mercredi 27 avril 2022

Strasbourg # 5.

nous nous déplaçons vers le N.E en direction des Institutions Européennes.
Nous posons la voiture au P+R tout proche et  nous investiguons autour du Parlement.
A ses pieds, le club d’aviron s’entraine sur  l’Ill. 
Un planton nous informe que le bâtiment  ferme à midi et rouvre à 13h.
Nous cheminons alors à la recherche d’un restaurant, découvrant un quartier ouvrier attenant avec des maisons clonées mais plutôt cossues, des villas bénéficiant d’une ambiance reposante.
Malgré la proximité du Parlement, nous ne dégottons pas facilement un lieu de restauration :
un passant interrogé nous indique le parc de l’Orangerie, le plus grand de Strasbourg où effectivement  nous pouvons nous installer à une terrasse  pour « snacker » et plus si l’envie se faisait sentir.
Une salade de crudités et un plat végétarien remplacent le menu du jour épuisé à cette heure tardive.
A côté, une maison ancienne à colombages provenant de Molsheim  dispose d’un restaurant chic aujourd’hui apparemment fermé. Nous profitons du lieu verdoyant et paisible. Ce joli parc doit son nom  au beau bâtiment à grandes verrières destiné aux plantes.  Des cyclistes et des joggers sillonnent les allées sans gêner les promeneurs qui  peuvent apprécier les aménagements, les grandes surfaces de  gazon bien tondu et un plan d’eau avec des jets et des cygnes.
Nous retournons au parlement Européen,  mais avant d’en franchir les portes, il nous faut  récupérer à la voiture des masques chirurgicaux, seuls acceptés en ces lieux,  nos masques en tissu ne convenant pas. 
Nous montrons patte blanche avec notre carte d’identité (impasse sur le Pass sanitaire), passons ainsi que nos sacs sous des portiques obligatoires comme dans un aéroport et pénétrons dans une cour circulaire immense.
Du personnel nous explique comment parcourir les différents endroits accessibles au public  en suivant les balisages.
L’architecture intérieure est vraiment belle, grandiose.
Nous évoluons dans une sorte de jardin d’hiver
avec des plantes lianes accrochées à des tubes sur plusieurs étages 
dans une dominance de verre, bois et métal.
Des escalators et des ascenseurs  desservent les niveaux où les bureaux clos reçoivent les députés ou les réunions.
Lorsqu’aucune séance ne se déroule, l’hémicycle se visite à l’aide d’audio guides prêtés  gratuitement.
Comme dans un écrin, il est enfermé dans une structure en bois en forme de boule. 
A l’intérieur, nous accédons par le haut dans la salle en gradins sur lesquels nous nous asseyons pour écouter l’exposé enregistré d’une vingtaine de minutes, très instructif. 
Ici, quelques 700 voire 751 députés des pays de l’Europe siègent  regroupés par tendances politiques et reliés par casques à de nombreux traducteurs. Seule la teinte  bleue du drapeau  s’impose sur le mobilier ou toutes les surfaces colorées de l’hémicycle, abandonnant  aux  étendards nationaux  réunis la lumière, la diversité et l’éclat. Hors de la salle en suivant le balisage, des informations interactives très pédagogiques complètent la visite. Elles concernent les députés de chaque pays, leur nom, leur CV, leur fonctions.
Elles citent  aussi quels sont les lieux spécifiques, par exemple, Francfort pour les finances,  Luxembourg pour la justice. Tous ces renseignements s’obtiennent au moyen  d’écrans manipulés avec des stylets en forme de stylo/lampe made in China offert en souvenir. 
En souvenir aussi, l’Europe nous propose de poser avec en fond d’image soit la façade du parlement, soit l’hémicycle et de nous expédier la photo obtenue par mail. 
Enfin, une série de clichés célèbrent les moments forts et les personnes marquantes de la CE
Le circuit balisé étant fini, nous sortons du parlement.
Nous  nous acheminons vers le Palais des droits de l’homme, bien qu’il ne se visite pas. Nous tombons sur une manifestation  modeste de jeunes Turcs interdite d’entrée et stationnée devant la grille. Un jeune homme au français difficile malgré ses efforts  est heureux de notre intérêt. Il nous renseigne sur leur  intervention qu’il souhaiterait  plus médiatisée bien qu’une caméra filme les porteurs de pancartes et enregistre l’interview d’un des leurs. Les revendications portent sur l’arrestation de 355 cadets de l’armée arrêtés sans jugement la nuit dernière et de la mort de 2 d’entre eux. 
Nous rentrons nous reposer et diner à la maison  (gaspacho taboulé mousse au chocolat  et bière). Nous espérons bien ce soir assister au son et lumière de la cathédrale. Nous attrapons la navette pour les Halles Sébastopol sans oubli et sans erreur et même en avance.
Nous disposons de tout notre temps pour rejoindre le lieu du spectacle, plutôt lumière que son. Les thèmes de la projection n’abordent pas l’histoire du monument ou de la ville, comme à Amiens, Reims ou Chartres mais ils s’avèrent plaisants à regarder.
Nous disons adieu à Strasbourg avec une dernière promenade vers le pont du corbeau au milieu du monde flânant dans les rues.

