jeudi 5 décembre 2013

André Le Nôtre.



Fabrice Conan a présenté aux amis du musée de Grenoble l’œuvre du maître des jardins auquel  Versailles en particulier rend hommage pour le 400° anniversaire de sa naissance.
Sa notoriété a débordé le XVII° siècle - il mourut en 1700 - même si  René Louis de Girardin, créateur de jardins à l’anglaise, fut sévère avec lui  au XVIII°: 
« Le fameux Le Nôtre, qui fleurissait au dernier siècle, acheva de massacrer la Nature en assujettissant tout au compas de l'Architecte; il ne fallut pas d'autre esprit que celui de tirer des lignes, et d'étendre le long d'une règle, celle des croisées du bâtiment ; aussitôt la plantation suivit le cordeau de la froide symétrie »
L’homme, devant lequel Louis XIV levait son chapeau, pense que la symétrie est dans la nature: il suffit d’observer  la disposition des feuilles sur une tige, une fleur.
Au moyen âge les jardins étaient clos, la renaissance fit tomber des murs et installa des plantations en contre bas. A Blois par exemple s’ouvrent des perspectives qui unifient le paysage.
Dans les jardins de Boboli à Florence, les pièces de verdure sont diverses et les fontaines de la villa d’Este inventives. Lors d’un voyage en Italie, le jardinier fils de jardinier visite le pape mais pense qu’il n’a rien à apprendre des parcs à l’italienne. Le conférencier dément par ailleurs la légende des embrassades avec le Saint Père ainsi qu’avec le roi dont il était cependant un familier.
En dehors de ses nombreux jardins remaniés depuis, le « bonhomme » a laissé peu de traces sur son art : Saint Simon et madame de Sévigné suffirent comme attachés de presse.
En 1637, dans le jardin des Tuileries qui fut son terrain de jeu, il remplace les ifs malades par des buis et simplifie les grands parterres proches des bâtiments. Depuis là, se modèle tout l’ouest de Paris dans un chantier qui dure 15 ans.
Allées, bosquets et jeux d’eau, clarté et zones d’ombre, le minéral joue avec le végétal.
Il intervient à Meaux avec des allées qui se croisent sur un rondeau, à Fontainebleau avec des « sauts du loup » pour éviter l’intrusion d’animaux dans un domaine essentiellement destiné à la chasse. 150 jardiniers y travaillent, 400 à Versailles.
A Vaux le Vicomte chez Nicolas Fouquet, les parterres en dentelle ressortent sur le rouge des tuiles concassées, il joue des perspectives et des parallèles, les bassins du second plan sont plus vastes que ceux du premier plan.
Chez le Grand Condé lors de la grande fête à Chantilly qui coûta le prix de trois châteaux, Vatel se suicida, semble-t-il par peur de la révélation de son rôle d’espion de Louis XIV plutôt que pour des retards de la Marée. 
En 1682, la cour s’installe à Versailles : le lieu de loisir devient celui du pouvoir. Les infrastructures hydrauliques sont impressionnantes et les conduites en plomb toujours en usage. Les fleurs, très peu présentes dans les parterres, sont en pots, et le temps d’une promenade depuis le Trianon, au retour, des petites mains ont changé les espèces. Des femmes s’évanouissent devant l’abondance des parfums, il faut dire qu’elles sont aussi  bien serrées dans leurs corsets.
Le surintendant du roi  est décoré de l’ordre de Saint Michel qui ne fut accordé qu’à 15 personnes. Amateur d’art, il léguera au roi des œuvres de Poussin, Le lorrain,  et Adam et Eve du Dominiquin désormais au musée de Grenoble.
Le jardinier, architecte, ingénieur, intervient à Saint Cloud, Saint Germain en Laye, Sceau et à l’étranger, mais on lui attribue des réalisations dans des lieux qui ne l’ont jamais vu : on ne prête qu’aux riches.

1 commentaire:

  1. Merci. Très intéressant.
    Ah... le vieux débat... théologique sur le bien ou le mal de la symétrie.
    Ceci dit, en anglo saxonne que je reste, je continue à me rebiffer contre tant d'ordre imposé au végétal, dans un apparent souci de ne rien laisser échapper à la mainmise de la main de l'homme.
    Ce n'est pas mon idéal de la beauté...

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