jeudi 20 avril 2023

L’eau douce. Catherine de Buzon.

A la source de la vie : l’eau. La conférencière devant les amis du Musée de Grenoble n’a pas été avare en images dont la première, « La nymphe de la source » de Cranach incarne l’innocence de la nature.
« N’interrompez pas le sommeil de la nymphe de la source sacrée, je me repose » 
G. Campani.
Cupidon, de ses bras moelleux, agite l'eau contenue dans le solide sarcophage pour faire le lien entre « Amour sacré et Amour profane » du Titien; d’un côté Vénus terrestre incandescente, de l’autre la céleste nue, tout en courbes.
Rubens
peint Cybèle et sa corne d’abondance face à Neptune dans «  L'Union de la Terre et de l'Eau » manifestant son espoir de levée du blocus en 1618 par les hollandais sur l’Escaut pour retrouver la prospérité d’Anvers.
Quatre tableaux de Thomas Cole repris en de multiples gravures détaillant « Le voyage de la vie » ont eu un  grand succès. L’immensité des possibles s’ouvre devant le bambin, le jeune tient le gouvernail, puis face aux déchaînements qui attendent l’âge mûr, la prière est le seul recours, alors que le vieillard est rejoint par son ange gardien.
Au dessus d’une surface horizontale apaisante, 
les prodigieux nuages se cabrent lors du strident « Coucher de soleil » de Church.
Dans les récits de la nature, 
les métamorphoses de l’eau se célèbrent dans « La mer de glace »  de Gabriel Loppé.
Avec « Retour du bois » de Segantini, dans une palette chromatique réduite, le « parfum transparent » de la neige silencieuse nous parvient.
Le fracas des « Chutes du Niagara » de Church a été entendu par de nombreux américains.
Friedrich
nous permet d’envisager le mystère : 
«  Brouillards du matin dans la montagne ».
La musique et la peinture vont d’une rive à l’autre, les reflets sont comme l’écho chez Kupka : « Les Touches de piano. Le Lac ».
« S
aint Christophe » par Konrad Witz respire la tranquilité.
La peinture américaine, comme la russe avec Isaac Levitan,  
« Paix éternelle », sait bien dire la nature grandiose
et Vassily Kandinsky la musicalité : « Chant de la Volga ».
Il y a une silhouette verte à retrouver parmi la diversité de tous ces verts dans « Étang envahi par les herbes » de  Vassili Polenov. Après fleuves et ruisseaux : « Une frange de fleurs à sa robe de soie. » comme disait Albert Samain, suivent les fontaines au bord desquelles l’amour courtois s’abreuve. 
Réservée aux femmes majeures, le temps de traverser « La Fontaine de jouvence » de Cranach, et voilà la jeunesse retrouvée.
Dans l’histoire de l’art et de la religion qui pendant longtemps coïncidèrent, abondamment documentés en liquide, de pêche miraculeuse en noces où l’eau se transforme en vin et baptême dans le Jourdain, je retiendrai au bord d’un puits « Le Christ et La Samaritaine » de Duccio lorsqu’il lui propose « l’eau vive qui deviendra en elle source jaillissante en vie éternelle »
Je ne reviendrai pas sur les larmes de Marie, sur le lac de l’Eychauda, et ne rouvrirai pas les parapluies de Caillebotte, présents en d’autres pages de ce blog… Bonnard et Cassat ... https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/10/autour-de-rogier-van-der-weyden-gilbert.html
https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/09/gustave-caillebotte-fondation-gianadda.html
« Lavabo et miroir »
Antonio Lopez Garcia nous ramènent à des préoccupations quotidiennes,
 tandis que la  « 
Grisonne à la fontaine » de Segantini permet de conclure une conférence où notre soif a été étanchée. Surtout quand Hugo vient mettre son grain de sel :  
« Mauvais éloge d'un homme que de dire : son opinion politique n'a pas varié depuis quarante ans. C'est dire que pour lui il n'y a eu ni expérience de chaque jour, ni réflexion, ni repli de la pensée sur les faits. C'est louer une eau d'être stagnante, un arbre d'être mort ; c'est préférer l'huître à l'aigle. »

mercredi 19 avril 2023

Royan # 2

Une fois la terre ferme retrouvée, https://blog-de-guy.blogspot.com/2023/04/cordouan.html 
nous retournons vers la voiture guidés par l’église Notre dame visible de loin et de partout.

