Les cloches de l’église
s’énervent furieusement à 7 h du matin, suivies par le bêlement des moutons
marron/noirs et de la chèvre du manoir.
Après la toilette, le séchage des
cheveux réclame quelques manipulations acrobatiques quand il faut réunir prise
électrique et miroir dans le salon, en position à genou.
Nous envisageons de passer la
journée à RAMBOUILLET et pour s’y
rendre nous choisissons des petites
routes à travers bois. Des panneaux appellent à la prudence en avertissant
« attention traversée de grands animaux ». Nous n’en verrons pas, à
part quelques cyclistes isolés. Nous garons la voiture le long du mur du
château à un emplacement à parcmètre, mais gratuit les jours fériés. Avant
l’ouverture, nous nous offrons un petit café à un prix parisien (4€ 20
2 cafés) face à l’entrée Félix Faure puis franchissons la grille qui ouvre sur
le parc d’où nous n’apercevons pas encore la célèbre résidence. Les jardins offrent de la diversité favorisée par l’étendue du domaine. De belles allées de
tilleuls bordent la promenade reposante.
Au soleil, des lignées de canards barbotent dans un plan d’eau encadré par
l’allée de la prison et l’allée des ormes, puis dans le prolongement, des massifs de fleurs entourent des rectangles
de pelouse à faire pâlir les anglais dans un assemblage symétrique et
ordonné typique des jardins à la
française.
Le château se visite librement, sauf pour accéder aux appartements utilisés par
les présidents de la république où nous devons
nous inscrire obligatoirement avec un guide.
En premier, nous nous engageons au rez-de-chaussée dans les appartements de Napoléon sans accompagnateur donc. Aménagé dans l’aile ouest, côté cour, ils se composent de trois pièces disposées en enfilade : une antichambre, une chambre, une salle de bains. Une magnifique tenture de soie bleue ciel cernée par un galon assorti tapisse les cloisons. Les meubles transportés en vitesse à chaque venue de l’empereur proviennent de ses autres résidences. Sa marque « N » apparait partout de façon ostentatoire. Elle décore son lit atteignable par quelques marches. Sa salle de bain avec baignoire centrale plaquée au mur rajoute au N l’abeille et l’aigle intégrés dans des fresques foisonnantes avec médaillons inspirées des maisons de Pompeï. Des fauteuils et des divans incongrus dans un endroit plutôt intime complètent le mobilier. Nous traversons d’autres pièces lambrissées de plaques en bois travaillé voulues par le comte de Toulouse.L’heure du rendez-vous approche pour la visite accompagnée et non guidée comme on nous l’a spécifié. Nous rejoignons le petit groupe intéressé par les appartements où résidèrent des présidents de la République. Un panneau « 1950, dans l’intimité d’un président » nous accueille à l’entrée. Lieu de villégiature pour les dirigeants de la république depuis Vincent Auriol, le château reçut des hôtes de marque de la France. Le président Sarkozy lui préféra Versailles Quant au président E. Macron, il le céda pour en faire un musée.Tout a été maintenu dans son jus des années 50. La qualité des matériaux comme les meubles en parchemin de la chambre d’amis ou le choix des essences de bois pour la chambre de Jacqueline Auriol (aviatrice) soulignent un mobilier aux formes assez épurés, luxueux mais pas ostentatoire, disposé dans de vastes volumes. Les salles de bain munies entre autre de chauffe-serviettes possèdent tout le confort moderne et innovant de l’époque.Les chefs d’état étrangers logeaient dans un studio conçu par Jean Pascaud. L’appartement comprend 3 pièces : le petit salon rappelant les maisons à colombages joue avec la pierre et le bois, il affiche un caractère historique, patrimonial. La chambre de Madame se veut confortable, cosy, dans un style plus contemporain (1950). Comme l’exige le protocole, Monsieur dispose de sa propre chambre, la chambre François 1er située dans la tour du même nom et accessible par un escalier. Sous une voûte nervurée, avec un sol dallé noir et blanc, son ameublement de style moyenâgeux/Renaissance ne laissaient pas insensibles les hôtes Américains.
Hors de ce studio, nous
traversons un long corridor étroit éclairé par des appliques murales,
desservant les chambres d’invités ; il m’évoque les coursives de paquebot
de luxe, ou encore les couloirs de riches hôtels entrevus dans des films
d’Hollywood. Nous n’irons pas à l’étage
supérieur réservé à loger tout le personnel indispensable au bien- être et au
service des prestigieux résidents. Durant la visite, nos accompagnateurs ne
nous ont pas quitté d’une semelle et nous ont menés de pièce en
pièce, sans pour autant nous bousculer lorsque l’un d’entre nous trainait pour une photo. Ils nous dirigent gentiment vers la sortie de
cette partie du château sous protection particulière.
Sans eux, Il nous reste à
admirer en toute liberté la salle de réception du XIXème
siècle, occupée par une vaste table dressée et chapeautée par un lustre
monumental en verroterie, ainsi que la
salle des Marbres datant du XVI°. Dans cette dernière pièce, les plaques
du précieux matériau recouvrent les murs, disposées en formes géométriques et
en médaillons dans les tons veinés de
bleues/ gris. Les meubles chaises
fauteuils, petites tables, 2 glacières (à bouteilles) supportant un personnage
suggèrent des moments de détente, de
conversation, et de carpe diem.Un peu poussés par le temps et
devant l’ampleur du domaine à parcourir, nous sortons du château côté façade,
face aux écuries monumentales destinées à loger jusqu’à 200 à 300 chevaux pendant les périodes de
chasse.