mercredi 4 mai 2022

Le Nord du Bas Rhin.

Une fois le rangement effectué, les poubelles descendues au garage dans lequel j’ai failli rester prisonnière et les clés restituées, nous continuons notre périple dans le bas Rhin,
vers le N.E et L’abbatiale Saint Etienne de MARMOUTIER.
La façade romane de l’église alterne grès rose et grès jaune ; elle est percée de 3 portes protégées derrière 3 arcades et des fenêtres étroites peu nombreuses.
Massive et défensive,  elle a droit à des décorations végétales finement gravées autour des ouvertures et sur des chapiteaux cubiques, de style carolingien.
Des animaux en bas- relief apparaissent  de-ci de-là mais sans vraiment casser l’impression d’austérité du haut mur lisse. A l’avant et de chaque côté de l’édifice, à ras du sol, l’eau s’écoule de deux fontaines carrées le long de  rigoles légèrement en pente. 
Nous passons le seuil accueillis  par la musique. Quelle chance pour nous !
Un organiste joue sur un instrument réputé  pour sa sonorité exceptionnelle et réalisé par le célèbre facteur Silbermann.
Le musicien s’entraine sans doute pour un mariage car des demoiselles attachent des nœuds de tulle blancs et bordeaux en bordure des bancs.
Nous déambulons,  remarquons des chapiteaux comme ceux de l’extérieur, nous observons les jolies stalles en bois dans le chœur, sous l’œil de Dieu, et 4 sièges plus chargés surmontés de palmiers.
Les vitraux blancs filtrent à peine la lumière  et autorisent une clarté douce et naturelle à l’intérieur.
Outre son orgue, l’église renferme une autre richesse, d’ordre archéologique celle-ci.
Il s’agit de la crypte devenue musée lapidaire.
Vestige de l’ancien lieu de culte en ruine dont elle conserve les fondations, elle protège et expose des sarcophages, des tombes, un chapelet, des restes datés de l’an 800 pour les plus vieux.
De retour en surface, nous explorons Marmoutier assez désert. Notre petit tour nous amène devant le musée de la tradition et du judaïsme alsaciens, ouvert uniquement le mercredi vendredi et dimanche, pas de visite donc aujourd’hui, samedi…
Nous préférons rouler jusqu’à SAVERNE  pour la pause repas, et nous rapprocher de notre prochaine étape. Après la traversée de la grand rue, notre choix  de restaurant se porte vite sur la maison « Katz ».
Très belle maison à colombages de style renaissance allemande, le Routard la signale surtout pour son histoire son architecture et ses éléments ornementaux.
«Appartenant à un receveur de l’évéché Henti Katz en 1605  elle devint par la suite boucherie tonnellerie  avant d’abriter un restaurant dans la grande tradition alsacienne. »
Le décor et les meubles à intérieur cultivent effectivement  à fond l’esprit de la région. 
Les menus n’affichent que des plats traditionnels.
Ce sera pour nous Baeckeoffe et leweknepfles (quenelles de poulet), puis Strudel et meringue glacée avec chantilly, un petit café s’impose là-dessus ! Nous ne trainons pas à Saverne malgré un ou deux sites proposés à la visite, la maison Katz étant le plus recommandée.
Nous voulons  consacrer  toute notre après-midi au musée Lalique à WINGEN SUR MODER. Nous y accédons par des petites routes entre collines et forêts, entre Alsace et Moselle. Deux grands parkings sont prévus pour les visiteurs,  nous profitons du 2ème pour nous tous seuls. 
Le musée moderne s’intègre bien dans la nature, entouré et surmonté de jardins entretenus. 
Lorsque nous les parcourons, plusieurs panonceaux disséminés nous montrent le lien existant entre les plantes et les motifs végétaux des créations Lalique en exposant  devant les essences concernées, une photo d’une œuvre qui  les magnifie de façon stylisée.
Comment mieux démontrer les sources d’inspiration de l’art nouveau ?
La muséographie choisie à l’intérieur privilégie le sombre, notamment le noir  sur les murs et au sol, couleur chic  pour mettre en valeur les productions.
Des éclairages  bien  orientés  jouent, se reflètent sur le cristal et les verres transparents polis brillants ou colorés des objets variés sous vitrine.
Toutes ces pièces relèvent de l’apparat, du beau et du faste : merveilleux flacons de parfum, bijoux, bouchons de radiateur d’automobile, vases, lustres, vaisselles, présentoirs, services de verres et carafes. 
En complément, une exposition temporaire s’intéresse aux arts de la table.
Disciple des styles art nouveau, art déco ou styles plus récents, Lalique s’est adapté au monde et aux courants en évolution.
La finesse, l’élégance et les inventions, les prouesses techniques le savoir- faire  pour obtenir certaines formes justifient le succès de cette entreprise de luxe française.
La manufacture de Wingen sur Moder date de 1921 elle légitime  la présence du musée dans ce village autrement banal.
Sur un mur divisé en plusieurs écrans un film projeté dévoile les différentes étapes de fabrication ponctuées de commentaires d’ouvriers artisans.
Nous sortons du musée avec devant nous plus de temps que prévu.
Alors nous nous déroutons vers le château moyenâgeux de LICHTENBERG distant de seulement 6 km.
Il se dresse, haut perché au-dessus du village.
La montée se fait à pied, par un accès aménagé  et parsemé de plaques explicatives concernant  l’histoire de la forteresse ; elles décrivent les guerres subies sur plusieurs époques mais aussi la vie des villageois.
En majorité paysans ils durent exercer un 2ème métier pour survivre et s’engagèrent dans les activités foraines. Il est trop tard pour pénétrer dans le château et découvrir les transformations apportées à la Renaissance. Mais rien ne nous empêche de longer les murailles  la contre escarpe et les douves ; nous pouvons même apercevoir le donjon  malgré des échafaudages servant aux réfections. Nous retournons à la voiture du pas tranquille du promeneur.
La dernière étape de la journée est SOULTZ SOUS FORET, où nous devons prendre nos quartiers dans un quartier assez récent près du stade. Nous bénéficions d’une chambre disposant d’un lit d’une taille encore jamais vue de 2 m de large !
Nous nous promenons dans ce gros bourg équipé de sept médecins généralistes, trois laboratoires d’analyses, une maison de retraite pour la santé, d’une église un temple et une jolie synagogue pour le culte, du petit château Geiger pour le patrimoine, mais pas de bar, du moins ouvert ! Nous nous rapprochons  d’une enceinte en plein air en train de se remplir de spectateurs venus assister à une représentation de « la traversée du temps », illustrant la guerre de 1870, les batailles de Geisberg et de Froeschwiller.  La séance débute à 21h30 à la tombée de la nuit, et au vu de notre fatigue, nous finissons plus raisonnablement chez George (rare restaurant ouvert) avec une tarte flambée traditionnelle (flammkueche) et une bière.

