mercredi 2 février 2022

Rouffach. Neuf Brisach.

Nous renonçons à la visite du château d’Isenbourg,
excentré et actuellement  hôtel restaurant de charme.
Par contre nous longeons les remparts et le parc des cigognes. Sa création fut décidée pour enrayer leur disparition dans les années 70. Cette pouponnière, voire asile, recueille les oiseaux sous des filets protecteurs où les pensionnaires disposent de nids sur des mâts plus ou moins hauts et d’espace pour voler.
Leur captivité est  temporaire, ils sont destinés une fois relâchés à assurer la propagation de l’espèce en Alsace, et même à se sédentariser.
Toutes les caractéristiques de la région sont finalement réunies à Rouffach : 
urbanisme avec bâtiments religieux et sociaux dans la même sphère, architecture (moins de colombages cependant), oriels,  présence d’une synagogue, cigognes, importance de la vigne, traditions... 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/01/eguisheim.html
La visite du village terminée et avant de quitter les lieux, nous déjeunons à la « Table saisonnière » sur les recommandations de notre logeuse. 
L’établissement est tenu par sa sœur. A peine installés sur la petite terrasse dans la ruelle, une pluie inattendue et drue se déverse sur nous, les parasols ne parviennent pas à contenir le déluge de l’orage. Le repli pour tous à l’intérieur s’impose dans la bonne humeur. Nous choisissons une salade au munster chaud  pour l’un, une salade de magret et foie gras  pour l’autre version entrée, les mêmes assiettes proposées en plat disposent de portions trop copieuses pour nos appétits. En dessert, je teste la glace vosgienne confectionnée de myrtilles tièdes, de glace à la vanille, de meringue et de chantilly  Guy se contente d’une crème brûlée. La maison offre le café, grâce à L.
Durant le repas, l’orage s’est éloigné et si le soleil n’apparait pas, nous pouvons maintenant circuler sans parapluie pour retrouver la voiture. Nous programmons le GPS pour la prochaine étape : NEUF-BRISACH à une distance assez proche.
Nous parvenons sans difficulté à stationner en plein centre, place de la Mairie.
Cette ville militaire et frontalière construite par Vauban a obtenu son classement  au patrimoine mondial de l’Unesco en 2008. Son célèbre concepteur l’a équipée de remparts en éperons défensifs disposés en cercle, soit 16 pointes qui hébergent des abris pour les canons. 
Seules des photos de vue aérienne donnent une idée des contours originaux  de cette enceinte. A l’intérieur des murailles, un quadrillage strict des rues  partage l’espace de la forteresse. Une place d’armes centrale accueillait les parades militaires mais aussi les marchés. Quant à la statue de cigogne qui l’occupe aujourd’hui elle n’exprime rien de belliqueux.
Le MAUSA (Musée d’Art Urbain et de Street Art) installé dans les galeries sous les remparts mélange sa modernité à ce lieu d’histoire.
Des artistes urbains de renommée internationale s’y succèdent régulièrement pour peindre les murs souterrains.
Bien que méfiants, ce que nous voyons nous surprend agréablement, loin des gribouillis et des tags dénaturant habituellement les villes.

Des graffs habilement dessinés dans des styles et des univers très variés s’adaptent  aux configurations des salles sombres et des galeries fraiches qui les relient. Pour nous renseigner, un personnel enthousiaste et compétent sait transmettre sa motivation notamment aux plus jeunes. En résumé, nous ne regrettons ni notre temps ni notre argent !
Lorsque nous sortons,  trois gouttes tombent et la pluie menace sérieusement à nouveau.
La météo aura oscillé toute la journée entre soleil nuages et averses. Nous nous accordons un petit repos au AirB&B.
Puis nous hésitons à plusieurs reprises à  nous engager dehors à cause de la pluie qui tombe par intermittence avec un malin plaisir.
Elle finit par se lasser et nous laisse découvrir à pied, au sec, la rue des Américains dans le quartier chic en direction du centre-ville.
Nos pas nous conduisent  jusqu’au Schwendi  où nous arrivons de bonne heure, assurés ainsi de trouver une table libre. 
Si je ne résiste pas à recommander un roesti forestier,
Guy innove avec un Bibeleska (collet de porc fromage blanc pommes de terre), arrosé d’un quart de Riesling : que du local !
Sur le chemin du retour, nous avons droit à de jolis cieux  avec des nuages délicatement colorés de rose et de gris doux, d’une grande sérénité.

mardi 1 février 2022

Le choix du chômage. Collombat. Cuvelier.

