mercredi 20 mars 2013

Le Louvre # 3 : le Grand Dessein s’achève.



Voltaire en 1745 dénonçait le délabrement du Louvre.
« Louvre, palais pompeux dont la France s'honore,
Sois digne de Louis, ton maître et ton appui
Sors de l'état honteux où l'univers t'abhorre
Et dans tout ton éclat montre-toi : comme lui »
Sous Louis XV des édifices accolés au palais et à ses ailes sont démolis.
Louis XVI et Marie Antoinette reviennent  prendre place dans leur cage dorée en septembre 1789 ; au cœur de la ville pourront-ils mieux comprendre la vie de leurs sujets qu’à Versailles ? Le palais est remeublé et l’assemblée nationale investit la salle du manège.
En août  1792 l’assaut du Palais des Tuileries marque la fin du règne monarchique.  
La Convention s’y installe. Un hémicycle et des tribunes pouvant recevoir 1800 spectateurs sont installés dans l’ancienne « salle des machines ». La décoration est sobre.
Une première exposition de l’académie royale de peinture avait eu lieu dans les appartements  occupés par Anne d’Autriche et la galerie du bord de l’eau préfigurait un musée. Dans le salon carré sont présentés jusqu’au haut plafond des œuvres destinées à présent à  un public  plus large pour redonner vigueur à un « grand genre » qui n’est plus enseigné.
Dans l’encyclopédie parait un plaidoyer pour que le palais multiséculaire devienne un musée.
En attendant Rubens peut être vu au palais du Luxembourg.
En  1792, le musée est opérationnel, les collections sont élargies avec des biens saisis du clergé et des émigrés.
La voûte de la Grande galerie est percée pour un éclairage zénithal.
Le produit des conquêtes napoléoniennes  amènent de nombreuses œuvres installées par Vivant Denon. Le buste de l'Empereur sera en bonne place après un bonnet phrygien qui surmontait la coupole.
L'Arc de Triomphe du Carrousel est édifié avec à son sommet les chevaux de la basilique Saint-Marc de Venise, qui seront restitués en 1815.
Balzac dans La cousine Bette : « L’existence du pâté de maisons qui se trouvent le long du vieux Louvre est une de ces protestations que les Français aiment à faire contre le bon sens, pour que l’Europe se rassure sur la dose d’esprit qu’on leur accorde et ne les craigne plus… Voici bientôt quarante ans que le Louvre crie par toutes les gueules de ces murs éventrés, de ces fenêtres béantes : "Extirpez ces verrues de ma face !" On a sans doute reconnu l’utilité de ce coupe-gorge, et la nécessité de symboliser au cœur de Paris l’alliance intime de la misère et de la splendeur qui caractérise la reine des capitales. »
Après bien des aléas Napoléon III bouclera le « Grand Dessein », celui d’Henri IV, avec des guichets portes d’entrée d’un très vaste espace dévolu désormais à l’art.
En 1871, un incendie allumé par les communards consumera la Palais de Tuileries.
Edouard Balladur aura beau retarder l’échéance, les derniers occupants du ministère des finances déménagent à Bercy en 1989.
François Mitterrand a voulu le grand Louvre qui s’ouvre à 10 millions de visiteurs annuels sous la pyramide de Peï que le conférencier Fabrice Conan n’apprécie guère pas plus qu’il ne voit d’un bon œil les décentralisations du Louvre à Metz et Lens.
Je suis au contraire content que l’histoire ne se fige pas, que les œuvres voyagent. Nous irons à Paris, mais Delacroix chez les cht’is ça me convient, n’en déplaise aux enfants d’Edouard.

1 commentaire:

  1. Merci pour ce cours d'histoire, Guy.
    Instructif.
    Comme quoi, de nouveau, nous vivons dans une époque révolutionnaire...
    J'avoue être mystifiée par le ressentiment toujours actuel des "pauvres", à la vue de la pompe, et du faste.
    L'expression de l'idée que la richesse des uns est bâtie.. obligatoirement sur l'appauvrissement de.. SOI.
    Ce serait un terrible paradoxe qu'une fois encore, la France (et les Français..) se méprennent sur ce que représente notre pays aux yeux de l'Occident, et qui fait que les touristes continuent à y affluer pour voir les monuments.. fastueux de l'Ancien Régime..., témoins d'une richesse bien au delà de ce que nous, petits bourgeois que nous sommes, pouvons imaginer. (Ne pas se tromper sur la.. valeur des chiffres mirobolants qui virevoltent dans les informations, ni sur la valeur actuelle d'une monnaie bien dévalorisée comparée à celle de nos ancêtres.)
    Certes, cette fonction o combien.. conservatrice du pays fait des ravages. Mais elle contribue encore à maintenir... la grandeur de notre pays à une époque où la grandeur se mesure aux chiffrage du compte en banque, ou à la longueur de la ligne du tramway, cathédrale industrielle moderne.
    Et elle matérialise sur le sol français le témoignage de notre histoire ancienne, et des valeurs qui furent celles de l'Occident avant la Révolution de 1789. En somme... elle nous permet encore de rêver à ce que nous étions.. il était une fois ?

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