vendredi 14 septembre 2012

«Ça mange le Bon Dieu et ça chie le diable.»



Jean Marie Rouart remet au goût du jour une expression gasconne citée par Mauriac à propos du MRP et qu’il applique, lui, au journal Marianne dont il n’a pas apprécié les copinages en littérature. Toujours la distance des paroles et des actes
La formule m’a bien plu  pour sa vigueur et je la mets en titre des mes indignations à propos des raffinés qui viennent au secours de Bernard Arnault en se pinçant le nez à la vue de la une de Libé : 
« Casse toi, riche con ! »
Quand il était pauvre, le con, ces culs serrés n’y voyaient pas de mal.
Hollande attend 30 milliards ; la fortune d’Arnault est de 32 milliards.
Où est l’indécence ?
Le sujet  est central : s’y rencontrent, la morale  qui ne s’enseigne pas qu’à l’école, la liberté de la presse, la solidarité.
Dans cette péripétie de la lutte des classes, je suis content d’être dans le camp opposé à celui choisi une fois de plus par « Le Monde » et ses dessinateurs.
Le mérite de Libération, passant outre les pressions des annonceurs est de faire revenir dans le débat national les problèmes posés par l’évasion fiscale, et de révéler tous les hypocrites qui aimaient tant se draper dans les postures patriotes et se retrouvent à barboter en fâcheuse compagnie sur les plages bondées des Caïmans.
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Dans le Canard de cette semaine:

3 commentaires:

  1. J'ai suivi ton lien, Guy.
    Puisque j'aime bien faire l'avocat du.. Diable, lui-même, un petit oiseau m'a dit que Bernard Arnault propose de s'acquitter de ses impôts français de toute façon, dans quel cas, le titre.. grossier de Libé est aussi plat que les oeufs que mon mari a mangé à midi.
    Comme expatriée, je suis assez bien placée pour savoir que le fisc ne laisse PERSONNE s'expatrier sans de lourdes pénalités qui DURENT DANS LE TEMPS, si jamais il pense que l'expatriement est pour des raisons fiscales. Tu peux dormir tranquille en sachant que Bernard continuera de payer, où qu'il soit dans le monde. (Mais la presse ne te dira pas cela, hein ? Elle s'en fout des détails administratifs barbants, rasoirs, et pas très... flambants de l'administration bureaucratique du fisc.)
    Ça s'appelle monter la mayonnaise, et qui plus est... sans même la contrepartie de l'élégance (qui a certains avantages qu'un enseignant devrait pouvoir apprécier).
    Je ne parviens pas à comprendre comment tant de personnes si bien intentionnées parviennent à... idéaliser les pauvres (sans être eux-mêmes dans ce cas de figure) tout en diabolisant les riches quand, s'il y avait une révolution autre que numérique et virtuelle dans ce pays, les mêmes.. passeraient à la casserole après avoir passé à la fourchette ? machète ?, tombées aux mains de ces mêmes.. pauvres qu'ils s'obstinent à idéaliser...
    Ceci n'est pas une défense de l'exploitation.
    Mais c'est un appel à ne pas tomber dans le panneau de la grande et joyeuse, et sanglante... défoule qui a déjà ébranlé ce pays par le passé, avec les conséquences que nous savons.
    Libé ?
    Il défoule, il défoule...et il souffle sur les braises (comme Marianne, d'ailleurs. C'est fou comme Marianne laisse un mauvais goût dans les yeux/esprit à la fin de la lecture.).
    Espérons que nous resterons sur le terrain des mots, et que nous ne traduirons pas... en actes.
    Moi, je ne voudrais pas passer à la casserole.
    Encore une preuve que nous avons la mémoire collective... inexistante.

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  2. Les expatriés américains payent la différence mais pas les français. Arnault a été aidé par Fabius quand il a repris Boussac avant de laisser tomber les salariés quand il est revenu en France après être parti déjà à l'arrivée des socialistes dans les années 80.
    La peine de mort a été abolie chez nous, le sang ne coulera pas mais la violence que tu ressens à la lecture d'un titre est aussi dans ces enrichissements indécents en regard de l'appauvrissement de beaucoup.Merci de tes commentaires.

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    1. Mon mari m'assure aussi que les Français ne paient pas la différence.
      Compte tenu du fait qu'il faut payer un expert pas moins de 200€ l'heure pour lever un crayon pour s'occuper de ces choses, je ne sais pas ce qu'il en est en France.
      Mais.... je ne suis pas si sûre que ça que d'autres citoyens français lambdas en savent quelque chose non plus. La fiscalité est si ardue, si compliquée, si ingrate, et si changeante...
      C'est fou, le nombre de personnes, français et américains, qui ont pu me regarder droit dans les yeux avec une foi touchante dans la vérité de leurs propos, tout en étant complètement ignorants de la loi en la matière...
      Tocqueville, que je n'ai pas encore lu (mea magna culpa...) dit bien combien le peuple français est lent à remuer, mais impossible à canaliser une fois que les digues ont cédé.
      C'était vrai il y a longtemps, et je crois que ça reste vrai.
      Je suis de retour de la Réunion, dans un contexte particulier, et mes observations de diverses situations de pauvres (en metropole aussi) m'amènent à penser que la pauvreté n'est plus ce qu'elle était.
      Notre génération, et les suivantes sont rapides à sentir les injustices, la pauvreté, la frustration, la privation, là où nos ancêtres ne les auraient peut-être pas sentis.
      Ma belle mère, à 85 ans, se souvient de l'occupation allemande de Paris...
      Nous avons trop évangélisé pour les lendemains qui chantent, sur tous les fronts.
      C'est une des facettes de la société de consommation, les lendemains qui chantent.
      Pour ce qui concerne la violence, violence va avec "vie", donc, je ne sais pas si je la condamne unilatéralement comme d'autres tendent à le faire.
      Mais peut-être que toutes les violences ne se valent pas ?
      Je crois qu'il est trop facile de laisser entendre une relation de cause à effet du type "les pauvres s'appauvrissent PARCE QUE les riches les exploitent".
      Ce type de raisonnement réduit notre compréhension du monde social à une simple mise en acte de l'argent idolâtré, en laissant entendre que la seule motivation qui nous/eux fait carburer, c'est l'argent, le profit, le gain.
      Je ne crois pas que cela est vrai, et je crois aussi que plus nous serinons cette rengaine, plus nous renforçons... l'idolâtrie de l'argent comme UNIQUE motivation des hommes et femmes.
      Ce n'est pas ce que nous voulons.. faire OU croire, j'espère.
      Mon fiston n'a aucun mal à fustiger les grands patrons tout en achetant... du poulet premier prix à Carrefour, bien qu'il sache très bien comment sont traités les poulets qu'il achète, et qu'il sait que sa détermination à acheter au plus bas prix (comme tant d'autres de sa génération, et ceci en dépit de son éducation...) est aussi un élément déterminant dans l'écrasement des prix qui tue.. LES SALAIRES.
      Et fiston me dit "qu'il n'a pas le choix".
      Mon oeil.
      Je ne crois pas que quiconque n'a pas le choix.
      Parce que... on peut choisir de ne pas acheter. On peut choisir de manger moins, même les personnes qui reçoivent.. des allocs. Nous pouvons cesser de participer à notre propre aliénation en imaginant que de toute façon... le "bio", c'est pour les riches bobos, sans même prendre la peine d'aller faire un petit tour sur un marché bio pour regarder les prix.
      Si nous (y compris nos pauvres....) avions vécu sous l'Occupation, notre imagination serait plus vive, et nos idées sur le minimum vital seraient différentes, Guy...

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