vendredi 13 janvier 2017

Biodégradables ?

Les graffitis vont bien aux grottes préhistoriques et aux friches industrielles mais lorsqu’ils prolifèrent à l’entrée de notre ville dont les édiles aiment tant le street art, ils lui donnent un aspect peu accueillant, un air de défaite, et participent au stress hard.
Le mot « liberté » tant de fois graphé sur de nombreux volets ne concerne sûrement pas celui qui reçoit cette signature, fut-elle assortie d’un point d’interrogation.
Le genre fin de civilisation surligné de couleurs vives donné par de vibrionnants lettrages apposés en tous lieux, contrarie les proclamations d’une agglomération « apaisée ». Et les imaginaires s'étiolent, M. Piolle, devant les stéréotypes bombés.  
L’individu tonitruant ne fait pas qu’animer la ville, en fixant un signe illisible à tous ceux qui ne sont pas de chez lui ; il se soumet à l’ordre des égos démesurés.
Pour un Banksy inventif interrogeant le monde artistique et son marché, combien de vains  vaniteux aux jets incrustés dans la pierre ?
Pour avoir jadis tant aimé jouer de la brosse et de la colle à tapisser sur les murs de la ville, ou du pochoir dans les passages souterrains : « Le monde change, changeons l’école », je  sais l’illusion de la puissance. Mais quand ma jeunesse a décampé, j’ai changé de camp.
« Le monde a changé, où est l’école ? »
Les posters d’une chambre d’adolescent peuvent évoluer, alors quand des subventions généreuses pérennisent des images grand format, très grand format, la volonté de laisser une trace vite démodée, a tendance à sentir le pâté dont la date de péremption est indéterminée.
Certes la recherche de consensus n’est plus de mise chez les amis de « Nuit debout » dont Frédéric Lordon, un de leurs maîtres disait :
«  Nous ne sommes pas amis avec tout le monde et nous n’apportons pas la paix »
La véhémence de leurs protestations se situait à la hauteur de leur impuissance à convaincre au-delà des convaincus d’avance.
Qui a analysé l’extinction aussi brutale que son émergence de ces forums printaniers où le folklore a submergé la pertinence de sincérités nouvelles ?
Mais que les donneurs de leçons municipaux qui s’en voudraient de représenter tous les Grenoblois ne s’étonnent pas de susciter des oppositions véhémentes qu’ils alimentent de leurs maladresses et arrogance, de leur amateurisme aggravé d’une propension aux manœuvres politiciennes alors qu’ils ont émergé sous le maquillage d’un renouvellement des pratiques politiques.
Quand sur les grilles de la piscine Jean Bron est écrit en gros qu’il est nécessaire de se coordonner contre le SIDA, à qui ce message peut-il s’adresser ? Ce dazibao datant de l’agit prop’ maoïste n’est ni propre ni beau.
Nous sommes loin de l’art dont Malraux  disait :
«  L’oeuvre surgit dans son temps et de son temps, mais elle devient oeuvre d’art par ce qui lui échappe. »
et de la politique :
La préoccupation de l’image a dévoré toute réflexion politique et les verbiages les plus délirants voudraient habiller les rois nus aux bagages vides.
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 Le dessin du « Canard » de cette semaine: 

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