dimanche 31 janvier 2021

12 villes. Dick Annegarn.

Bien que « Bruxelles » 
« Ma belle
Je te rejoins bientôt
Aussitôt que Paris me trahit »
sa chanson, ait eu un retentissement considérable après les attentats-suicides de mars 2016, cette compilation qui mène de « Coutances » en Normandie 
« Mais qu’est-ce que je suis venu faire ici ? » 
à « « Xilinji » dans le Heiljongyang
« ville de Chine prise aux flammes » 
ne ravira pas tous les syndicats d’initiative, car reviennent surtout dans les refrains : 
« Le blues de « Londres », le spleen de « Lille » 
« Le rock de Rotterdam
Et le smog de toutes les villes. » 
faut dire qu’il ne choisit pas forcément le pittoresque en s’arrêtant à « Luxembourg » : 
«  Les gouttes glissent sur le verre lisse 
 Des vitres tristes »
ou lorsqu’il est déçu de « Nogent sur Marne » : 
« Nogent la morne, le ventre en avant
T’es malade du cœur Nogent »  
La voix grave caractéristique du batave convient pour un « Tchernobyl blues » 
« J’ai pris mon vélo
Pour faire du chemin
Je croise des silos
Où il n’y a pas que du grain » 
et même à Versailles, « Au nom de Dieu » 
« Louis-soleil a des reflets
Nucléaires au derrière »
 Il y a bien une «  Jolie dame dans le tram » chez « Les Tchèques »
 mais à « Karslbad » : 
« Là où je vais, aussi il va
La vie m’ennuie, l’amour me fuit
La mort me suit, la vie me tue »
Blues.

 

samedi 30 janvier 2021

Un été avec Pascal. Antoine Compagnon.

De « qui veut faire l’ange fait la bête » au « silence éternel de ces espaces infinis m’effraie »,le savant, philosophe, théologien, fait partie de toutes les saisons de nos vies.
La collection de France Inter en cet été 2020, vient remettre l’Auvergnat au centre de notre village intellectuel comme on dit «  remettre l’église au centre du village » au rugby ou ailleurs,
Pascal fut un lecteur exigeant de Montaigne qui avait inauguré la série comptant aujourd’hui huit livres, si bien que « Les Pensées seraient inconcevables sans Les Essais ».  
« Ce n’est point dans Montaigne, mais dans moi que je trouve tout ce que j’y vois » 
Dans la société « Les vices privés font le bien public »
pendant qu’en chacun de nous « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ». Toutes ces distinctions entre corps et esprit ont été mises en ordre conjuguant « esprit de géométrie » et « de finesse ».
En 230 pages, A. Compagnon, professeur au collège de France, nous invite à aller au-delà des formules, même si les raisonnements de l’inventeur du calcul des probabilités et de la brouette appellent à des efforts de compréhension surtout quand il et question de querelles religieuses entre « grâce suffisante » et la « grâce nécessaire ». 
« Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé. » 
Le mathématicien, physicien, « ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion ; qui depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie comme du raisonnement le plus fort. »
«  Tout ce monde visible n’est qu’un trait imperceptible dans l’ample sein de la nature, nulle idée n’en approche. Nous avons beau enfler nos conceptions, au-delà des espaces imaginables, nous n’enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses. C’est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. » 
Bien que « La vraie éloquence se moque de l'éloquence », comment ne pas extraire en ces temps confinables :  
«Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » bien que le « divertissement »  dont il est question aille bien au delà de l’anecdote parmi tant de formules ? 
« L’homme est un  roseau pensant » et « le moi haïssable » mais je ne savais plus qu’il avait aussi mesuré l’importance du nez de Cléopâtre. 
Le scientifique fit la preuve du vide, le mondain, l'honnête homme, le promis à la béatification  au bout d’une nuit de feu » eut des accents à la Péguy :  
« Joie, joie, joie, pleurs de joie… » 
il a traversé les siècles,  nous étonne et nous éclaire.