mardi 3 mai 2022

Mademoiselle Baudelaire. Yslaire.

La muse de l’auteur des Fleurs du mal apparaît au premier plan tout en nous rappelant le génial poète : la proposition est originale. 
Même son nom, Jeanne Duval, est incertain, c’est que le couple entre deux séparations devait échapper aux huissiers, alors peu importe l’exactitude.
Le propos et les images évoquent un dix-neuvième sombre et créatif, violent et sensuel, maladif et assoiffé, plein de souffle. 
Comme fil conducteur, une lettre imaginaire de l’amante à Madame Aupick, la mère, qui avait brulé toutes ses lettres, pose bien les enjeux de la production poétique qui tutoie l’absolu et se confronte à des conditions de vie misérables, la beauté et la fange, la passion et l’abandon… 
« J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève !
Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts ». 
Deux cents ans après la naissance du dandy maudit, ces 150 pages donnent envie de revenir à quelques mots d’alors: 
« Je te donne ces vers afin que, si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et, navire poussé par un grand aquilon,
Fait travailler un soir les cervelles humaines,
Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines »

lundi 2 mai 2022

Vedette. Claudine Bories Patrice Chagnard.

Vedette, la vache, est reine des alpages suisses depuis des années et comptabilise toutes ses annuités pour faire valoir sa retraite. Au sommet de la hiérarchie d’un petit troupeau où chacune porte un nom, elle donne son dernier veau, et finira dans l’assiette de ses propriétaires. 
Les deux sœurs qui s’en occupent chaque jour lui ont offert toute leur attention, toute leur compréhension au cours d’une existence dans des paysages sublimes. 
Alors que je m’apprêtais à nourrir mon incompréhension envers les antispécistes en voyant le ridicule de la citadine lisant Descartes à la fenêtre de l’étable, le rebondissement final permet d’aller au-delà d’un moment contemplatif au rythme des saisons parmi des êtres pas vraiment impavides.
Les combats entre femelles évoquent la violence des taureaux, sans le sang, si bien que pour mimer quelque obsession urbaine « trans » on pourrait penser que ces belles bêtes noires d’Hérens, nourries aux fleurs, transcendent leur genre.      

dimanche 1 mai 2022

Ce qu’il faut dire. Léonora Miano Stanislas Nordey.

