dimanche 6 avril 2014

Carmina Burana à Grenoble.

Au centre œcuménique Saint Marc les chorales du lycée et collège Champollion et du Grésivaudan aidés de la chorale Crescendo présentaient l’œuvre de Carl Orff dirigée de main de maître par Thierry Muller. Le directeur du conservatoire était accompagné de quelques uns de ses élèves affutés aux percutions obligatoires dans ces «  Chants profanes pour chanteurs et chœurs, devant être chantés avec instruments et images magiques ».
Le compositeur allemand participa à la mise en scène des jeux olympiques de 36 ainsi que Strauss, mais il n’empêche que cette œuvre puissante nous transporte.
Un élève rappelle les mots de Prévert l’anar :
« La musique
Voyage
s'en va
Revient
La musique c'est le soleil du silence
Qui jamais ne se tait tout à fait
Du silence qui chante
Ou grince en image
Dans l'aimoir
Ou la mémoire des gens »
La mélodie incantatoire, s’accélérant jusqu’à l’exaltation, accompagne des textes retrouvés dans le  monastère de Benedicktbeuern. Les chants (carmina) de Beuren (burana) bien que célébrant les plaisirs de l’amour et du vin en très vieux françois et allemand mêlé à un latin abâtardi ne se traduisent pas par « burnes rouges » selon le mot d’un ami dont je tairai le nom ; l’émotion est là et les poils se dressent.
La fortune souvent varie, éphémère est la vie, mais le printemps est là lala lala.
Il faut bien 150 choristes dont des petits sixièmes qu’ont voit transportés comme le môme encore plus petit qui était venu écouter un frère. Il n’en a pas perdu une miette tant la représentation est tendue qui interdit d’applaudir au moment des silences où se préparent la prochaine explosion, la prochaine voie ténue tenue par une jeune fille émouvante.
Les pianos affrontent une partition difficile, et le chœur s’emballe, s’apaise, suit les ruptures haletantes. Le léger et le tonitruant vont bien à ce groupe où se mêlent tous les âges, et le plaisir s’empare du public qui sait bien toute l’exigence dont les professeurs ont du faire preuve pour mener à bout ce projet. Par l’harmonie et l’énergie dégagées, les élèves ont la certitude que la réussite est encore plus belle au bout de leurs efforts et du sacrifice de quelques dimanches de répétition. A ce moment là, les remerciements  jusqu’aux agents comptables des établissements distraient d’une émotion où la notion d’amateurisme n’a guère d’importance : il est bien des spectacles de pro avec plus d’effets qui nous font moins d’effets.
Le nouveau maire de Grenoble Eric Piolle a effectué sa première sortie officielle à cette occasion. L’amateur est passé en mode pro en toute simplicité.

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