 

vendredi 29 janvier 2021

Fatigués.

A vivre sous les cris d’étiques jamais contents, quelques bien gras systématiquement satisfaits ont intérêt à se faire discrets, ce que je m’empresse de ne pas faire.
Derrière mes doubles vitrages, je peux plaindre le bébé qui vient au monde entouré de masques, mais je ne sais entendre distinctement les jeunes adultes qui demandent aux autres de changer, mais ont bien du mal à s’adapter aux contraintes qui s’imposent à tous.
Les médias courent à l'audience en plaignant un jour les vieux, un jour les jeunes. Où sont les adultes pour faire la part des choses? 
J’ai plus de compassion pour celui qui a du mal à trouver un boulot que pour le privé de « teuf ». L’inconfort est différent de la détresse.
Si le nombre de victimes de la COVID arrive à être relativement contenu, nombreux sont nos compatriotes à s’estimer martyrisés à chaque instant. 
Ce n’est pas à eux qu’il faut dire que la crise peut être féconde, et pourtant combien aiment les chamboulements pour autrui.
Qu’importe! Elle est là, la crise, et parmi les ravages qu'elle occasionne on peut constater les difficultés grandissantes à vivre avec nos semblables. La durée de vie des bunkers excèdera le temps du confinement. Quant à construire un avenir commun ! 
«  Ce qui m’inquiète le plus est de voir comment la question du partage de la valeur, du partage du pouvoir, de l’émancipation, voire des vertus civiles et de la foi en la démocratie butent sur la question de la fatigue. » Patrick Boucheron.
Cette fatigue a précédé la séquence actuelle où les termes médicaux sont devenus viraux. Pour envisager un monde d'après, on allait disait-on, s'arrêter, réfléchir comme dans le film «l'an 01» et ce ne serait  pas «triste». Mais les sprints du court terme, exténuent la société. Les impatiences ont du mal à se calmer. Un monde réfléchi, apaisé se trouve hors d'atteinte.
Sans en appeler aux « Maries-Louises », jeunes soldats de Napoléon, d’avoir connu des hommes qui serraient les dents face aux difficultés, je ne sais que jouer : être sévèrement « burnés » n’épargne pas du burn-out. Pour les choqués par un tel langage, je recommanderais : « J’m’en balek » indestructible survivant aux modes lexicales, même pas modifié par l’écriture inclusive. Et cette persistance n'est pas anodine.
A mon échelle je prendrai pour un signe des temps que sur ce blog, le paragraphe concernant les réseaux sociaux accompagné de son usuelle critique tend à se substituer à quelque inévitable propos autour de l’école. Le distanciel a pris le pas sur le présentiel: ça se passe plus sur Tik Tok que dans l'attention portée à un participe passé.
« Le Monde » qui reproche aux politiques de céder aux lobbies s’est rangé dans l’heure aux humeurs du net contre un de ses dessinateurs. 
Je préfère les contradictions des commentaires autour d’une photographie désuète d’une cuisinière plongeant sa louche dans une grande marmite devant des enfants tendant leurs assiettes qui éveillait la nostalgie des uns et évoquait pour d’autres les caïds qui crachaient dans le « rab ».

jeudi 28 janvier 2021

Galeries à Voiron et Grenoble en janvier 21 et atelier.

