni faire mine de nous balancer ses bestioles devant notre refus.
Nous nous arrêtons au retour sur le ponton d’une maison flottante pour voir un élevage de poissons chats et de crocodiles. Ils sont assez petits, gueule ouverte, nous les surmontons seulement de l’épaisseur d’une planche souple, très souple ! Sur la même maison, une jeune fille exhibe son boa endormi dans un panier recouvert d’un filet. Drôle d’animal de compagnie ! Un petit musée avec aquariums a recueilli quelques éléments de la faune locale et montre en maquette des techniques de pêche. Notre bateau nous ramène sur la terre ferme et à notre grande surprise, voire stupeur, une gamine nous propose des assiettes décoratives en porcelaine avec notre photo en effigie au centre. C’est un choc, surtout de voir l’aspect sévère de nos bobines !
Pour terminer la journée, Sothy propose de nous conduire aux Artisans d’Angkor. Il s’agit d’ateliers d’apprentissage des arts khmers : sculptures sur bois, sur pierre, peintures sur soie, laques. Issus du compagnonnage, des français ont aidé à retrouver les techniques et leurs savoir faire à de jeunes villageois afin que ceux-ci puissent perpétuer leur traditions. Nous pouvons, guidés par une jeune fille parlant français, circuler au milieu des apprentis qui copient des modèles anciens. Des pièces posées sur les tables ont été vérifiées par les maîtres qui ont souligné au crayon les erreurs. Elles seront corrigées demain. Un magasin expose les œuvres achevées dans un grand souci esthétique grâce à une harmonie de couleurs et des éclairages bien adaptés pour mettre les œuvres en valeur. Michèle ne peut résister à l’achat d’une « female orant » (femme en prière) tandis que Dany se contente de couverts en bois de cocotier. A peine sortis de l’auto, sur le chemin de nos chambres les premières gouttes d’orage tropical s’échappent du ciel gris qui nous a accompagnés toute la journée! Comme les autres jours, le déluge ne dure pas plus d’une heure, il nous permet de nous reposer, de lire, d’écrire…
Nous testons un nouveau restau Petit futé : Arun, pas très loin de l’hôtel sur le bord de la rivière. Les prix sont tout à fait honnêtes, les menus présentés sous forme de photos sous- titrées en français et la nourriture très satisfaisante. Comme c’est notre dernier soir nous commandons en plus un ice cream au tarot et au chocolat, et l’alcool de riz ne nous est pas pleuré. Sur le mur un escargot de la taille d’une main s’étire sur un mur. Nous sommes bien, nous rentrons à pied pour notre dernière nuit cambodgienne peuplée d’insectes plus bruyants que les autres nuits. Il me sera rappelé que ce jour là j’avais oublié mon appareil photo sous l’auvent de notre chambre. Il était bien imbibé mais se porte toujours bien : chez A2C c’était du robuste !
mardi 11 mai 2010
La ligne de fuite. BD
Les dessins de Benjamin Flao permettent de s’interroger une fois encore sur la fin de l’existence d’Arthur Rimbaud, et cet énigmatique retrait d’un monde qu’il éclaira d’une façon fulgurante.
Les rues de Paris, les arbres du côté de Charleville, les rivages accablés de soleil d’Aden et les traversées maritimes sur des vapeurs propices aux apparitions sont l’occasion de croquis de voyage aux crayonnés vibrants, aux couleurs vivantes. Des phrases de Rimbaud élèvent le récit au-delà des anecdotes où la fiction vient au service d’une histoire bien documentée.
« Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons. »
C’est la fin du « Bateau ivre », la flache, c’est une flaque
Les rues de Paris, les arbres du côté de Charleville, les rivages accablés de soleil d’Aden et les traversées maritimes sur des vapeurs propices aux apparitions sont l’occasion de croquis de voyage aux crayonnés vibrants, aux couleurs vivantes. Des phrases de Rimbaud élèvent le récit au-delà des anecdotes où la fiction vient au service d’une histoire bien documentée.
« Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons. »
C’est la fin du « Bateau ivre », la flache, c’est une flaque
lundi 10 mai 2010
White material
Claire Denis filme l’Afrique comme je l’ai connue et aimée et comme je l’imagine aujourd’hui quand la folie est la maîtresse. Non pas l’Afrique des herbes sèches, mais celle des collines rouges où pousse le café. Cette richesse, dont on accable le continent noir comme une calamité de plus, n’est pas ce qui fascine le plus Isabelle Huppert. La maigriotte s’agite pour nier la réalité : il lui faudra partir. Les enfants soldats joueront, son enfant jouera désespérément, les installations en tôle et parpaings se consumeront, la banderole « Dieu ne baisse pas les bras »aura beau être tendue sur le fronton de l’église abandonnée, elle aura beau s’accrocher à l’échelle du taxi collectif, rien ne retardera l’échéance. « On ne possède pas la terre, encore moins la terre africaine, c’est elle qui vous possède, comme un sort… »Film tendu et fort. « L’Afrique noire est mal partie » titrait René Dumont l’agronome, c’était en 1962, c’est devenu pire !