L’édifice religieux  date de 1958 il fut érigé pour remplacer l’ancienne construction néo-gothique bombardée par les alliés en 1945.

Moderne et tout en béton, il innove tant pour sa forme que pour son matériau.
Et si l’extérieur bien qu’élancé, ressemblant à un silo, peut paraitre austère, triste, brut  avec son peu d’ornements, l’intérieur est surprenant.
L’entrée s’effectue par le haut de la tribune, d’où la vision d’une proue de bateau s’offre au regard. L’architecture  ignorant la croix grecque traditionnelle pour structurer l’espace lui préfère une forme en ellipse. Elle inclut une déambulation  qui épouse cette ellipse, délimitée par des arches en béton originales.
Quant à la couleur et à la lumière  dispensées par les vitraux, elles contrastent harmonieusement avec l’uniformité sombre des murs.
Mille éclats de couleur réchauffent le béton comme des lucioles.
Il y a des vitraux figuratifs comme la vierge couvrante au- dessus de l’autel mais aussi de grandes et étroites verrières s’élançant sur toute la hauteur des murs, avec des dessins plus géométriques ou plus abstraits.
Ici, le maitre verrier Henri Martin Granel a pour la 1ère fois expérimenté une nouvelle technique dont il est l’inventeur, en disposant des morceaux de verre perpendiculaires  au vitrail pour renvoyer la lumière, produire des effets d’irisation, et apporter une notion de tridimensionnalité...

Une atmosphère étonnante se dégage de cet endroit harmonieux à l’agencement surprenant, aux  belles proportions, dont Malraux ministre des Affaires Culturelles (1958-1969) dira : 
 « En entrant dans cette cathédrale de béton, fais silence.
Ici, tout est rigueur, élan, rudesse, austère beauté
La pénombre chante l’insaisissable, le divin, variable et constant comme la mer. » 
Avant de quitter les lieux, nous sacrifions au rituel du cierge brûlé en pensant aux copains les plus superstitieux ou croyants, rajoutant une petite lueur vacillante aux couleurs irisées des vitraux.
Dehors, le soleil rayonne et nous aveugle presque.

Nous remontons à pied le boulevard  Frédéric Garnier dans le quartier du Parc, l’un des rares épargnés par les bombardements inutiles et  meurtriers des alliés.
L’engouement pour les bains de mer, l’air marin et les plages de sable fin sont à l’origine de la construction de ce quartier résidentiel prisé par des gens fortunés.
De riches  villas de la fin du XIX° siècle, de l’entre deux-guerres  des années 50  ou contemporaines se côtoient, elles  jouissent  de la vue sur l’océan  dans un environnement  mis en valeur dès 1885 avec toute la modernité de l’époque (éclairage au gaz) et s’insèrent dans de magnifiques jardins : « elles servent à voir autant qu’à être vues » .
Véritables châteaux, « folies », de style hybride ou un peu plus simples, toutes manifestent  un soin dans la décoration que ce soit au niveau des matériaux, ou des  ornements :
céramique, bow window, grille marquise etc…

Et toutes portent un nom enchanteur : 
mon rêve, les campaniles, buisson ardent, vent de sable, aigue marine….