Multiples 21. Place à l’art. 
A vrai dire nous avons répondu à l’invitation de la galerie voironnaise surtout dans l’intention d’acheter une œuvre de Marjo Van der Lee que nous avions aperçue à la grange dîmière à Le Pin  http://blog-de-guy.blogspot.com/2020/09/lmages-dete-2020-grenoble-le-pin.html 
Ses petits personnages émouvants ne nous ont pas déçus.
Nous savions que nous retrouverions notre voisin, Joël Bressand, dont nous sommes de fidèles clients. Le « glaneur » comme il aime se présenter est toujours aussi créatif, cette fois il donne vie avec un humour léger à des battoirs, sans tapage.
S’il est injuste de ne citer que quelques artistes sur les 21 qui présentent leurs travaux jusqu'à fin février 21, au 1 place Porte de La Buisse, pour une 6° exposition collective, Maurice Jayet, le résident du 111( au Pin) y est,  
Dans une ensemble aux productions soignées, variées, j’ai retenu les photographies d’Elizabeth Filezac de l’Etang aux apparitions mystérieuses.
Si certains de ces artistes locaux abusent parfois de trop de textes en n’osant pas laisser parler leurs sculptures ou leurs dessins, ceux-ci murmurent, jacassent, s’expriment très bien tout seuls, loin des bavardages qu’il vaut mieux laisser aux abords de l’art contemporain. 
Igor Bodoira a pris possession de la Galerie Hébert, rue Hébert, face au musée de la Résistance. Ses amples tableaux représentant de vastes friches industrielles ont besoin d’espace.
Il a transféré des photographies sur des papiers traditionnels coréens et cette rencontre originale fait de l’effet surtout quand des fleurs de lys trop explicites ne viennent pas perturber la dynamique des surfaces éclaboussées, incertaines.
Mais rien ne vaut la rencontre avec l’artiste, même si nous avons été très bien reçus dans les deux galeries précédentes. Ce fut le cas rue Bayard où Agnès Colrat a son atelier.
Nous avions déjà apprécié ses dessins réalisés lors du premier confinement « Fenêtre sur cour », vifs, sympas. Je regardais par la vitrine et me dit : «  elle a bien fait de garder le magasin qui était là avant dans son jus » quand elle descend pour ouvrir la porte et là je m’aperçois qu’il s’agit d’un trompe l’œil qu’elle avait réalisé à Bernin au château de la Veyriehttp://blog-de-guy.blogspot.com/search?q=Ch%C3%A2teau+de+la+Veyrie.
J’ai beau chercher mes mots dans le domaine de l’art plus que partout ailleurs, cette après midi là, j’ai eu la conviction qu’il arrive que l’on soit sûr que l’œuvre reflète la personnalité de l’artiste. Elle a déballé les tableaux d’une prochaine exposition dont je me garde de révéler la thématique car elle veut garder l’effet de surprise mais j’essaierai de me tenir au courant tant l’idée est féconde et les premières réalisations prometteuses.
J’ai beaucoup aimé, pour rester dans un univers des plus familiers, ses variantes autour d’un évier parfaitement dessiné qui laisse deviner des visages révélés à la "gratounette" dans les incrustations des poussières du temps.
Son travail d’un réalisme des plus classiques nous oblige à prendre le temps pour nous entrainer vers le rêve.
Et ses toiles pêchues qui reproduisent des poses pour des diapositives tapent à l’œil par leurs couleurs électriques et la vigueur de l’humanité de ses personnages, souvent des enfants dont le bonheur nous irradie. 
 

mercredi 27 janvier 2021

Le Creusot.

