jeudi 21 janvier 2016

Biennale d’art contemporain. Lyon.

Le thème de cette 13° édition était «  la vie moderne » : difficile de faire plus actuel pour des contemporains.

Mais entre le musée d'Art contemporain et la Sucrière parmi 60 artistes, qui trouvera une œuvre inoubliable, surprenante ?
En sachant que j’allais voir des pneus récupérés sur la nationale 7, je vérifiais que j’étais bien en territoire « art contemporain » où le concept prime et les commentaires nous éloignent.
Hé bien, sur place, ces objets - on retrouve des pneus dans d’autres installations - reprennent l’interrogation majeure de l’art depuis Duchamp qui  a modifié notre façon de voir.
Dans ces caoutchoucs déchiquetés, il y a de la beauté et des histoires.
Et avec les vidéos qui me fatiguaient vite, je peux commencer à m’y faire, quand Cyprien Gaillard nous emmène en drone à l’intérieur d’un feu d’artifice en 3D avec une musique planante. C’est beau, mais aussi angoissant, comme lorsqu’un artiste taïwanais filme des paysages urbains désertés évoquant Fukushima.
L’affiche de l’évènement biennale qui courrait sur quatre mois avec ses parasols sur fond de centrale nucléaire est inspirée par cette œuvre.
Le thème de la modernité reviendra dans les deux prochaines biennales.
Certaines propositions relèvent  d’avantage des cabinets de curiosité de jadis quand une pièce est plongée dans la nuit pour nous faire sentir un jasmin qui s’exprime mieux dans l’obscurité.   
Ce qui reste d’humour est pathétique, alors qu’un sketch de « Rire et chansons » peut souligner plus élégamment la perte d’humanité lorsque les serveurs téléphoniques nous baladent d’un robot à l’autre : « appuyez sur la touche étoile ».
La curiosité du public est éveillée par des noyaux de cerises qui tombent sur une batterie par détection des téléphones portables : ça crépite !
D’autres sont anecdotiques, bien que la vue de Manhattan à 360° ait nécessité beaucoup de travail, des agrafes dans le béton même si on leur prête une dimension de réparation historique et sociale, peuvent amener un sourire circonspect, comme les fils électriques fondus, des pots de peinture renversés, des boules en béton attachées par des cordes, les biens saisis chez Kim Dotcom qui avait fait fortune dans le piratage informatique 
ou des plantes qui poussent  dans des ordinateurs,  à l'intérieur de chaussures.
Il y a plus de photographies que de peintures, des d’animaux à grandes cornes, des chevaux reproduits sur des éléments de carrosserie de voiture, et des images des traboules sur de la soie en hommage aux canuts.
Des personnages tous semblables en bord de mer font  leur impression.
Les jeux avec les supports peuvent être signifiants : deux sculptures  en marbre intitulées « Commerce extérieur Mondial Sentimental », de femmes roms recouvertes de châles en piécettes jaunes,
ou des maisons de SDF en carton réalisées en marbre avec une virtuosité étonnante.
Une autre sculpture d’un corps étendu sous une couverture de survie brillante nous dérange.

 

1 commentaire:

  1. C'est assez simple pour moi... j'ai déserté les musées pour l'instant, parce que le concept tue l'art. En tout cas, l'art que je veux voir. (Bien sûr, en me comportant comme une intégriste, je passe à côté d'expos intéressantes, mais... c'est le prix à payer pour mon intégrisme, n'est-ce pas ?)
    Le reste... je ne me l'infligerai pas. Par les temps qui courent, il faut avoir le bon sens de se protéger dès que c'est possible.

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