Nous sortons de Royan  en voiture   en direction de  Vaux sur Mer puis à Saint Palais sur Mer.
Très fréquentées,  ces 2 stations balnéaires proposent essentiellement des locations et attirent beaucoup de vacanciers  et  touristes.
Pas loin, la Grande Côte offre une immense plage, d’où émerge un  blockhaus, mais le lieu  moins bondé que les 2 précédents, ne possède qu’une petite quantité de bars face à l’océan, de l’ordre de 3 ou 4, en hauteur, assez déserts à  cette heure apéritive,  c’est idéal pour siroter une pression et se poser un moment.
Enfin, nous tirons jusqu’à La Palmyre. Mais ce n’est pas son  célèbre zoo qui motive notre venue, nous cherchons surtout  un endroit où nous restaurer.  A l’aide de Google, nous dégottons « L’adresse » ; ce restau, complet refuse du monde en ce lundi soir ; heureusement une petite table de deux se libère vite pour nous. Nous nous régalons d’une dorade au pistou et ses légumes du soleil ou d’un cabillaud en croute et chorizo, servis par un personnel actif et efficace. Une petite fraicheur s’installe, l’humidité nous rend tout poisseux à la tombée de la nuit. Il est temps de rentrer au bercail.

mardi 18 avril 2023

Le chien qui louche. Etienne Davodeau.

« Le chien qui louche » est le titre attribué à une toile découverte dans un grenier qu’une famille du Maine et Loire verrait bien accrochée au Louvre.
Les marchands de meubles en ont eu l’idée depuis que leur sœur est l’amie d’un gardien du Louvre, ce qui permet de confronter les artisans aux artistes et de poser la question irrésolue : qu’est ce qui justifie la présence d’une œuvre plutôt qu’une autre dans un musée?
Davodeau, familier des sujets sociaux penche cette fois du côté de la comédie, voire parfois de la caricature, sans en affecter toutefois le plaisir de lecture. 
Cet album entre dans la jolie galerie des éditions du Louvre où la BD rend hommage au lieu prestigieux désormais en sa pyramide.
« Excusez-moi… Vous pouvez m’indiquer « La Joconde » ? » 
Plutôt que les dessins assez ordinaires à l’exception de ceux croquant les statues, les dialogues révèlent efficacement les lourdeurs des frangins, les complicités des amoureux, les passions d’amateurs d’art, les touristes qui ne font que passer.
Un discours par un membre éminent de « la République du Louvre » situe bien le sujet : 
« Entre ici, Gustave Benion... Avec ton misérable cortège ! Avec ceux qui, comme toi, ont peint sans rencontrer la reconnaissance, et même - ce qui est plus consternant - ... Avec ceux que la gloire et la fortune ont endormis! Entre ici, avec tous les peintres du dimanche... Avec les approximatifs des bords de rivière !... Avec les aquarellistes des galeries marchandes. Avec leurs couchers de soleil trop colorés. Leurs natures mortes trop mortes. Leurs nus qu'on rhabillerait volontiers. Et leurs portraits qui n'en sont pas. Entre ici avec les malhabiles de la peinture à l'huile... Et ceux pour qui la peinture à l'eau, finalement, c'est pas rigolo. Entre ici, Gustave Benion avec ton "chien qui louche"! »

lundi 17 avril 2023

Les Trois Mousquetaires. Martin Bourboulon.

Quand j‘ai demandé à ma néo-collégienne si elle avait repéré de belles images, elle m’a répondu : « J’ai regardé le film ».
 
Excellente réponse, captivée comme son frère, vieux routier du primaire, impatient de voir D’Artagnan rapporter les ferrets à la Reine. 
Au bout des deux heures qui galopent, tout le monde a envie de voir la suite : ce sera Milady en décembre.
Il est bon de revisiter notre patrimoine et réviser l’histoire de France avec des acteurs qui font plaisir : Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Louis Garrel, François Civil, Lyna Khoudri.
La garde rapprochée de Louis XIII a la croix plus discrète que celle que nous portions quand nous jouions enfants aux gascons Athos, Portos, Aramis, d’Artagnan, avec nos moustaches dessinées au bouchon noirci à la bougie et nos épées de noisetiers aux pommeaux prélevés sur les boites de cirage de grand-mère. 
Les épées ne sont pas sous cape et quelques notations historiques, des caractères bien dessinés, des vertus de loyauté, de camaraderie, rendent attachant ce moment de divertissement familial. 

dimanche 16 avril 2023

Showgirl. Marlène Saldana Jonathan Drillet.