Il est temps après notre visite non prévue à Pommiers en Forez, 
de reprendre sans tergiverser la route pour Le Creusot.
Nous arrivons à l’office du tourisme juste avant la fermeture où une employée nous fournit un plan de la ville, quelques brochures.
Notre hébergement rue Jules Guesde est situé juste à côté, dans une rue où le stationnement ne pose aucun problème. Récupérer les clés s’avère plus difficile : personne pour nous accueillir, il faut les extirper d'une boîte à code que nous ne trouvons qu’après avoir appelé notre hôte. En haut des escaliers raides menant au 2ème étage, un petit studio tout neuf nous attend.
Nous commençons aussitôt notre découverte de la ville, en descendant vers la place Mitterrand.
Près de la mairie une esplanade où une plaque célèbre les droits de l’homme propose des transats  en bois au dessus d’un parking . Rapidement nous pouvons voir apparaître l’histoire de la ville
en longeant les usines Arcelor Mital  et en croisant de nombreuses statues d’Eugène Schneider. Il avait fait construire des maisons avec jardins pour ses ouvriers qui accédaient gratuitement aux soins médicaux et à l’école (l’école Schneider  recrute encore aujourd’hui  des jeunes pour des formations professionnelles en lycée, c’est le cas à Grenoble).
Même si la vue est belle, nous sommes déçus par le lieu dit La combe des mineurs atteinte en une quinzaine de minutes de montée à pied, il n’en reste que quelques maisons mitoyennes en briques parfois repeintes.
Les habitants, héritiers des locataires précédents, profitent de l’extérieur côté cour ou côté jardin et bavardent autour d’une bière. D’une maison s’échappent les cris inarticulés d’un vieillard. Des jardins semblent laissés à l’abandon. D’après ce qui nous croyons comprendre, certains serviraient aujourd’hui à des personnes en réinsertion.
Nous redescendons vers le centre en évitant la rue à cause de chiens agressifs. Nous marchons dans la zone industrielle, Un vieux bâtiment administratif en ruine voisine avec  des entreprises plus modernes puis on entre dans la zone commerciale.
« La brasserie de la gare » affiche complet en terrasse, aussi nous prolongeons notre marche jusqu’au « Fût-mets ». Là, nous sommes introduits dans une petite cour intérieure, insoupçonnable dans ce quartier d’immeubles populaires. Un tartare charolais ou un rizzoto aux cèpes arrosés de bière calment notre appétit tandis qu’à nos côtés un groupe de quatre personnes a opté pour la dégustation de différents whiskys et tapas.
Le lendemain,
après avoir apprécié la fraicheur de notre studio pourtant situé sous les toits, nous  nous préparons sans précipitation puisque  nous sommes proches du château de la Verrerie. 
Nous patientons dans son très vaste parc public  en attendant l’heure d’ouverture ; nous ne  poussons pas  jusqu’à la volière d’où nous parviennent le chant du coq et le cri du paon.
Par contre, nous apercevons le jardin à la française négligé avec des buis mal entretenus et les 2 fourneaux coniques si particuliers dans la cour.
- Le Château était au départ une manufacture royale de cristal et d’émaux appartenant à Marie-Antoinette. Le bâtiment en U et les 2 fours étaient destinés à héberger l’activité, à loger les ouvriers. Comme il n’existait aucun modèle de manufacture de cristal, l’architecte adopta la forme d’un château. Puis E. Schneider  acquit l’ensemble au XIX° siècle. Il transforma l’un des fours en théâtre utilisé pour distraire ses hôtes de marque.
Aujourd’hui, il est classé monument historique, reconverti en  musée de l’homme et de l’industrie.Il renferme :
- des représentations du Creusot à différentes époques, avant, pendant et après la création de la manufacture
- une exposition « citoyenneté » qui ne déclenche pas nos passions…
- des objets en cristal avec des explications sur le travail  et les évolutions techniques (en rapport avec la fonction première du château)
- des portraits et photos de  la dynastie Schneider, leurs vies, leurs familles et alliances, leurs malheurs
- Une ou deux pièces d’habitation meublées conservées.
Enfin, tout le rez-de chaussée est dédié à recevoir des maquettes de locomotives de toutes sortes, dont les progrès sont intimement liés aux fonderies.
Nous aurons eu le musée pour nous tout seuls lors de notre visite. Notre regret sera de ne pas pouvoir pénétrer dans le théâtre fermé (Covid responsable)
- Par contre, le pavillon de l’industrie  tout aussi désert  se visite, avec le prêt d’une tablette numérique. Des vidéos, des  explications, des informations, permettent
- de comprendre les maquettes et les procédés de travail à la mine ou à la forge,
- de voir  des  locomotives ainsi que des réalisations de pièces  industrielles récentes de haute technologie.
Et il est évident que sans la tablette, l’exposition qui tient dans une seule salle  aurait eu du mal à retenir notre attention aussi longtemps. 
Nous récupérons la voiture juste avant que la rue obstruée par une voiture et une camionnette de police, ne soit interdite à la circulation.
Puis nous dévions notre route vers Torcy, au Sud Est, nous voulons voir l’ancien marteau pilon érigé fièrement au milieu d’un rond-point. Nous en profitons pour manger un sandwich rosette cornichons dans un "Marie Blachère" à proximité, équipé d’une salle nickel et  réfrigérée à la disposition des consommateurs.
.... Petit ajout pour compléter le commentaire:


mardi 26 janvier 2021

Emerveillements. Sandrine Kao.