Entre la préface de Ken Loach : 
« Aujourd’hui la question est celle-ci : le socialisme ou la mort ? » 
et la conclusion de Barbara Stiegler, à propos du « traverser la rue » d’Emmanuel Macron : 
« S’il n’y a pas de place dans ce secteur, eh bien ayez donc une autre activité…
C’est extrêmement brutal » 
l’approche de cette BD didactique ne donne pas dans la subtilité. 
Je me permets de ne pas être d’accord avec la philosophe ayant revêtu un gilet jaune. 
alors que mon incompétence en matière économique me laisse sans voix quand  Coralie Delaume explique: 
« En 2012, il y a le programme OMT (Outright Monetary Transactions), un programme de rachat potentiel de dettes souveraines attaquées sur les marchés financiers » 
La récente baisse du chômage  aurait pu permettre quelques nuances, de même que le déblocage de crédits conséquents par la BCE pendant la pandémie alors que l’union européenne est présentée essentiellement comme la source de tous les maux. 
Si la parole est donnée à Pascal Lamy ou Michel Camdessus : 
«  on ne crée pas d’emploi avec des déficits budgétaires », 
Frédéric Lordon et les référents univoques de Médiapart sont chez eux.
Le déroulé historique et ses cheminements longs est intéressant, la rencontre avec d’anciens conseillers de Bérégovoy ou de Mauroy instructive, des anecdotes éclairantes. Ces 285 pages sont l’occasion de mesurer les bouleversements dans nos approches ou pour d’autres la permanence de leurs convictions. Des acteurs aujourd’hui retirés des affaires sont retrouvés, mais je découvre des personnalités décisives comme Robert Marjolin ou Tomaso Padoa Schioppa père de l’€uro:   
« Cent ou cent cinquante ans plus tôt le travail était une nécessité ; 
la bonne santé un don de Dieu, 
la prise en charge des personnes âgés, une action relavant de la piété familiale, 
la promotion de carrière une reconnaissance du mérite, 
le diplôme et l’apprentissage le résultat d’un métier et un investissement coûteux.
La confrontation de l’homme avec la difficulté de la vie était ressentie depuis les temps antiques, comme la preuve de l’habilité et de la chance.
Cette confrontation appartient désormais au domaine de la solidarité des individus envers l’individu besogneux et ici réside la grandeur du modèle européen.
Mais celui-ci a dégénéré dans un ensemble de droits, qu’un individu paresseux sans devoirs ni mérite revendique auprès de l’État. » Merci pour ce contre point.

lundi 31 janvier 2022

Une jeune fille qui va bien. Sandrine Kiberlain.

1942 : une jeune fille apprentie comédienne embrasse goulument la vie au sein de sa famille juive. Elle respecte la formule d’un metteur en scène voulant que s’exprime mieux un acteur : « joue comme si c’était la dernière fois ! »
Film émouvant et terrible quand on sait que la douceur enjouée de la Barcarole d’Offenbach sera interrompue. Sa vitalité dit avec efficacité la tragédie de la Shoah qu'un graffeur vient d'insulter sur les murs de Grenoble, choquant bien au delà du CRIF. Dans le monde, les actes antisémites n'ont jamais été aussi nombreux.
Les caractères d’une grand-mère complice, d’un frère bon élève et d’un père légaliste sont bien dessinés. L’actrice Rebecca Marder, lumineuse, subtile, excessive, emporte tout sur son passage. Son parcours théâtral est à l’image de ce film monté tellement efficacement que toute la salle est restée jusqu’au bout du générique, sans broncher, embarquée dans un récit justifiant totalement un titre nous laissant pensifs.
Nous connaissons cette histoire maintes fois racontée et rafraichie ici, s’arrêtant au bord du gouffre. J’ai appris que les radios et les vélos avaient été confisqués et qu’une boulangère pouvait refuser un pain à la vue d’une étoile jaune sur la poitrine de sa cliente sans que bronche quiconque.

dimanche 30 janvier 2022

Superstructure. Hubert Colas.