mardi 26 avril 2022

La revue dessinée. N°35. Printemps 2022.

Depuis l’automne - j’avais oublié le numéro de l’hiver - 
celui de cette saison printanière déroule ses préoccupations, pourrait-on dire habituelles, quand  nous sommes en plein dans l’urgence écologique et non plus dans son annonce.
Les montagnes s’effritent et les glaciers se décrochent, les alpinistes s’inquiètent et s’adaptent. 
Le regard critique des dessinateurs-éditorialistes les amène à relativiser les problèmes de sécurité d’aujourd’hui et leur traitement médiatique en rappelant « les Apaches » d’il y a 100 ans.
La lutte contre la maffia par la confiscation de leurs biens semble entraver les activités de la Cosa Nostra, de la Camorra, ou de la Ndrangheta. Par exemple, dans le quartier de l’Elysée, après de nombreux exemples italiens, un appartement luxueux appartenant à un mafieux a été confié à une association pour protéger des femmes de leurs proxénètes.
La démarche de collectifs de citoyens expérimentant de nouvelles formes de démocratie comme à Saillans est louable, mais ne sont pas éludées les difficultés : dans le village pionnier de la Drôme, l’équipe modèle n’a pas été réélue aux dernières municipales.
Sont rappelées l’histoire des dénominations droite/gauche, la genèse de la Marseillaise, et sous le titre «  aux portes des palais » les complaisances dans certains médias avec l’extrême droite.
Il est toujours intéressant d’être renseignés sur les allées du pouvoir, cette fois à l’Ecole des mines.
La description d’un film japonais «  Bonjour »  d’Ozu donne envie d’aller le voir, mais je suis trop loin de la culture musicale punk pour chercher à mieux connaître Vini Reilly.
Aucune nostalgie n’accompagnera le déclin de l’industrie de la fourrure alors qu’un soulagement peut naître à voir l’impunité des multi-nationales  enfin remise en cause depuis une loi de 2017 suite à l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh qui avait fait périr 1127 ouvriers.
La persévérance de militants permet quelques avancées sur la question des essais atomiques dans le Pacifique mais il leur faut encore lutter. 
La mi-temps est bienvenue avec les jeux écossais avec lancer de troncs et de pierres en tous genres.

lundi 25 avril 2022

Le temps des secrets. Christophe Barratier.

A l’heure où aller au cinéma devient une activité ringarde, il fallait que je me dépêche pour partager cette chronique de la fin de l'âge tendre avec ma petite fille dans une salle presque déserte. De ne plus être accessible aux critiques de Télérama m’a permis de me laisser traverser d’émotions, sans vergogne.
1905 : l’église et  l’état se séparent et le père instituteur exemplaire s'affronte gentiment à l’oncle Jules, alors que je ne me souvenais pas que tante Rose et Augustine allaient aux réunions de suffragettes en catimini.
Un premier amour est toujours émouvant, même si le regard moqueur des adultes ne masque ni leur amnésie, ni leur lourdeur.
J’espère que ma petite ira au texte car Marcel Pagnol sait si bien exprimer l'enfance. Son titre élémentaire traite des mystères qui malmènent une amitié, bousculent un petit frère, ouvrent les yeux sur les non dits des parents.
La lumière de la Provence pousse à l’universel, quand une famille rayonne tant depuis la terrasse d’un cabanon. Elle permet de pardonner plus facilement les faiblesses, et adoucit les distances entre classes sociales lisibles dans une opposition ville/campagne parfois surmontable, à cette époque. 
La nostalgie n’est pas forcément une régression, elle peut donner de l’épaisseur à nos jours et traverser les siècles.

dimanche 17 avril 2022

Bénabar concert « Indocile heureux ».