J’avais trouvé que la silhouette sexy cousue sur la silhouette plantureuse de l’artiste qui débute le show était bienvenue. 
En fait il s’agit de la reprise du graphisme du film « Showgirls » de Paul Verhoeven qui avait obtenu le prix du « pire film de la décennie et du siècle précédent » puis est devenu « culte ».
Au bout d’une heure et demie de théâtre où le kitch au rouge à lèvre débordant est sans cesse interrogé 
« Le bon goût, c’est l’ennemi de la créativité » j’avais manqué de références.   
Mais en me renseignant sur Wikipédia, j’en étais à partager le même sentiment qu’un critique du « Monde » qui après le film, avait écrit : 
« Le vide, même avec la conscience de la vacuité, reste le vide. »
Il s’était repenti quelques années plus tard :
« … la dialectique entre le corps-simulacre, le corps-image, le corps fétichisé, et le corps réel, la biologie… Showgirls parle bien sûr de cela. [...] Quand on regarde les grands films de l'histoire du cinéma, on voit que très peu ont été compris en leur temps. L’art est toujours en avance. » 
Pour ce qui concerne la version théâtrale, je ne l’accompagne plus dans son revirement, même si l’actrice excellente impose avec grâce son corps très dénudé, fière de son poids, comme on a pu déjà le voir chez Fellini avant que les « phobes » n’adjoignent ce suffixe aux gros et aux grosses… de riches.
Les mots sont bien troussés : 
« Dans cette ville branchée sublime chic et classe
Ringarde artificielle vulgaire cheap et crasse
Je l’ai compris dès le début faut devenir une vraie badasse
Sinon tu te fais baiser, bienvenue à Las Vegas. » 
Pourtant dominent chez moi accablement et fatigue quand face au parti pris véhément de ne voir que des ordures qui peupleraient ce monde, il n’y aurait qu’un humour codé, cynique, désespéré, à leur opposer. 
 

samedi 15 avril 2023

Les traversées de Dorothy Parker. Camille Mancy.

Ce livre de 150 pages à propos de la poétesse qui rédigea son inscription mortuaire:
« Excusez-moi pour la poussière » 
a failli « me tomber des mains » tant le personnage principal est pris dès l’entame dans un crépitement d’informations biographiques qu’une exhaustive notice Wikipédia rend bien mieux.
Si les évènements décrits constituent une riche trame dramaturgique, l’émotion n’effleure qu’à de brefs moments, sous un regard trop souvent distancié. La biographe n’a pas les qualités de son modèle à l’humour ravageur, parait-il.
Le romantisme des traversées en paquebot ne transparait pas plus que l’effervescence politique quand la chroniqueuse qui appartint à la rédaction de Vogue, Vanity Fair puis au New Yorker avant d’être dialoguiste s’engage dans la défense de Sacco et Vanzetti. 
« Les étoiles d’Hollywood ne savent de quoi demain sera fait. Leurs origines sont modestes, leurs noms empruntés, leurs convictions suivent le sens du vent. »
La contemporaine d’Hemingway, de Fitzgerald entre Los Angeles, Antibes, New-York justifie le bon titre « traversées », entre les deux guerres, entre deux mondes : celui des salons de l'hôtel Algonquin et les miséreux photographiés par Dorothéa Lange 
Le récit de son passage à Madrid pendant la guerre d’Espagne quand elle débarque en chapeau à fleurs, constitue le meilleur du livre :
« En fait d’interprète, le jeune homme n’a que des rudiments d’anglais, et Dorothy ne saisit que les mots « terre », « eau », « saisons ».

vendredi 14 avril 2023

Extrêmement.

