L’évocation d’Alessandro Farnese (portrait de Raphaël)
élu pape en 1534 sous le nom de Paul III clôt devant les amis du musée de
Grenoble, le cycle de conférences consacrées aux « fastes et splendeurs de
Rome sous les papes de la Renaissance ».
Né à Rome en 1458, il est issu d’une grande famille
italienne aux armoiries ornées d’iris - à ne pas confondre avec les lys
royaux français - alors que du côté maternel un pape avait déjà été donné à la
chrétienté, Boniface VIII.
Il reçoit une solide éducation grecque, latine, italienne, à
Rome et à Florence où il se lie avec les Médicis et le futur pape Léon X. Dès
ses 25 ans, nommé par Alexandre VI, il revêt la pourpre cardinalice pour 40
ans.
Il fut surnommé, « il cardinale della Gonnella (jupon)»
pour cette consécration précoce due aux charmes de sa sœur, La
dame à la licorne, maîtresse du pape régnant de la famille Borgia.
Il a attendu son heure pour être plébiscité par le Saint Collège,
parvenant à s’allier avec les familles hostiles entre elles. Sa générosité
permise par des revenus opulents lui vaut le respect des artistes et du peuple
romain qui va fêter un des siens accédant au pouvoir.
Avec sa maîtresse Sylvia Ruffini, il eut quatre enfants, qu’il
n’était même pas utile de désigner comme « neveux », imposant son
aîné dans un duché créé à son intention à Parme et Plaisance où celui-ci sera
assassiné. Paul III pose avec ses petits fils pour Titien.
Dans un autre portrait, le vénitien avait bien
saisi l’acuité du regard de l’individu qui n’avait pas disparu derrière sa
fonction.
Face aux protestants, la compagnie de Jésus (Jésuites)
fondée par Saint Ignace de Loyola, approuvée et soutenue par Paul III, constituera
un efficace bras armé.
Le concile, convoqué dès le début du pontificat en 1536 à
Mantoue, puis à Vicence commencera en 1545 à Trente et se terminera
près de 20 ans après ; il dictera ses recommandations pour quatre siècles.
Sebastiano
Ricci en donne une vision étrange.
Des médailles satiriques distribuées en
Allemagne témoignent de la vigueur des affrontements entre réforme et contre
réforme : le pape est le diable et un cardinal un bouffon.
C’est Pie IV qui clôturera les débats en 1563 confirmant la
doctrine du péché originel, les sept sacrements, le culte des saints et de la
vierge et l’importance des reliques. Paolo Farinati, La clôture du Concile de Trente.
Le tombeau de Paul III , mort en 1549 à 81 ans, comporte les
statues de La prudence qui a les traits de sa mère et de La justice ceux de sa
belle et scandaleuse sœur.
Il est à la place d’honneur dans la basilique dont il avait supervisé La
construction.
Il avait inauguré Le jugement dernier de Michel Ange
qui occupe sur 13 m
X 16 m,
le mur d’autel de la chapelle sixtine.
Les quatre cents personnages y figurant nus, ont scandalisé la
Curie. Si Daniele da Voltera, « il braghettone » ( porteur de
culotte), a dû apposer des repentirs de pudeur, l’œuvre a été conservée grâce à
ce pape humaniste auquel succèdera l’inflexible Paul IV.
Il a collectionné lui
aussi des « antiques », cet Hercule est au musée archéologique
de Naples alors que de nombreux tableaux de la collection Farnèse sont exposés
au Musée de Capo di Monte toujours à Naples.
Le palais Farnèse dont le chantier a duré 75 ans, deviendra
ambassade de France.
Le bureau de l’ambassadeur est installé dans la vaste «
salle des fastes farnésiens », célébrant condottieres et pape.
Il a fait aménager la chapelle Paolina où Michel Ange a peint ses ultimes fresques
de Saint Pierre
et Saint Paul, anciennement
Saul persécuteur de chrétiens, dont la restauration révèle des couleurs
maniéristes où le rouge hésite entre rose et violet.
La Villa Farnèse de Caprarola à côté de Viterbe dans
le Latium
a des allures de palais, vu de l’extérieur par
Caspar
van Wittel dont Canaletto
s’est inspiré
ou de l’intérieur par Hubert Robert qui a peint L’escalier monumental.
Le cardinal paradoxal aimant le luxe, la chasse, les
divertissements, d’un népotisme éhonté, fut un pape de conviction qui redonna
vigueur à l’église catholique. Il avait condamné l’esclavage des indiens bien
avant la controverse de Valladolid.
« Quelle
profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Ses
décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! » Saint
Paul : Épître aux Romains
C'est lui, en bas, en cardinal, ou un autre ?
RépondreSupprimerJe connais le tableau, il me semble, il est de Raphaël ?
Merci des éclaircissements, Guy.
Un grand homme. Très complet...bon pape, bon père ?, bon amant, bon compagnon ?.... à défaut de bon mari. On ne peut pas tout avoir, quand même, sinon ce ne serait pas la Terre, ce serait le Paradis.
Oui Raphaël et c'est lui au premier plan entre son portrait en fringant jeune homme et le vieillard aux belles mains et au regard puissant.
RépondreSupprimerMerci pour ta réponse. Je ne savais pas que ce portrait était TOUT LUI, même si j'avais des interrogations pour les deux hommes en fond.
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RépondreSupprimerTu m'as mis le doute et tu avais raison : J'avais aimé ce portrait qui illustrait la conférence des amis du musée mais en revenant sur Wikipédia, ce n'est pas qu'il avait tant changé mais il s'agit d'un autre: du pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Medici et Luigi de Rossi (gauche), Peinture de Raphael. Merci de ta vigilance.Dans ma réponse précédente je ne parlais pas des personnages qui figurent derrière Léon mais de deux autres portraits de Paul III dans sa jeunesse qui figure en tête d'article et dans sa vieillesse aux belles mains et au regard vif.
C'est lui qui a accepté ou ordonné le sac de Tunis en 1535?
RépondreSupprimerEn regardant sur Wikipédia, forcément, je vois que Charles Quint a chassé Barberousse et je ne sais le degré de l'implication du pape qui devait avoir des intérêts dans l'affaire.
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