Depuis Souchon, je n’étais plus allé en concert 
cette fois au Grand Angle je retrouvais aussi un familier. 
L’auto dérision lui permet de passer du romantisme le plus désuet au cynisme le plus contemporain.
Combatif  plein d’entrain : 
« On lâche pas l'affaire
Même quand ça secoue
Même quand ça remue
On va pas nous la faire nous »
 
et secouant ses humeurs grises en hommage au duo qu’il fit avec Renaud : 
« C'est pas d'espoir qu'on a besoin
C'est de tendresse et de force
Allez, viens, on va manger chez les Corses
Pour tuer le temps, légitime défense
On dira du mal du mal des gens
Qui disent du bien de l'existence »
Il joue avec les dualités optimiste / pessimiste, province/ Paris, homme/femme en dégustant le temps qui passe et pardonne les emballements, les infidélités. Indulgent avec sa petite brioche, dans un sourire, il permet les attendrissements. 
Le concert prouve le professionnalisme de la troupe et l’énergie du chanteur, son investissement, mais de plus en plus, je me mets à préférer l’intimité feutrée d’un enregistrement aux mouvements de foule. Pourtant les battements de mains et les balancements lumineux des portables peuvent inscrire dans les mémoires la variété offerte pendant deux heures passant d'une délicatesse feutrée à un ardent dynamisme.
......
Les petits sont là: Papou s'éloigne de l'ordi et reprend lundi 25 avril.  

samedi 16 avril 2022

La carte postale. Anne Berest.

J’ai apprécié cette enquête palpitante qui m’a semblé renouveler les récits concernant la Shoah. En effet la reconstitution de la vie de plusieurs générations juives depuis le début du XX° siècle nous concerne tous, quand on peut entendre dans les cours de récréation :  
« on n'aime pas trop les juifs ».
Ce type de phrase rapporté par la fille de l’auteur avive la nécessité d’écrire ses 500 pages avec l’aide de la grand-mère.
Au bout de recherches où sont revus les trajets des ancêtres depuis la Russie, en Lettonie, en Palestine, puis en France, contournant les silences tout en se montrant respectueuse de ceux qui portent des blessures inguérissables, Anne Berest sait : 
«  Je suis fille et petite fille de survivants.» 
C’est à Auschwitz que s’est terminé la vie de quatre d’entre eux : Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques dont les noms figurent sur une carte postale énigmatique reçue récemment, fil conducteur d’un récit passionnant où le passé est toujours évoqué dans un contexte très actuel. 
« Dieu était mort dans les camps de la mort » 
Dans ses efforts pour obtenir la nationalité française, Ephraïm repensait à une expression de son père : 
« Une foule de gens. Et pas une seule vraie personne parmi eux. » 
Les gendarmes sont venus frapper chez les parents après que les enfants aient été déportés : 
«  Ils ont une valise pour deux, presque rien, mais quelques objets qui feront plaisir aux enfants, quand ils les retrouveront. Emma a pris pour Jacques son jeu d’osselets et pour Noémie un carnet neuf avec du beau papier. » 
Anne et Claire, les petites filles deviendront écrivaines.  
« Fier comme un châtaignier qui montre tous ses fruits aux passants »
Quelques phrases prélevées ça et là ne pourront rendre la profondeur de ce livre qui a eu le prix Renaudot des lycéens, elles pourraient dire simplement la diversité de l’écriture :  
« Le véritable ami n’est pas celui qui sèche tes larmes. C’est celui qui n’en fait pas couler. »
« Oh tu sais, ceux qui médisent de moi dans mon dos, mon cul les contemple. »
« Je cherche dans les livres d’histoire celle qu’on ne m’a pas racontée »

vendredi 15 avril 2022

Récalcitrants.

