Délicieux.
Livre salutaire, documenté sur les enjeux concernant notre
environnement, à la trame narrative enjouée, aux personnages burlesques.
« Puis il se
lança dans des considérations sur la variabilité du climat, la hausse des
températures, liées au doublement de la teneur en dioxyde de carbone depuis la
révolution industrielle. Lorsqu’ils rentrèrent dans Londres ce fut le forçage
radiatif, et ensuite la litanie familière de la fonte des glaciers, de l’expansion
des déserts, de la mort des récifs
coralliens, de la perturbation des courants océaniques, de la montée du niveau
de la mer, de la disparition de telle ou telle espèce, et ainsi de
suite… »
La planète ne se porte pas mieux que le personnage principal
dont les bonnes résolutions ne durent que quelques heures, à peine.
« Ce surpoids
faisait gonfler ses articulations, l’arthrose le guettait, son foie était
hypertrophié, sa tension artérielle remontait, et il courait un risque
croissant d’infarctus. Même pour un anglais son taux de mauvais cholestérol
était trop élevé. »
Beard, prix Nobel de physique quinquagénaire, en est à sa
cinquième épouse.
Il est opportuniste, vulnérable, veule, mais sympathique :
est ce parce que sa paresse excuserait
nos faiblesses ? La satire des milieux universitaire est féroce, le regard
sur les politiques sans illusion, les coups de pattes au politiquement correct
et aux abus féministes salutaires, la petitesse des humains se rachète dans un
sourire.
Le conteur savoureux nous mène du Pôle Nord où il fait si
froid avec des artistes conceptuels au torride Nouveau Mexique en passant par
la dégustation d’un paquet de chips qui prend des allures de parabole.
Pas mieux que le cliché : « l’humour est la politesse du désespoir » pour donner
mon sentiment sur ces 380 pages qui vous font l’effet euphorisant d’un bon
whisky dont on sait qu’il ne faut pas abuser, mais dont on se verse un deuxième verre.
Drôle, burlesque, grinçant, anglais, pédagogique :
« Un type est
dans une forêt sous la pluie, et il meurt de soif. Il a une hache ; il se met à
abattre les arbres pour en boire la sève. Une gorgée par arbre. Il se retrouve
entouré d'un désert sans vie, et il sait qu'à cause de lui la forêt disparaît à
toute vitesse. Alors pourquoi n'ouvre-t-il pas la bouche pour boire la pluie ?
Parce qu'il abat très bien les arbres, qu'il a toujours fait ainsi, et qu'il se
méfie des gens qui lui conseillent de boire la pluie. »
Je suis ambivalente sur McEwan.
RépondreSupprimerParfois une écriture un peu clinique pour mes goûts.
J'ai pourtant été éblouie par "Samedi"...
McEwan représente bien son époque qui est tout sauf baroque et exubérante, on pourrait dire...