Ce tome 2 des contes philosophiques du monde entier recueillis par Jean Claude Carrière contient 430 pages en format de poche qui se lisent très facilement.
Décrire tous les domaines de l’écrivain qui a été scénariste, dessinateur, parolier, metteur en scène, collaborateur des cinéastes les plus éminents tiendrait encore bien plus de pages. C’est un conteur, un passeur.
Pour faire partager à mon tour, mon plaisir de lire, j’extrais deux histoires de cet ouvrage, elles sont souvent anonymes, ici elles sont signées :
Samuel Beckett a écrit ce court dialogue :
Le client : Dieu a fait le monde en six jours, et vous, vous n'êtes pas foutu de me faire un pantalon en six mois.
Le tailleur : Mais, monsieur, regardez le monde, et regardez votre pantalon.
Charles Péguy a raconté l'histoire d'un homme qui se rend à pied à Chartres, au Moyen Age, et qui rencontre sur son chemin un homme exerçant le plus dur des métiers : casseur de pierres.
- Je vis comme un chien, lui dit l'homme. Exposé à la pluie, au vent, à la grêle, au soleil, je fais un travail pénible, et pour quelques sous. Ma vie est nulle. Elle ne mérite pas le nom de vie.
Un peu plus loin, le même homme rencontre un autre casseur de pierres, qui a une attitude toute différente.
- C'est un travail dur, lui dit-il, c'est vrai, mais au moins c'est un travail. Il me permet de nourrir ma femme et mes enfants. Et puis je suis au grand air, je vois passer du monde, je ne me plains pas. Il y a des situations pires que la mienne.
Enfin, un peu plus loin, l’homme rencontra un troisième casseur de pierres qui lui dit en le regardant dans les yeux :
- Moi, je bâtis une cathédrale.
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