Des images de la mer en fond de scène nous attendent avant que les acteurs apportent des morceaux de la maquette d’une cité imaginée par Le Corbusier sous le nom de projet « Obus » qui ne verra pas le jour.
Il va être question de la « décennie noire » à Alger entre 1990 et 2000  après que les islamistes se soient fait voler leur victoire électorale. Le terme guerre civile n’est pas prononcé, pas plus que les estimations des morts entre 100 000 et 200 000, mais les points de vue sont variés et Aznavour qui émouvait le policier surnommé Rambo vient avant la liste des pleurs : 
« Lorsque l'on tient
Entre ses mains
Cette richesse
Avoir vingt ans
Des lendemains
Pleins de promesses
Quand l'amour sur nous se penche
Pour nous offrir ses nuits blanches » 
Après l’entracte, de belles images de forêt servent de décor à l’évocation de la guerre menée par la France jusqu’en 1962 et les espoirs de la décolonisation sur « Pata Pata » de Myriam Makeba pour conclure. 
Aucune esquisse du futur n’apparait pourtant ce volet était annoncé dans les intentions qui prévoyaient 3 h de spectacle finalement ramené à 1 h 40. 
La superposition des témoignages et de moments lyriques n’apporte guère de nouveauté à l’ambitieux projet d’exploration des mémoires sempiternellement embarrassées.
 «  L’œuvre chorale » de l’écrivaine Sonia Chiambretto intitulée « Gratte- ciel » aurait pu garder ce titre donnant une idée d’utopie, alors que « Superstructure » choisi pour le plateau de la salle Rizzardo à la MC2 est sans poésie, sans rapport évident avec le sujet. 
La mise en scène se rapproche plutôt d’une conférence à plusieurs voix que du théâtre, affaire pour moi d’interactions, de dialogues, alors que ce soir les monologues, les harangues, les psalmodies furent hégémoniques. 
Finalement la BD de Ferrandez, plus scénarisée en disait bien autant sur l'histoire de nos voisins.

samedi 29 janvier 2022

Petits livres.

La montgolfière. Willa Cather.
 
Un artiste peintre observe sa nouvelle voisine, une belle cantatrice nue, depuis son appartement en haut d’une tour à New York.
La nouvelle hors du temps tient en 96 pages bien écrites. La vie en 1920 est une promesse : 
«La vie s'étalait devant elle comme dans un magasin de luxe, et elle n'avait plus qu'à passer commande, sachant que ces choses magnifiques et coûteuses, on n'allait pas toutes les lui livrer d'un seul coup, mais que, l'une après l'autre, elles arriveraient immanquablement jusqu'à sa porte.»
Eclats de rire. Régis Debray.
Mon écrivain préféré aurait-il succombé à la mode de la rigolade d’autant plus qu’avec un tel titre il faut tenir la promesse? 
Et ce n’est pas le cas dans ces maigres 58 pages écrites après un AVC. 
Que ne s’est-il tenu de respecter sa définition de l’intellectuel engagé parmi d’autres réflexions brèves: 
«  L’alternance est souhaitable, tantôt petit soldat, tantôt homme de tête, tantôt réponse à tout, tantôt tout en questions, tantôt rabat-joie, tantôt boute-en train… » 
Et s’il a toujours le raccourci élégant comparant l’Occident et l’Orient, 
« D’un côté le raid et le flash. De l’autre la mémoire et la patience. » 
je n’ai pas trouvé très délicat de rappeler ses relations avec Joan Baez, Jane fonda et Bianca Jagger bien qu’il satisfasse nos curiosités de midinette et suscite quelque admiration chez ceux qui se sont contentés de posters.

vendredi 28 janvier 2022

Gauche.

