vendredi 20 avril 2018

La loi.


Ceux qui avaient cru entendre l’appel au djihad d’un Dieu sanguinaire préféreraient, après tout, les rigueurs d’un état républicain. Quitte par ailleurs à bafouer la laïcité au nom de la laïcité. 
C’est une des forces de notre démocratie de permettre ces contradictions, ce qui ne dispense pas de désapprouver les individus qui prennent Marianne pour une trop bonne fille.
Des avocats sont venus apporter des arguments légalistes aux occupants illégaux de Notre Dame des Landes auprès de laquelle quelques dévots se prosternent : universitaires en mal de cabanes dans les arbres, architectes des zones humides et chroniqueurs qui en une phrase regroupent kurdes et bloqueurs d’amphi masqués, voire des sélectionnés hurlant contre la sélection.
L’hiver a été long, mai approche, la fontaine de jouvence éclabousse !
Il semble que notre époque soit bien trop complexe pour quelques distingués ayant la chance de s’exprimer dans le journal  « Le Monde ». Ils osent mettre la démocratie française au niveau d’une quelconque dictature et ces maîtres de conférence sèment le doute sur leur capacité à transmettre le goût de la nuance.
Les squatteurs de l’Ouest, apprentis paysans, eux n’encombreront pas les travées universitaires… quoique !
Et leurs soutiens, amateurs d’interdits, défenseurs d’occupations arbitraires, cautionnent des pratiques dignes du libéralisme le plus sauvage.
Alors que satisfaction a été donnée aux opposants à l’aéroport, leurs violences sont mises sur le compte de Bernard Arnaud et de Macron, Emmanuel Macron !
Pourtant toutes ces belles âmes à la moralité variable apprécient sûrement les sermons qui, à longueur de journées, visent à nous dissuader de manger du pain (gluten), de boire du vin (lobby des viticulteurs) et même de l’eau (bouteilles en plastoc), balisant nos vies de panneaux d’interdictions et d’avertissements.
Ce sont les mêmes qui s’extasient sur l’audace de ne pas mettre une cravate et trouver que c’est le summum du journalisme de ne pas écouter les réponses aux questions que le grossier Jean-Jacques Bourdin, Jean-Jacques Bourdin( !), vient lui même de poser. Ces parangons de vertu cathodiques peuvent-ils concevoir qu’ils ont devoir d’exemplarité et qu’une once de politesse ne nuirait pas à la crédibilité de leurs diatribes ?  Ils propagent l’hystérie et l’intolérance qui nourrissent les réseaux sociaux et au delà. Le prêcheur médiapartitif ne serait-il que le produit d’un système médiatique dopé au buzz, à la punch line, aux petits mots ?
Ils n’aiment pas la verticalité quand ce ne sont pas eux qui énoncent ; ils interrompent sans ménagement tout interlocuteur.
Eh bien moi, qui me sens toujours désigné par le terme « enseignant », utilisé souvent négativement dans les conversations par d’autres distributeurs de leçons, je poursuis le job. Bien que notre magistère ait tellement régressé, il n’y a pas de raison que seuls les humoristes donnent le ton. Professeurs et défunts instituteurs, tuteurs instituants, sont plus légitimes que certains parents qui aimeraient faire la loi. Mais s’il faut le rappeler c’est qu’il est tard.
Alors qu’on prête un libre arbitre à des bébés à peine descendus de la matrice, je me sens habilité, depuis l’autre extrémité de la vie, d’avoir un avis qui échappe à quelques conformismes. Ainsi pour ce qui sera de la citation que j’ai coutume de placer à la fin de mes écrits du vendredi, après m’être demandé qui m’avait mis en tête que Pierre Loti était ringard, je recopie cette phrase subtile, délicate, chantournée, à la ponctuation pourtant bizarre:
« C’est avec une sorte de crainte que je touche à l’énigme de mes impressions du commencement de la vie, - incertain si bien réellement je les éprouvais moi-même ou si plutôt elles n’étaient pas des ressouvenirs mystérieusement transmis… J’ai comme une hésitation religieuse à sonder cet abîme…»
…………………….
Le dessin de « Courrier international » :

1 commentaire:

  1. C'est touchant, la citation de Loti à la fin.
    J'avance lentement mais sûrement dans "Docteur Jivago" de Pasternak, et j'invite tous ceux qui pensent que l'ouverture de la gauche socialisant va nous sauver à lire Pasternak pour avoir un peu de recul sur cette question. Là, aussi, il y a de beaux portraits d'hommes ambitieux, moins ambitieux, gens du peuple, et une tentative de fixer ce que devient l'Homme dans tant de tourmente révolutionnaire où Il est pris dans un étau.

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