J’avais suivi le metteur en scène Nordey avec des hauts et des bas, 
et j’avais envie de me confronter à quelques problématiques autour de l’Afrique qui ces derniers temps auraient eu tendance à me déranger quand le mot race joue à contre-pied.
Il est loin le temps où j’eus droit au maillot des « Lions indomptables » sans qu’il fut question d’appropriation culturelle, pas plus que lorsque je croisais des gosses courant pieds nus derrière une trace de ballon de chiffons sous un maillot d’Arsenal déchiqueté. 
Les monologues accompagnés de percussions mettent en valeur les actrices « Afropéennes ». Et si je dois me résoudre à ce que les plateaux de théâtre n’accueillent pas forcément des dialogues, je reconnais que ces textes donnent à réfléchir même si parfois on aurait envie de réagir quand la présence chez nous de l’extrême droite me semble relativisée ou que l’action du TPI Tribunal Pénal International est remise en cause sans un brin d’explication.  
En cette fin de campagne présidentielle, j’ai eu le sentiment que ces questions d’immigration qui tant avaient agité la sphère médiatique étaient moins présentes, alors qu’au Mali, Wagner massacre sans que la moindre pétition ne soit proposée .
«  La question blanche » en introduction est pertinente, poétique, les mots sont pesés. Sans brusquerie est posée la question «  Que signifie être soi, être à soi ? » Notre peur, nos représentations, notre culpabilité sont reconnues, examinées, secouées.
La seconde partie «  le fond des choses » est une vaste entreprise balayant des siècles quand il s’agit par exemple d’immigration non choisie pour les occupants du May Flower arrivant au pays des Amérindiens ; esclavage, colonisation, exploitation. 
Mais le devenir des nations africaines aux contours dessinés par l’Europe, dépend aussi de leurs habitants, non ?
La conclusion s’avère trop lyrique et gémissante à mon goût, « La fin des fins » introduite par « J’ai fait un rêve » appelant celui de Martin Luther King se continue « … j’ai fait un putain de rêve ». Je viens de relire ailleurs le texte du pasteur : un grand monsieur.

samedi 30 avril 2022

Donne-moi la main pour traverser. Marion Ruggieri.

Ce beau titre dit toute l’attention portée par l’auteur à son amie écrivaine qui la reçoit pour la dernière fois avant de mourir.
On peut voir une mise bout à bout de ces fins de vie couchées sur papier, puisque le dernier livre « Tout s’est bien passé » de la mourante Emmanuèle Bernheim concernait les derniers instants de son père.  
« La mort est un lieu commun ». 
J’ai eu le tort d’aller voir sur Internet qui était cette auteure, recommandée par ma bibliothécaire, dont le nom me disait quelque chose. Sa notoriété télévisuelle m’a perturbé d’autant plus que débouchent dans les couloirs de l'hôpital Bichat des tas de gens connus. 
Mais la sincérité de son écriture éloigne du délit de belle gueule tant il est vrai que l’on a plutôt tendance à compatir avec Bukowsky qu’avec une rédactrice de « Elle ». 
« Ma Nuèle, je manque de mots. Est-ce que je peux venir t’embrasser ? 
Je t’aime tendrement. 
Ta for ever Rion » 
Marion Ruggieri met des mots simples pour parler de la rayonnante Emmanuèle en 90 pages essentielles et pudiques, inscrites dans la vie.
Elle parle de son fils :  
« Après l’accouchement, cette phrase d’une amie :
 Désormais, tu seras inquiète toute ta vie. » »  

vendredi 29 avril 2022

Le peuple a parlé.