« On ne tire pas sur une ambulance » : l’expression éculée conviendra pour quelques appréciations désabusées ci dessous concernant des gauches, d'autant plus radicales que s'éloigne la possibilité du pouvoir. 
Et pourtant j’en fus un de ses enfants de chœur qui tout au long de son trajet secouait l’encensoir et pas que pour les enterrements. Le parallèle banal avec la religion, saute aux yeux quand à courir après l’époque, celle-ci a fui la catholique et la socialiste. 
Les leçons venues d’Amérique où les traits appuyés prémonitoires auraient pu servir quand le parti démocrate a perdu les workers en suivant les wokistes des campus.
Les dernières péripéties ne font que jeter quelques pelletés supplémentaires sur un trou creusé depuis longtemps. Que Taubira apparaisse en ultime recours insiste sur l’absence de personnalité méritant un hommages lors de sa disparition. 
Rocard un des phares de ma génération dans la suite de Mendès France est parti dans l‘indifférence, lui qui savait tirer les leçons des échecs. C’est une des premières faiblesses d'une famille de pensée tellement sûre d’être du côté ensoleillé de la civilisation. Les sinistres autocritiques des temps staliniens ont interdit pour toujours l’analyse de ses propres erreurs alors que la finesse et la virulence sont réservées à la critique des autres. La divine surprise du succès de la grève des enseignants d’un jour tourne au fiasco la semaine suivante mais « on fera mieux la prochaine fois ! » Combien de promesses de grande marée, de grand soir qui prennent l’eau dès midi passé ? 
Qui pourrait penser au secrétaire du parti socialiste si on prononce le mot « leader » ? Par contre pour l’expression "leader Maximo", on voit tout de suite, quand il s’agit de déconstruire plutôt que de construire. Mélouche à l’image du graffeur attend que le mur soit repeint pour apposer sa signature d’Insoumis et ne fait plus vibrer que quelques chenus en route vers leur dernière ZAD.
Le manque de courage est aussi constitutif d’une gauche à la remorque des démagogues prônant le référendum à tout va pour ne pas choisir. Ainsi la guyanaise: « Ce qui compte c'est vous », se tait à propos de la vaccination. Sur ce terrain là, les écolos ont su parfois aller contre certains électeurs motorisés pour promouvoir la bicyclette, mais ont été très couards en n'ayant défendu ni les portiques écotaxes ni la taxe carbone, ni la ligne de chemin de fer Lyon-Turin, après s’être opposé au canal Rhin - Rhône à grand gabarit, se mettant la tête sous un châle à la première décision à prendre. Quand on voit les attaques contre Fabien Roussel, le candidat du PC, apparaît le plus sympathique, le plus cohérent, le plus brave, mais on retiendra plus facilement sa promotion du vin français que sa proposition d’un retour à la retraite à 60 ans.
Tout aussi obsolète, l’expression « refaire le monde » titrait nos discussions, aujourd’hui à la moindre critique l’étiquette « droite » apposée à tort et à travers vise à clore tout débat, mais n’intimide plus. 
« Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet. » Courteline
Les analystes politiques frôlent l’indigence quand ils présentent un scoop : « Macron est en campagne » comme si dès son élection, ses opposants n’avaient pas contesté le suffrage universel en apportant leur bûche aux ronds points, en vociférant contre toute mesure et son contraire, souples et réactifs, à l’image du gouvernement face aux virus.
Alors que la gauche a éclairé une bonne partie de ma vie, j’en suis à la regarder comme une entité extérieure ayant abandonné un de ses marqueurs historique, la laïcité et toute idée de progrès concernant le futur. 
Pourtant l’idée de justice reste la plus belle et il en faut des tonnes de bêtises pour que cette évidence vacille et que semaines après semaines je ne fasse que soupirer, la repentance toujours sous le tapis à souris. 
Le sujet de mon premier devoir de philo : « regret, remords, repentir ». La boucle...

 

jeudi 27 janvier 2022

Botticelli. Fabrice Conan.

