En descendant pour le petit déjeuner nous avons la surprise
de découvrir la rue et l’immense place de l’Imam envahie par des fidèles en
prière. Il n’y a plus une place de disponible pour un tapis de plus.
Un haut
parleur diffuse le prêche, puis c’est la reprise chantée par toute une foule
fervente et concentrée, qui se prosterne en même temps : c’est
impressionnant, la foule donne la chair de poule. Sur les toits se distinguent
les silhouettes de militaires en arme.
Nous avions bien entendu les hauts parleurs dès 5h du matin mais nous étions loin d’imaginer que
la fin du ramadan déplacerait autant de monde. Les gens se dispersent en ordre
et dans le silence, tandis que nous allons prendre notre petit déjeuner.
Nous quittons Ispahan vers 9h
en direction de Kashan. Nous bifurquons vers Abyaneh classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, situé à plus de 2200 m d’altitude. Nous
apprécions le petit air frais dès que nous sortons et sommes surpris par le
costume local des femmes très coloré et découvrant les jambes juste en dessous
du genou sous de vastes jupes plissées.
Les hommes portent des pantalons noirs
très larges qui donnent presque l’impression de jupes longues. Le village en torchis ocre s'accroche sur une colline
cernée par trois forteresses. Nous nous promenons, discutons, avec un franco iranien qui ressemble à Enrico Macias,
posons avec d’autres sur des photos à « ne pas mettre sur Facebook ». Nous allons vers un moulin où l’eau tombe en cascade dans un petit
canal, puis nous revenons au village qui compte 140 résidents permanents et pénétrons dans le mausolée des descendants
de l’Imam. A la différence d’une mosquée, cet édifice ne comporte pas de
minaret et le dôme est remplacé par un petit toit pointu. Nous demandons la
permission à une dame de la prendre en
photo dans son costume chatoyant mais la volubile personne qui nous gratifie
d’un « je vous aime », vient de Turquie.
Le village est
envahi de touristes locaux venus pique-niquer sur les espaces ombragés de
l’entrée du village, fêter l’aïd ou en visite dans les familles.
Dans un hôtel un peu excentré, le seul établissement ouvert
en ce jour de fête, on nous sert l’abgoosht, un plat
typique à base de mouton, servi dans une cassolette métallique. Il faut
isoler la sauce dans une assiette dans laquelle nous émiettons du pain. Dans
une seconde écuelle, pois chiches,
pommes de terre et viande sont broyés à l’aide d’un petit pilon.
Puis nous partons en compagnie de quatre jeunes ados qui nous guident
vers la citadelle face au village et à deux autres en ruine qui le surplombent.
La promenade passe par le bas du village sur un chemin parmi les arbres puis
une montée sur la colline parsemée de ruines et d’étables troglodytes dans
lesquelles nous évitons de pénétrer à
cause des serpents. L’un des jeunes au demeurant forts sages, bien élevés et
vêtus comme les nôtres de marques occidentales se montre fort timide et mal à
l’aise quand Haleh, notre guide, nous traduit en riant que la citadelle sert de lieu de
rendez-vous amoureux à ce garçon qui a beaucoup de petites amies. Les jeunes
nous raccompagnent au centre du village où nous avons fait quelques emplettes
(poupées, pantalons larges, pâte aux abricots), fait causette avec une femme de
Téhéran de retour au pays pour les congés et des transactions pour des petits
porte-bonheur en graines achetés à une dame au dos cassé.
Nous abandonnons le village montagnard vers les 18h et prenons la route de Kashan qui se situe un peu plus bas à environ 1000 m d’altitude. M. Ali
doit renoncer à poursuivre jusqu’au Noghli historical à cause de l’étroitesse
des ruelles de la vieille ville.
Pas d’enseigne lumineuse voyante pour repérer
l’hôtel, il faut sonner comme dans une habitation de particulier pour entrer
dans cette ancienne demeure au patio en contrebas meublé de divans autour d’un
bassin. Nous disposons nos bagages et nous nous rafraichissons d’une bonne
douche puis sortons prendre un premier contact avec la ville.
Toutes les
boutiques du petit bazar sont fermées, sauf une, où deux commerçants nous
proposent de monter sur les toits. Depuis l’arrière boutique, nous nous
glissons par une fenêtre au moyen d’une échelle branlante qui ajoute du
pittoresque à l’excursion.
Nous découvrons une architecture à
la « Barbapapa » avec des coupoles offrant une vue magnifique sur la ville
éclairée, l’intérieur d’un entrepôt aussi grandiose qu’une mosquée et sur les
climatiseurs des boutiques. Nous terminons la soirée dans un restaurant
traditionnel encore situé dans un cadre superbe où l’on nous sert de la viande
de chameau.
D'après les notes de voyage de Michèle Chassigneux