Je ne nourris aucun scrupule à me mêler du débat politique,  tant il est sommaire, et que se multiplient les atteintes au bon sens, à mon sens.
Je ne reviendrai pas sur les absurdités de l’abstention, alors que des citoyens ne sont pas arrivés à se déterminer au premier tour parmi un nombre important de candidats.
Avant le second tour, des adeptes de la voix du peuple ne respectent pas le verdict populaire  et ne veulent pas voir de différences entre dictateurs: rallumez les "Lumières"! 
Pour les éoliennes, c'est kif kif?
La présentation genre music hall de la soirée électorale, avec Delahousse jouant du suspens pour garder les téléspectateurs, surlignait la superficialité de notre société du spectacle. 
Il répétait à chaque fois qu’il donnait les pourcentages que c’était de la faute à Roussel si un autre avait le nez dans le ruisseau. 
Ses propos ont été repris à satiété, comme s’il n’y avait pas de différence dans les programmes entre communautarisme et laïcité pour ne citer qu’un exemple. Des candidatures peuvent être jugées folkloriques mais pourquoi d’autres proclamant leur volonté d’abattre notre démocratie seraient-elles plus légitimes que d'autres? 
Après avoir bien mis en valeur leur ancien confrère des « Jours heureux », voilà t’y pas que les médias réprouvent le candidat du P.C. qui fut au plus haut avec son bon vin et son bon fromage. Ainsi se rejoue jusqu’à la nausée : les médias qui lèchent, lâchent, lynchent. 
Il y a eu un vote utile qui a gonflé les voiles des trois premiers pourtant les persistants dans leurs convictions sont respectables et les faciles commentaires d’après coup peuvent paraitre insignifiants. Les commentateurs, speakerines, éditorialistes, comiques, annonceurs, publicistes se confondent. Et le président de la République appelant un journaliste par son prénom nourrit les soupçons de connivence.
Les invités sont toujours les mêmes : j’adore Dany Cohn-Bendit et je chérissais madame Royal, mais qu’ils profitent de leurs petits enfants comme les barbons qui prônent la retraite à 60 ans !  On a beau zapper, on retrouve faisant le tour des plateaux … Copé et Dati ! 
Vieille carne, il me faut de la chair fraiche, comme Sandrine Rousseau dans le rôle de la méchante, elle ne déçoit jamais. Je croyais que d’être écartée par Jadot à cause de ses outrances allait servir le candide candidat, mais on la retrouve à faire la grimace quand son leader s’exprime. Par qui était-elle mandatée, elle qui dessert ceux qu’elle est sensée servir ?
Au-delà de l’adage qui veut que les extrêmes se rejoignent, il est un mouvement venu de loin qui vise à tout confondre et pique les yeux. Que l’extrême droite flatte les « Insoumis » relève d’une politicaillerie sommaire qu’ils réprouvent chez les autres. La réciproque a été vraie entre fâchés. Mais qu’ont-ils fait pour mériter ces appels de phare ? Je n’avais pas réprouvé le leader mazimo quand il avait dit « la République c’est moi » tant il est vrai que chaque élu a droit au respect. Encore eut-il fallu qu’il n’y eut pas besoin de le proclamer quand sa violence à lui passe pour de la force et ses excès verbaux pour de l’éloquence. Depuis les jaunes ronds points où la remise en cause des processus démocratiques s’excitait, bien d’autres élus ont été insultés, attaqués et les protestations des indociles d’ici et là furent minimes. A défaut d’avoir un martyr, l’usage de la provocation devint coutumier et se banalisa sur les réseaux ; nous en sommes là parmi les boute-feux. 
Les excessifs apparaissent forts, pas seulement par leur talent, ni comme pour chaque phénomène, par la faute à Macron, c’est que dans le théâtre du quotidien les grandes gueules nous divertissent davantage que les sages.  Avec les nouveaux modes de communication où les idées se font sur des titres volontiers incomplets, il ne faut pas s’étonner de la brièveté des analyses galvanisant nos bêtises. 
Je dénonce les connivences entre populistes et démagogues, mais je ne peux adopter le raccourci « tous pourris » : s’il y avait eu le choix extrême gauche contre extrême droite, j’aurais choisi de faire barrage à l’extrême droite sans m’abstenir. 
Pour ce qui est de la vraie vie, comme d’habitude, je vote évidemment pour Macron. 
«  L’extrême esprit est accusé de folie, comme l’extrême défaut...
C’est sortir de l’humanité que de sortir du milieu. » Blaise Pascal

jeudi 14 avril 2022

Sorolla. Catherine De Buzon.