Pour ceux qui ne le sauraient pas : Emmanuel Macron est réélu Président de la République avec 17 points d’avance alors que ceux qui ont perdu au second et au premier tour se proclament vainqueurs ! Se rejoue avec toujours les mêmes souriants figurants une autosatisfaction rituelle reprochant leurs sourires au lauréat et à ses soutiens.
J’ai eu peur d’une autre issue, tant ce que je perçois de l’état d’esprit du pays me semblait malsain, quand depuis longtemps la légitimité des élus est remise en cause y compris par d'autres élus et que je vois se noircir l’âme humaine. La mauvaise foi : « on n’a rien fait pour nous » après le « quoi qu’il en coûte » ouvre la porte du saloon à la violence.
Quand mon petit colibri trouve que son grand-père utilise trop d’eau pour laver la salade, ce filet d’espoir d’une attention à la nature se perd dans les ruines de l’Ukraine, nom d’une autodestruction planétaire en route.
Depuis qu’ils n’ont pas vu venir les Gilets Jaunes, les médias ne voient plus qu’eux, et en rajoutent  dans la complaisance. Le débat avant le second tour présenté comme décisif mettait en évidence la compétence de l’un et les insuffisances de l’autre, mais les commentaires ont évoqué plutôt la suffisance de l’un et les capacités de l’autre à comprendre les souffrances françaises, bien qu’elle ait peiné. L’intelligence n’a pas bonne presse.
Par contre BFM n’aurait pas dû nourrir les réseaux des réactions grossières de deux supportrices de Le Pen dont le mépris n’appelle que le mépris. Elles n’ont pourtant pas l’exclusivité de la malhonnêteté, comme si leur bulletin valait davantage que celui des autres « moutons », suivant leur terminologie antivax. Des occupants de la Sorbonne rejouant « Bonnet blanc et blanc bonnet » ont pu choquer aussi. Il n'y pas de tuto pour apprendre la différence entre l'extrême droite et l'extrême centre? Et visiblement les informations depuis les frontières défoncées par Poutine ne sont pas parvenues aux aveugles pourfendeurs de « Marine Macron». Ce sont bien eux les arrogants franco-français qui renforcent les légitimistes fatigués de tant de bruit et de fureur en continu.
Je fus de cette génération désormais honnie, après avoir été louée, et parmi les stupidités que notre arrogance d’alors nous faisait proférer : « élections piège à cons » était un des slogans dont j’ai aujourd’hui le plus honte. 
Sans élection pas de démocratie. Sommes-nous à ce point en crise qu’il faille ressasser de telles évidences pour réaffirmer que les citoyens sont égaux et que le respect de la majorité une fois les dépouillements effectués s’impose ? Quelques crânes rasés frétillaient quand ils étaient traités de nazis, mais leurs tatouages me semblent plus inoffensifs que la démagogie déversée par droite et gauche extrêmes et leur complaisance vis-à-vis des rétifs au vaccin qui a tant rapporté de suffrages aux Antilles.
Alors que le mot « dictature » a été bien souvent employé à mauvais escient, pas d’autre mot ne me vient quand sont remis en cause d’une façon permanente les élus qui en arrivent à être violentés. «  L’état c’est eux ! » Il ne s’agit pas de s’abstenir de débattre entre deux scrutins mais l’obstruction systématique, l’opposition butée, éloignent les compromis qui accompagnent nos existences. 
« Ne dites pas : la vie est un joyeux festin ; 
Ou c'est d'un esprit sot ou c'est d'une âme basse. 
Surtout ne dites point : elle est malheur sans fin ; 
C'est d'un mauvais courage et qui trop tôt se lasse. 
Riez comme au printemps s'agitent les rameaux, 
Pleurez comme la bise ou le flot sur la grève, 
Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ; 
Et dites : c'est beaucoup et c'est l'ombre d'un rêve. » Jean Moréas