Sous le regard scrutateur du Florentin dont l’ « Autoportrait » figure dans « l’adoration des mages », le conférencier devant les amis du musée de Grenoble présente un des maîtres de la Renaissance. En ce moment, le musée Jacquemart-André à Paris expose quelques unes de ses œuvres jusqu’au 27 janvier en le désignant comme « designer » sans doute parce qu’il a reçu une formation d’orfèvre. Le terme est anachronique, au même titre  que celui auquel nous aurions échappé : « Un peintre féministe ».
Sandro Botticelli né en 1445 Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi entre  à vingt ans dans l’atelier de Filippo Lippi aux vierges pleines de grâce, « La Lippina ». Il avait enlevé une religieuse enceinte de ses œuvres, lors d’une procession.
Dans « La Vierge à l'Enfant soutenu par un ange sous une guirlande » un des premiers tableaux de l’élève Botticelli qui influencera à son tour Filippino Lippi le fils de son maître, la vierge n’a pas le monopole de la monstration. Les traits sont encore byzantins, mais le déséquilibre amené par l’ange apporte une certaine spontanéité à cette œuvre destinée à des dévotions privées.
Les représentations de la mère de Jésus sont nombreuses : « La Vierge à l'Enfant avec deux anges » au voile léger, aux carnations suaves, ouvre l’espace du réel devant un paysage idéal où figurent des cyprès, symboles de résurrection.
Les commandes affluent et un assistant réalise saint Jean-Baptiste dans « La Vierge et l'Enfant avec le jeune saint Jean-Baptiste ».
« La vierge du petit palais »
porte la robe au bleu canonique dont l’éclat rapproche du spectateur, l’architecture illustre l’expression : « Marie, porte du ciel ».
« La Madone de l'Eucharistie » avec épis et raisins offerts par un ange adolescent couronné de myrte, signe de beauté (Vénus), et aussi d’humilité, de fertilité, associe les splendeurs terrestres aux épisodes divins. Le travail à «  la tempera » offre des tonalités assourdies, une ambiance plus feutrée, humaniste.
L
e Tribunal de Commerce de Florence lui commande un panneau: « La force » pour l’intégrer dans une série d’allégories.
« Portrait d'homme avec médaille de Cosme l'ancien »
, il s’agit sans doute de son frère peint dans le style flamand, il tient le médaillon gravé en relief.
Pour la chapelle du pape Sixte IV, il réalise de grands panneaux dont « Les Épreuves de Moïse ».
La servante qui accompagne sa patronne, certes un peu songeuse, porte la tête d’un vieillard  « Retour de Judith à Béthulie »
alors que celle-ci vient de la séparer du corps du jeune Holopherne « La Découverte du cadavre d'Holopherne ».
« L'Adoration des mages » s’intitule aussi « L'Adoration Médicis » puisque la cour est là autour de la puissante famille. Elle vient rendre hommage à l’enfant Dieu surplombant la foule animée aux visages qui ne sont plus alignés (isocéphalie).
La vierge a les traits de Simonetta Vespucci morte à 23 ans, huit ans auparavant, dont la beauté est celle de la Renaissance : elle figure également une des trois grâces du 
«  Printemps » sous une si légère toile de Reims. 
Au centre de « La Naissance de Vénus »  venue de la mer, poussée par le souffle de Zéphyr et de sa compagne Aura, elle est pudique et l’atmosphère légère. La divinité du printemps lui apporte un voile bien inutile.
Le « Portrait de jeune femme » a l’éclat d’une icône.
Dans « Vénus et Mars » destiné à un coffre de mariage, les cercles néo platoniciens, parmi lesquels il travaillait, savaient lire la signification de la moindre guêpe qui vole autour de la tête du dieu de la guerre bien endormi malgré des faunes facétieux, allusion à la famille Vespucci aussi bien qu’aux piqures de l’amour.
Aux buchers des vanités allumés par « Savonarole », il apporte certaines de ses œuvres après en avoir renié d’autres.
« La Calomnie d'Apelle »
, un peintre de la Grèce antique, fourmille de références mais les interprétations divergent. Le roi Midas et ses oreilles d'âne est conseillé par Ignorance et Suspicion, Lividité en noir tient une torche devant la belle Calomnie coiffée par Perfide et Tromperie, elle a attrapé la jeunesse par les cheveux. Vérité a tourné ses yeux vers le ciel.
Plutôt que « La Nativité mystique » qui revient aux codes médiévaux,
« La Madone du Magnificat »
rayonne encore.
 Botticelli meurt en 1510 à 65 ans, il ne peint plus depuis des années.