Parfait pour retourner dans les salles, ce premier film
parle de cinéma, des difficultés à se trouver, quand les regards se croisent ou
fuient.
L’acteur principal est le réalisateur, froissé,
« chiffon » : mot de tendresse devenu insupportable à force
d’être répété par Nathalie Baye, sa mère pas si caricaturale qu’une comédie
l’appellerait.
Après le suicide du père, une vie de comédien aléatoire, un
retour vers la mère aimante et agaçante, la conclusion en chanson est ouverte.
« A nos visages
de velours,
Je prends ce que tu me
donnes et j’en fais mon amour. »
Quelques séquences hystériques, surréalistes, à la Demy,
sont émouvantes. Il est question de l’histoire d’une « étoile et d’un
lion » de Vanessa Paradis, et d’Anne Sylvestre en duo pour bien dire les
rapports de filiation :
« Moi, je t'ai
lissé les ailes
Ma chérie
- Mais je peux lisser les tiennes
Moi aussi
- Ça ne se fait pas si vite
Déjà tu ne comprends plus
Tu as l'âge de la fuite
Moi, celui du déjà-vu »
Ma chérie
- Mais je peux lisser les tiennes
Moi aussi
- Ça ne se fait pas si vite
Déjà tu ne comprends plus
Tu as l'âge de la fuite
Moi, celui du déjà-vu »
Ce film musical retrouve les affres parisiennes habituelles
dans les métiers du cinéma, et la dualité entre province et capitale.
Est-ce
que nous avons mûri ou parce qu’ils sont traités avec finesse sous des dehors
extravertis, l’autisme et l’homosexualité ne sont pas sujets de controverse ?
Jouées avec sincérité, intensité, ces deux heures fraîches prennent leur temps,
mêlant le rigolo des « jaloux anonymes » et le pathétique de
l’amoureux apeuré peu aimable car trop aimant, perdu dans un amour éperdu,
adolescent qui n’a pas fini d’apprendre à s’aimer.