dimanche 1 avril 2018

George Dandin. Molière. J.P. Vincent.


Nous rageons avec Dandin quand la vérité s’acharne à se cacher. La farce a tourné à la tragédie truculente où l’amour est absent.
Nous compatissons à la détresse du paysan ivrogne, malin, de bonne foi, trompé et méprisé.
Nous ne sommes pas du côté de la jeune femme mariée par intérêt à un nouveau riche, même si elle est brutalisée: « Je vous déclare que mon dessein n'est pas de renoncer au monde, et de m'enterrer toute vive dans un mari. »
La langue du XVII° est délicieuse et l’enjeu de l’actualité pour chaque représentation d’une pièce patrimoniale, parfaitement résolu.
Pas de folklore historique ni d’affèterie moderniste, un déroulement limpide dans des décors simples et efficaces, quelques images bien éclairées situent le contexte, entre les paysans des frères Le Nain et fantasmes versaillais, la distance entre classes sociales est exaspérante.
Les acteurs sont excellents malgré un  chanteur peu convaincant dont on ne comprend pas les paroles
« - Parbleu, si vous m'appelez votre gendre, il me semble que je puis vous appeler ma belle-mère.
- Il y a fort à dire, et les choses ne sont pas égales. Apprenez, s'il vous plaît, que ce n'est pas à vous à vous servir de ce mot-là avec une personne de ma condition ; que tout notre gendre que vous soyez, il y a grande différence de vous à nous… »
Les intentions du metteur en scène coïncident parfaitement avec ce qui est montré.
Quand le paysan triture sa perruque, on saisit bien l’embarras de Monsieur de La Dandinière, parvenu de fraîche date. Le veule beau père qui surenchérit sur la bêtise de sa femme porte à la fois le ridicule et le pathétique de cette comédie où le suicidaire ne peut sauter que dans un puits comblé. Floc !

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