Le tableau « La mère » attendait les auditeurs qui avaient rempli la salle de conférence des amis du musée de Grenoble. Le bonheur familial fonde ici le doux miracle de la vie. Nous allions pouvoir mieux connaître « le peintre du soleil », celui des pêcheurs et des rois.
« Joaquín Sorolla »
, prononcer « Soroya », est recueilli par un oncle serrurier après que ses parents ont été emportés par une épidémie de choléra, deux ans après sa naissance en 1863. Pendant l’adolescence, il suit des cours du soir puis ceux des Beaux-arts de Valencia.
Il fait la connaissance du photographe Juan Antonio García del Castillo dont il épouse la sœur « Clotilde » qui deviendra sa muse et la mère de leurs trois enfants.
La lumière perce déjà dans une de ses premiers tableaux : « Naturaleza muerta ».
Dégagé du décoratif  avec une « Marine »
il se coltine au « grand genre », la peinture d’Histoire :
«
 Le Cri du marchand de paille »  est celui de Vicent Doménech, premier opposant à l’occupation napoléonienne en1808. L'artiste obtient une bourse pour aller à Rome.
« El Padre Jofré, defendiendo a un loco »
souligne le rôle pionnier de la ville de Valence dans le traitement des fous.
Il passe par Paris. « Café de Paris » s’autorise à ne pas cadrer les pieds comme dans les estampes japonaises ou en photographie. En  1889, il revient en Espagne.
Dans la « Vente de melons » la lumière transcende les couleurs.
Tous les âges sont représentés dans « La famille de Ségovie », harmonieuse.
Par contre « Une autre Marguerite » a noyé son enfant.
« La Traite des blanches »
est un sujet  tout aussi social que
« Et en plus elles disent que le poisson est cher ! »
La consécration s’affirme avec ses toiles au bord de la Méditerranée, l’air est léger et le vent puissant dans « Retour de la pêche : halage de la barque »
« Pêcheurs de Valence »
La composition originale de « Cousant la voile » met dans la lumière le travail des humbles.
« Le transport du raisin » brille de tous ses sucres,
alors que «  L’emballage des raisins secs » se fait loin du folklore 
des mantilles et des éventails.
Dans un contexte où l’Espagne vient de connaître l’humiliation lors de l’indépendance de Cuba, le « Triste héritage » où la chair est misérable représente-t-il l’état du corps social ?
En 1906 une exposition personnelle propulse le peintre des plages sur la scène internationale : « Instantané » exprime la manière vive de l’artiste et rappelle l’histoire familiale.
 
« Je ne pourrais pas du tout peindre si je devais peindre lentement. Chaque effet est si passager, il faut le peindre rapidement. »
« Les Trois Voiles » 
: la lumière est intègre et la vie simple avec
« Le bateau blanc » .
Dans la scansion des obliques apparaît la
« Petite fille sur la plage ». 
« L'on ne discute pas avec un homme qui vous fait voir, d'un bon coup de poing dans les yeux, comme on dit, "trente-six chandelles". On se contente de l'éblouissement que vous cause cette prodigalité de luminaires » Arsène Alexandre.
La mer devient villégiature, « Clotilde et Elena parmi les rochers de Jávea »
« Promenade au bord de la mer »
.
« Courir sur la plage »
appelle la mythologie quand les enfants s’envolent,
« Après le bain »
si charmant, se passe de commentaires.
Il ne se contente pas des portraits familiaux, « Maria »
ou l’adorable « Teresita » voire
«  Femme nue »
perle dans son écrin,
il réalise le « Portrait d'Alphonse XIII en uniforme de hussard »
ou celui de « Mr. Taft, Président des Etats-Unis d'Amérique ».
Il va consacrer dix ans de sa vie à la réalisation d’une « Vision de l’Espagne » dont les dimensions  impressionnantes 3,50 m sur 70 m imposent celles du bâtiment pour «The Hispanic Society of America ».
Malgré cet éloignement, sa renommée ne s’est pas estompée. Au moment de ses funérailles en 1923, une querelle éclate quant au lieu de sa sépulture, finalement c’est à Valence qu’il sera enterré.Un musée à son nom est installé à Madrid dans la maison aux trois jardins qu’il avait acquise. Artiste de pleine nature, il considérait l’atelier comme « un garage, un endroit pour stocker des images et les réparer, jamais un endroit pour les peindre. »