Sur le véhicule pris en photographie au Cameroun en 1995, était écrit" la technique ne meurt jamais"
Sur le véhicule pris en photographie au Cameroun en 1995, était écrit" la technique ne meurt jamais"
dimanche 9 mai 2010
Ode maritime à la MC2.
L’acteur Jean Quartier Châtelain restitue pendant 1h50, mille vers de Pessoa.
Planté sur un ponton métallique, il nous embarque pour un voyage au-delà des mers, vers nous-même. Le dépouillement de la scène, la simplicité des mots, la puissance du comédien qui passe du plus ténu des murmures au cri, permettent de mettre en lumière les contradictions de l’être humain, sa complexité. Douceur de l’enfance, cruauté et compassion; je ne savais de Pessoa que ses multiples identités et j’ai eu le plaisir d’entrevoir pourquoi ce poète était considérable. Lui qui traine « la douceur des mœurs » sur le dos « comme un ballot de dentelles », en appelle à la piraterie, à l’inévitable bouteille de rhum quand les rêves de voyage débordent, quand la poésie ne s’attarde pas aux bastingages en bois et va faire des étincelles avec la modernité.
« Mes songes ôtent un peu leurs mains de mes yeux.
Au fond de moi il n’y a qu’un vide, un désert, une mer nocturne ».
Nul besoin d’armer une goélette pour aller vers la lucidité, des mots triés par un poète peuvent suffire.
Planté sur un ponton métallique, il nous embarque pour un voyage au-delà des mers, vers nous-même. Le dépouillement de la scène, la simplicité des mots, la puissance du comédien qui passe du plus ténu des murmures au cri, permettent de mettre en lumière les contradictions de l’être humain, sa complexité. Douceur de l’enfance, cruauté et compassion; je ne savais de Pessoa que ses multiples identités et j’ai eu le plaisir d’entrevoir pourquoi ce poète était considérable. Lui qui traine « la douceur des mœurs » sur le dos « comme un ballot de dentelles », en appelle à la piraterie, à l’inévitable bouteille de rhum quand les rêves de voyage débordent, quand la poésie ne s’attarde pas aux bastingages en bois et va faire des étincelles avec la modernité.
« Mes songes ôtent un peu leurs mains de mes yeux.
Au fond de moi il n’y a qu’un vide, un désert, une mer nocturne ».
Nul besoin d’armer une goélette pour aller vers la lucidité, des mots triés par un poète peuvent suffire.
samedi 8 mai 2010
Théâtre des rêves
Casse sociale, désastre écologique, écroulement financier : l’ordinaire des informations.
Auxquels se sont ajoutées à mes yeux, la désertion culturelle et la démission pédagogique lors d’un reportage sur un voyage en Angleterre d’un groupe de collégiens. C’était après la séquence, excellente au demeurant, sur France 2, « Mon œil », le samedi à 13h 15.
En introduction les professeurs protestent, comme on leur a suggéré, contre l’image de distraction qui est accolée aux sorties scolaires, mais ils vont s’appliquer à confirmer ce lieu commun et au-delà ! Je n’ai pu regarder jusqu’au bout ce naufrage des adultes qui non seulement refusent d’enseigner mais sont complices du mépris portés aux adolescents filmés entre « A nous les petits anglais ! » et concours de pets. Une jeune regrette que sa famille d’accueil ne parle pas français ! Un professeur s’initie à la console alors que d’autres dansent dans le car sur une chorégraphie transmise par les élèves. Dire que d’autres profs demandent aux jeunes qui leur sont confiés de mettre leurs ceintures de sécurité ; des ringards sûrement, comme tous ceux qui sont si loin de l’âge de leurs élèves ! Cette fraîcheur des débutants s’évente vite sous l’abandon démagogique.
Je fréquente volontiers tous les « Garden of dreams », les « parcs des princes » et autres « théâtres des rêves » et je serai volontiers allé au stade de Manchester avec des élèves, mais quand Old Trafford devient le but ultime du séjour, mes bras de manchot m’en tombent, surtout quand le commentateur aquige : « ce n’est plus le temps où l’on emmenait les élèves dans des chapelles poussiéreuses… » Un élève se signe, comme il l’a vu dans le seul lieu où se vénère encore un dieu. Si certains entrent sur la pelouse avec le pied gauche, je crois que de mon côté, que je vais rentrer dans les ordres.
L’OM enfin champion, la joie des supporters m’émeut.