jeudi 28 avril 2022

Vert et jaune. Serge Legat.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble avait sous titré son exposé « Du hasard à l’infamie infamie  » pour évoquer l’ambivalence de la symbolique des couleurs. 
« Matinée à Beauvais », Corot, ambigu lui aussi, héritier de Poussin, a été considéré comme un des précurseurs de l’impressionnisme.
Alors que le monde se définit
par les quatre éléments, air, feu, eau, terre, le vert va être associé tardivement à la nature romantique. « Un chemin montant». 
Le vert est paisible, Goethe le recommande pour les papiers peints des chambres à coucher. Pour la liturgie catholique, les dimanches ordinaires, les prêtres portent cette couleur.
Mais chimiquement instable, avec le temps, il tourne au bleu dans « La ruelle » de Wermeer.
La
malachite est utilisée dès l’antiquité. Les éléments chimiques qui composent le vert égyptien, la terre verte, le vert russe, sont altérables. Son aspect changeant peut représenter l’instabilité, la transgression, allant de la verdeur d’un langage à celle persistante d’un vieillard.
Cennino Cennini
auteur du « Libro dell'arte », précieux pour sa description des ateliers d’artistes, a peint un « Saint Grégoire » au teint de peau différent des pécheurs ordinaires, juxtaposant couleur froide qui éloigne, et rouge qui avance. 
A rapprocher des précautions de maquillage prises par deux romaines décadentes lors d’une orgie dans « Astérix chez les Helvètes » : 
«  Passe moi le vert à lèvres, que je me refasse une laideur ».
Le « Portrait d’un jeune homme au toquet noir », tableau de cabinet, de petit format, est peint par le franco-hollandais Corneille de la Haye dit Corneille de Lyon.
Hans Baldung, dit « Grien »( green) tellement il a utilisé cette couleur privilégiée dans la palette des pays du Nord a réalisé le « Portrait de Ludwig Levenstein »
Il a été l’élève de Dürer qui avait rendu lui même hommage à son maître dans son « Portrait de Michael Wolgemut ».
« Maximilien 1° »
son mécène, tient dans sa main une grenade ouverte; ainsi réunit-il plusieurs peuples sous son universelle autorité.
Le vert colore le paradis des amours enfantines », il est fugace, comme la chance à la table des jeux de hasard dès le XVI° siècle à Venise et aussi excentrique et transgressif comme le « Joker 2019 » (Joaquin Phoenix). Les comédiens bannissent le vert depuis que Molière est mort sur scène ainsi vêtu.
Dans  « Saint Georges terrassant le dragon » d’Uccello la bête maléfique est de la couleur des serpents
et de « La tête de Méduse » du Caravage.
Moins connu que Courbet au «  Ruisseau du puits noir »,
«  La saulaie »
ne laisse pas deviner que son auteur Mondrian ira à l’essentiel avec
« Composition avec rouge, jaune et bleu » et fera passer la couleur complémentaire après les primaires.
De « Feu vert » en « mise au vert », nos contemporains de la Loire et au delà apprécient la couleur du maillot de Saint Etienne davantage que le rouge, mais moins que le bleu. 
La croix verte des pharmacies insiste sur l’idée d’hygiène, d’écologie, alors que les oasis ont inspiré la couleur du turban du prophète Mahomet et les couvertures du Coran, le drapeau de
l’Arabie Saoudite.
 Le jaune a connu des fortunes diverses, apprécié dès l’antiquité et en Asie.
En Chine, il porte la marque impériale,
« Huangdi »,
« Icône de l'Échelle sainte Monastère Sainte Catherine du Sinaï ». La concurrence reste déséquilibrée face au doré, soleil, énergie, puissance, sacré… valorisant toutes les représentations moyenâgeuses qui n’avaient souvent que des cierges pour briller.
«Trahison de Judas recevant les trente deniers »
, de l’église Saint-Ouen des Iffs. 
Le premier des traitres porte la couleur qui deviendra celle des maris trompés. 
Il cumule les défauts : roux et gaucher.
Avant l’étoile jaune bien visible, les juifs portaient la rouelle en forme de denier:  
« Juifs portant la rouelle condamnés au bûcher ».
Chimiquement stable, à partir du réséda des teinturiers, du safran, ou nuance parmi les ocres, le jaune éclaire depuis 20 000 ans les grottes de Lascaux.
Il orne les stamnos, vases grecs destinés à conserver le vin.
Géricault
auteur romantique du « Radeau de la Méduse », au cours de ses recherches fiévreuses, rencontre un de ses amis qui a la jaunisse et s’écrie : « Que tu es beau ! » Il a trouvé le ton pour les naufragés. Les héros de David peuvent laisser la place aux victimes.
Le jaune de Naples s’est révélé toxique, Van Gogh utilise le jaune de chrome :  
«  Maison jaune à Arles ».
Ses « Tournesols » cherchent le soleil comme il a cherché Dieu.
« L’Omnibus »
éclatant de Bonnard débouche 
alors que les premières ampoules électriques lancent leurs lumières jaunes.
Le « Chat aux poissons rouges » du fauve Matisse carrément blond, 
peut entrer dans la famille des chiens rouges de Gauguin.
La «  Peinture pure » de Van Doesburg  met la couleur aux lueurs proches du flavescent
en bonne place.
Le maillot de la couleur du journal l’Auto qui créa le Tour de France fut remis pour la première fois à Grenoble en 1919 à Eugène Christophe, dit « Le Gaulois ». 
Quand le rire prend la teinte des briseurs de grève, il n’est vraiment pas franc.
Il est menacé par l’orangé omniprésent dans les années 70 dont les vitamines sont visibles à  « l’Institut néerlandais de l'image et du son » au pays de la maison d’Orange qui connut en peinture son « âge d’or ». 
« Certains peintres transforment le soleil en un point jaune ; d'autres transforment un point jaune en soleil. » Picasso 
« Paysage catalan (Le Chasseur) » Joan Miró.