C’est Levi Strauss qui le dit : « Nous sommes tous des cannibales. Après tout, le moyen le plus simple d’identifier autrui à soi-même, c’est encore de le manger ».
On a beau savoir : les sorcières, le loup garou, les ogres, les vampires, « Prenez et mangez car ceci est mon corps. Buvez- en tous, car ceci est mon sang », la culture les avait mis à distance. Et puis, les retraites de Russie et des jésuites qui finissent à la casserole, les transplantations d’organes, malgré les métaphores, les symboliques, après cette exposition, ma mémoire fait des impasses.
Trop de sang et de viande à la Maison rouge près de la Bastille.
Des chairs sortent d’un mur, et des portraits d’albinos dont des organes sont recherchés pour des potions sont exposés, des pièces montées sont garnies de langues et autres organes, un artiste sert son sang en boudin lors d’une performance, une japonaises se mange le sein… ce n’était qu’un melon. Je me suis arrêté devant une grande photographie où Vik Muniz a tracé, parmi des objets en ferraille, la silhouette du Saturne de Goya dévorant ses enfants, encore détourné par ailleurs.
Je me suis dit : « ah oui c’est la robe de Lady Gaga » quand j’ai vu un mannequin couvert de viande ; la peau d’un homme tatoué est traitée en carpette comme le plus vulgaire des tigres du XX° siècle. Bettina Rheims a remplacé le lait d’un sein maternel par du sang, heureusement le bonhomme en spaghetti qui clôt la visite semble plus jovial avec son allure de Shreck.
Les installations de Chiharu Shiota, qui n’ont rien à voir avec la thématique principale qui peut accabler, nous apaisent avec des robes disposées dans une pièce traversée par un dense réseau de fils noirs qui forme comme une grotte inquiétante, légère et magnifique. Déjà vues dans le genre chez Boltanski, ses valises entassées sont moins surprenantes.
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