Si loin du monde bruyant, cet album, entre sagesse de l’enfance et effacement du grand âge, recueille toute la douceur humaine en mettant en scénettes un petit chien, à moins que ce ne soit un cochon d’inde, en tous cas un petit personnage élémentaire tout rond aux traits fins. 
«  Dans tout rêve sommeille une douce part de réel. » 
Sur fond de Fujiyama, il y a toujours un oiseau dans un coin de vignette, une branche de cerisier, et les questions les plus sérieuses se résolvent gentiment le temps d’une page grand format : « traces », « un pas de plus », « le jour se lève »… « émerveillement ». 
« Un jour incertain, on se réveille. Aujourd’hui semble pareil qu’hier. Pourtant quelque chose dans l’air nous dit le contraire. On sort. Tout est là : le ciel, ses nuages, les oiseaux qui chantent, les branches nues des arbres. Tout est là, mais tout est différent. Quel ravissement ! » 
Certains n’y verront qu’une mièvrerie pâle aux phrases gouvernées par le « on », je suis de ceux qui apprécient parfois les tisanes et la simplicité pour mieux savourer les breuvages qui arrachent la gueule et les tragédies glauques.
Cette parenthèse mentholée d’images inspirées par une nature épurée, n'est pas troublée par les mots doux qui en appellent à l’essentiel de notre rapport au monde. 

lundi 25 janvier 2021

Soit dit en passant. Woody Allen.

« Il y a une jeune femme à qui j’ai demandé de m’épouser, elle s’appelle Soon-Yi, et par bonheur elle a accepté, mais cette histoire-là viendra plus tard et en recèle une autre. Soit dit entre parenthèses, j’espère que ce n’est pas la raison pour laquelle vous avez acheté ce livre. »
 
Mais bien sûr que si ! Pour la même raison qui a conduit Allan Stewart Konigsberg, dit Woody Allen à s’épancher sur 536 pages et pour retrouver aussi cet humour multipliant les dimensions de nos compréhensions, aujourd'hui menacé en particulier dans son pays où la publication de son livre a été entravée. 
« Tout ce que je réclame, c'est qu'on disperse mes cendres à proximité d'une pharmacie. » 
La première partie évoque son enfance puis comment il est devenu un cinéaste fécond mais  n’a pas la saveur de ses allusions cinématographiques lorsque la légèreté donne de la profondeur à la gravité.  
« Illettré et peu soucieux d’érudition, j’ai grandi comme un prototype de limaçon planté devant la télévision, canette de bière à la main, match de foot à plein volume, la page centrale de Playboy punaisée au mur, un barbare arborant la veste en tweed à coudières d’un professeur d’Oxford. »
L’auteur n’a jamais manqué de se mettre en scène, pourtant la construction est quelque peu répétitive d’autant plus qu’il faut attendre pour que soit abordée « l’affaire » qui a brouillé son image aux yeux des cinéphiles, et bien qu’il semble serein, a noirci une carrière proche de son terme. La désinvolture du titre souligne bien entendu tout son contraire : les étincelles du bûcher ont déjà goût de cendre.
Le récit détaillé du différend vis à vis de Mia Farrow et  de deux de ses enfants est convainquant, illustrant les dégâts de la  « cancel culture » (culture du bannissement) aggravés par un conformisme aux réflexes s’apparentant au maccarthysme.
« Et puis, être misanthrope, ça a du bon…les gens ne vous déçoivent jamais. »