vendredi 28 septembre 2012

Rêverie de Gauche. Régis Debray.



Du beau, du bon Debray en 100 pages allègres où il érige un monument à l’historien Marc Bloch.
Il redonne couleur à nos valeurs et avec style revient aux fondamentaux qui nous échappaient depuis que people a remplacé peuple.
Alors que « La droite matérialiste et frétillante a partie liée avec le jour-le-jour »,  il illustre brillamment  une des missions de la gauche «plus soucieuse d’expliquer que d’émouvoir», en revenant à l’histoire :
« A quel instant situer le changement de climat culturel : le passage du social au sociétal, de qui est juste à ce qui se dit moderne, de l'égalité à l'équité, de l'élan de solidarité au crime humanitaire, de la culture pour tous à la culture pour chacun, du fraternel au compassionnel, du "changer la vie" au "changer de cantine" ? Quand le prolo est-il devenu le beauf de Cabu, Le militant, supporter; le courant de pensée, écurie; la classe, réseau; et le bobo, boussole ? »
Il nous rappelle l’allégeance  honteuse de socialistes envers l’ambassadeur US au moment de la guerre en Irak.
 «Billancourt à la rouille, c’est Moody’s désormais qu’on ne veut pas désespérer.»
Quand il argumente la locution anglaise est souvent péjorative : « business plan » «Le light et le lourd ont permuté, notre monde a fait plus que changer de base: il marche sur la tête ».
Non, je ne vais pas tout citer de ces  bonheurs d’écriture.
Ses positions sont critiques sur l’Euroland,  « qui s’est voué à détricoter méthodiquement tout ce que la gauche française avait péniblement tissé depuis 1936, droits sociaux, souveraineté populaire, services publics, nationalisations.»  
Il rallume chez moi quelque lumière quand il défend l’école républicaine qui   devrait retrouver goût à la transmission pour atténuer les tintamarres de la com’.

1 commentaire:

  1. Régis Debray est quelqu'un qui m'intéresse, même si je suis trop... paresseuse pour acheter/emprunter ses livres.
    Plusieurs choses m'interpellent dans les citations que tu mets ici, et appellent réponse :
    primo.. on ne "combat" pas une colonisation virtuelle et linguistique en prenant... les armes du grand colon. Ça, c'est courber l'échine.
    Non... je crois qu'on résiste en ressuscitant le bon.. VIEUX français, et en le dégustant avec délectation. (Ressusciter.. le VERBE, pendant qu'on y est. Le substantif a une consistance de sciure.)

    La tentation omniprésente d'opposer... de manière binaire l'un CONTRE l'autre érige ce monde si réducteur dont nous ne voulons pas, à mon avis.
    (Voir "juste/moderne, fraternel/compassionnel", etc)
    On peut dire que... "la justice" a émigré dans la poursuite inlassable du crime contre l'humanité.
    Nous sommes autant.. OBSEDE par la justice à l'heure actuelle que par le passé. Mais.. pas dans les mêmes endroits.

    Régis et moi ne voyons pas tout à fait le même monde, on dirait.
    La droite.. matérialiste ?? (Cela voudrait donc dire que... c'est la gauche qui a hérité de notre tradition religieuse et spirituelle chrétienne ? Hmmm... Mais c'est vrai que Jésus lui-même aurait pu prononcer le discours de François Hollande le soir de l'élection... idéal de service, et tout et tout)
    Plut à Dieu qu'il y ait quelqu'un dans la baraque pour être matérialiste quand les temps sont si... virtuels, non ?? Quand on peut voyager à l'autre bout de la planète avec un clic, sans se lever de son fauteuil ?
    Rien de plus matériel que.. le corps debout, porté par ses pieds, je crois. On espère... qu'il le restera.

    Et je crois que "nous" sommes déçus de l'eldorado de l'explication à tout "problème".
    L'explication constitue une formidable mise à plat positiviste et rationalisante d'une "réalité" qui est, dans le meilleur des cas, subtile et complexe, plurielle, comme le coeur, et l'âme des hommes.

    Pour l'école... en ce moment, je me demande s'il est possible de vivre.. bien sans espoir.
    Vivre sans espoir n'est pas l'équivalent d'être désespéré...

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