L’image d’un individu qui a « les fils qui se touchent » pour dire les déraisons de l’heure peut rejoindre la banale constatation qu’en politique les extrêmes s’épaulent, se confortent, se touchent parfois.
L’étiquette « extrême droite » collée à tout contradicteur osant rappeler le nombre de policiers blessés, banalise le parti de la famille Le Pen qui en arrive à apparaître à la vue des commentateurs comme le seul bénéficiaire de toutes les péripéties politiques.
Avant de garnir les bancs du Palais Bourbon, le RN s’est installé dans les comportements revendicatifs et dans les têtes, grâce parfois à ses accusateurs. On ne peut oser dire qu’il a gagné dans le domaine de la culture tant les subtilités d’un monde plus éduqué, plus sophistiqué sont à l'opposé de ses objectifs anti-élites, bien que dans ce champ les acteurs du cinéma proclament leur anti fascisme sans intermittence, sans grande efficacité.
Les universitaires sont en tribune, alors que les leçons de l’histoire ne sont pas seulement oubliées des masses mais ignorées, voire niées, pendant que le niveau des passions s’élève  à mesure que celui des connaissances baisse.
Les héritiers des Croix de feu désormais cravatés ont perdu le monopole de l’anti parlementarisme lorsque leurs concurrents NUPES donnent une image déplorable de la représentation nationale. Ils furent complices sur les ronds points, d’où ils ont multiplié les images de guillotine pourtant abolie par Badinter. 
La manifestation de la place de la Concorde du 16 mars 2023 ne ressemblerait-elle pas à celle des ligues factieuses du 6 février 1934 ?
Si 1789 représente pour tout républicain une date sacrée, une évocation par Mélenchon, ne manquant pas de culot, oublie la légitimité républicaine qui différencie un président de la République d’un roi. 
« Le 5 et le 6 octobre 1789 les femmes marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi la reine et le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16 octobre. »
« Le Monde » journal jadis influent, rapporte que des influenceurs d'Internet sont contre la réforme des retraites, sous influence semble-t-il d'une nouvelle pensée unique qui n'a même plus à faire appel à des démographes ou à des obsédés de la dette, comme au temps des épidémiologistes nés dans la nuit, lors de la pandémie.
Le pamphlet «  L’insurrection qui vient » de Coupat a fait saliver bien les journalistes aux regards complaisants envers toute ZAD, ils en conservent la scansion, mais je n’y échappe pas en voyant arriver, s'installer des troubles cultivés, un séparatisme amplifié, des désaccords irréductibles. Je n'échappe pas au jeu des outrances en soulignant des faits minoritaires générateurs de généralisations abusives.  
Les blocages anti-démocratiques sont des entraves au droit de faire grève ou pas.
Quand des étudiants de Science Po affichent sur un mur dit de la honte, le nom de ceux qui s’opposent à ces entraves, je m’insurge contre la timidité des donneurs de leçons habituels.
Théâtreux, chercheurs, étudiants ne se distinguent pas de leurs ennemis en jetant l’opprobre sur les modérés et en approuvant les délateurs balançant ceux qui ont mal voté aux meutes.
Cette toute puissance (verbale) qui veut ignorer les contraintes économiques, financières, diplomatiques, les intérêts divergents d’une société, est du même ordre musclé que les hommes nouveaux promus jadis, au front fier, au poing déterminé, à la mâchoire serrée.
Extrêmes droite et gauche unies, honnissant pareillement l'Europe, se distinguent encore sur leur position à l’égard des étrangers, mais hormis la couleur de l’icône en vue, la même recherche de pureté les guide (voir la traduction du mot "guide" en allemand ou  en italien). 
Une douce police de la pensée  s’essaye, sans conduire à des goulags barbelés, elle sévit à l’intérieur de ces partis. Ils ont la liberté chatouilleuse et entre eux s’excluent, font taire les dissidents, faisant craindre des dérives liberticides au cas où ils accèderaient aux responsabilités. 
Le populisme, la démagogie en mettant la pression sur les élus, détériorent les liens sociaux, hystérisent les débats et conduisent de dangereux farfelus sur les plateaux, voire à incarner la République. Si quelques sages peuvent se rassurer en pensant que ces excès prouvent leur incapacité à gouverner, Trump les détrompe. 
« Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles. » Charles Péguy