Ce parcours est victorieux car l’équipe a gagné même quand elle n’était pas bonne et les défaillances de ses adversaires bordelais et lyonnais ont été spectaculaires et subites. Sarko du Paris Neuilly connaît en ce moment des coups de mou, l’Olympique de Martine sera-t-il en tête en fin de saison en 2012 ?
« You'll never walk alone » ça c’est le chant de Liverpool.
Lundi , 10 mai, l’association G.E.ST.E. ( Gauche Ensemble Saint Egrève) se réunit salle polyvalente de Fiancey à 20h 30.
Auxquels se sont ajoutées à mes yeux, la désertion culturelle et la démission pédagogique lors d’un reportage sur un voyage en Angleterre d’un groupe de collégiens. C’était après la séquence, excellente au demeurant, sur France 2, « Mon œil », le samedi à 13h 15.
En introduction les professeurs protestent, comme on leur a suggéré, contre l’image de distraction qui est accolée aux sorties scolaires, mais ils vont s’appliquer à confirmer ce lieu commun et au-delà ! Je n’ai pu regarder jusqu’au bout ce naufrage des adultes qui non seulement refusent d’enseigner mais sont complices du mépris portés aux adolescents filmés entre « A nous les petits anglais ! » et concours de pets. Une jeune regrette que sa famille d’accueil ne parle pas français ! Un professeur s’initie à la console alors que d’autres dansent dans le car sur une chorégraphie transmise par les élèves. Dire que d’autres profs demandent aux jeunes qui leur sont confiés de mettre leurs ceintures de sécurité ; des ringards sûrement, comme tous ceux qui sont si loin de l’âge de leurs élèves ! Cette fraîcheur des débutants s’évente vite sous l’abandon démagogique.
Je fréquente volontiers tous les « Garden of dreams », les « parcs des princes » et autres « théâtres des rêves » et je serai volontiers allé au stade de Manchester avec des élèves, mais quand Old Trafford devient le but ultime du séjour, mes bras de manchot m’en tombent, surtout quand le commentateur aquige : « ce n’est plus le temps où l’on emmenait les élèves dans des chapelles poussiéreuses… » Un élève se signe, comme il l’a vu dans le seul lieu où se vénère encore un dieu. Si certains entrent sur la pelouse avec le pied gauche, je crois que de mon côté, que je vais rentrer dans les ordres.
L’OM enfin champion, la joie des supporters m’émeut.
Ce parcours est victorieux car l’équipe a gagné même quand elle n’était pas bonne et les défaillances de ses adversaires bordelais et lyonnais ont été spectaculaires et subites. Sarko du Paris Neuilly connaît en ce moment des coups de mou, l’Olympique de Martine sera-t-il en tête en fin de saison en 2012 ?
« You'll never walk alone » ça c’est le chant de Liverpool.
Lundi , 10 mai, l’association G.E.ST.E. ( Gauche Ensemble Saint Egrève) se réunit salle polyvalente de Fiancey à 20h 30.
vendredi 7 mai 2010
Dégagements
Lire Régis Debray, c’est soulever le couvercle du quotidien et se nourrir de mots grandioses et vivants, d’une musique qui rattache à l’histoire, du temps où elle fréquentait des routes escarpées. En cette dernière livraison qui regroupe quelques chroniques de sa revue Médium, c’est le vieux sautillant qui séduit et fait oublier les reproches qui lui sont adressés de « ronchon ». Avec un vieux comme lui, c’est du Viagra intellectuel. Et quand il rappelle l’Indochine, Suez, l’Algérie, le Viet Nam au moment où les belles consciences adhèrent à l’occupation de l’Afghanistan, il emporte l’adhésion. Les leçons du passé ne sont pas retenues, et même si se plaindre du présent est une occupation qui dure depuis 3000 ans, la modernité voit une recrudescence d’archaïsmes. Il rend léger les grands mots et rend sérieux, le léger. Sans que ce soit une posture, il est bien souvent à contre courant quand il dit avoir apprécié la cérémonie d’ouverture des J.O de Pékin, et s’il dit lui que l’engagement est surtout une façon de se tenir chaud, on le croit. Lorsqu’il trouve la formule : « le découronnement de l’avenir », je la note dans un coin pour la retenir. Je voulais disposer ici quelques uns de ces bonheurs d’écriture mais le mieux c’est de se procurer les 280 pages en papier ou alors juste une petite phrase : « Le frisson d’imminence n’est plus la grève générale insurrectionnelle, mais la montée des eaux de la mer ». Je m’autorise cet exercice d’admiration sans retenue, qu’il exerce lui avec finesse aussi bien pour Gracq que pour Loach, pas vraiment pour Michaël Jackson ni pour Levis Strauss pour lequel il remet les pendules à l’heure. « Il faut être hypocrite avec les morts. Cela leur fait du bien, et à nous, du même coup, qui respirons encore mieux en admirant qu’en vérifiant »
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