jeudi 26 décembre 2019

Beaux arts 2019.

Parmi des artistes mis en évidence cette année, voici cinq articles publiés le jeudi :
Picasso : au Musée de Grenoble jusqu’au 5 janvier 2020.
Malevitch : l’homme au carré noir.
Zaria Forman : pastel pour les glaciers.
Le street art : la variété.
La collection De Galbert : divers « souvenirs de voyage ».
Pour Vélasquez, Niemeyer, Palladio ou Duchamp, Basquiat … Moctezuma II ou Innocent X vous pouvez aller à droite de l’écran et cliquer sur les archives « beaux arts » dans la rubrique « thèmes abordés »..
Pour illustrer ce récapitulatif, j’ai choisi deux photographies vues à Arles aux rencontres photographiques.

mercredi 25 décembre 2019

Lacs italiens 2019 # 5. Le lac Iséo et Monte Isola

Beau temps, nous partons vers 8h30 en direction d’Iséo à une centaine de kms de chez nous, d’abord dans la circulation car c’est l’heure de pointe des travailleurs.
Le GPS semble vouloir nous conduire à un endroit précis bien que je lui impose seulement un vague « Iséo » mais du coup, en évitant le bord de l’eau, nous accédons près du lac en passant par une route moins centrale, par le haut. Nous pouvons poser la voiture près de l’hôpital dans un parking où des Africains comptent gagner quelques pièces en dépannant les touristes en manque de monnaie pour le parcmètre. Nous ne sommes pas  loin du centre-ville, c’est tellement propre qu’on se croirait en Suisse.
En attendant l’ouverture de l’Info point face au lac, nous nous faufilons entre les étals du petit marché  avant de prendre un café et des pâtisseries en terrasse. Puis à 10 h, la personne du syndicat d’initiative, petite dame pétillante et décidée nous renseigne en français et nous donne le mode d’emploi concernant  l’accès à Monte Isola, intérêt principal du lac : elle nous fournit en horaires pour les bateaux et pour les bus sur l’île, en plans cartes… 
Nous déplaçons la voiture  un peu plus loin de l’hôpital  dans un emplacement blanc gratuit et sans limite de temps contrairement aux emplacements bleus limités à 5 h.
Nous prenons le bateau à 11h25, sorte d’omnibus  avec étapes à Sensole, Peschiera Maraglio (avec 2 arrêts), Sulzano, Sale Marasino. L’embarcation se vide progressivement  et nous pouvons alors monter sur le pont supérieur. Mais le temps de redescendre les escaliers pour sortir à  l’escale de Carzano, le marinier a déjà largué les amarres !
Nous attendons donc la prochaine station à côté du marin pressé, profitons  de la vue sur l’ile de Loreto, propriété privée qui laisse rêveur avant de quitter le bateau presque vide à Siviano, chef-lieu de Monte Isola.

De l’embarcadère, il faut gravir un chemin plutôt abrupt ou prendre des escaliers. Nous optons pour la pente, surpris par le nombre de Vespas circulant dans une île interdite aux voitures hormis un service de minibus.  En principe, place aux piétons et aux vélos… mais les autochtones leur préfèrent la Vespa. 
Nous apprécions les jolis paysages sur le lac,  sur les rives de l’autre côté, ainsi que  la promenade à travers les jardins et les oliviers jusqu’au village. Le 1er bâtiment que l’on voit est l’école d’où s’échappent les voix des petits, du maître, de la maîtresse et des coups de sifflet. 
Le reste du bourg témoigne de son passé moyenâgeux par ses maisons en pierre, ses voûtes, sa tour. 
Son église domine, imposante, avec un intérieur clair et des autels et chapelles en marqueterie colorée  sous fond noir de style napolitain. 
Sous l’autel central, une vitrine accueille une poupée emmaillotée comme un enfant, à l’ancienne, bras et jambes collés au corps.

mardi 24 décembre 2019

Faut pas prendre les cons pour des gens. Emmanuel Reuzé.

Pas con ! On se sent ragaillardi par cette dose de second degré qui parfois tape fort quand l’humour est noir, on en arriverait même à se sentir un peu moins con, le temps de le lire.
Bien qu’il soit facile de mettre en évidence l’absurdité de notre monde, le ton m’a semblé neuf et bien des chutes m’ont surpris.
Les dessins genre roman-photo à l’ancienne ne seraient rien sans des dialogues au couteau, comme on dit d’un steak tartare.
Rire à propos des SDF, des migrants, du racisme, de la mort, n’est pas à la portée du premier remplisseur de gaufrier à 6 cases.
Même si l’automatisation des supermarchés est bien avancée, tant qu’à faire, elle peut gagner l’éducation nationale qui pour distribuer les diplômes ferait appel à des distributeurs comme pour les boissons.
- Mon chéri regarde, je t’ai acheté ton bac avec mention ! Qu’est ce qu’on dit ?
- Vasy, tu vois bien que je joue ! Je m’en bats les couilles de ton diplôme de merde !
Les trottoirs sont à péage, les prix sont cassés avec crotte de chien  en prime.
On peut se faire un peu d’argent en glissant des publicités dans la conversation et jusque dans la salle d’opération, l’opéré ne lâche pas son téléphone pour conseiller le chirurgien, les clients font la queue pour se faire braquer par le banquier, et les policiers dressent des contraventions eux aussi par téléphone…
Alors quand Monsieur Jesaistout ou Jachètetout sont raillés, on biche. Les politiquement corrects et les kamikazes ne riront pas, ni les vegans, ni les cons qui peuvent être les mêmes, surtout quand ils prennent les autres pour des cons.
C’est le tome 1,  vivement le 2 : cette cinquantaine de pages n’y suffira pas !

  

lundi 23 décembre 2019

It Must Be Heaven. Elia Suleiman.

Le  cinéaste palestinien vivant en Israël nous emmène en de beaux plans géométriques de Nazareth à New York et Paris (vide).
Impavide, sous son canotier, il fume, boit et regarde un monde où les femmes sont jolies, les policiers omniprésents. Lunaire, son pays n’existe pas et lui semble si lointain quand il regarde ailleurs.
 « Tout le monde boit pour oublier. Vous, les Palestiniens, vous buvez pour vous souvenir. »
Tout était déjà dans la bande annonce : le voisin chapardeur de citrons, le chauffeur de taxi qui offre la course au compatriote de « Rafat », les chars dans les rues de Paris, l’oiseau voulant se poser sur l’ordinateur, la concurrence pour avoir une chaise au bassin des Tuileries ...
L’absurde toucherait à la poésie me dit-on du côté de ceux pour qui ce réalisateur est « culte ». La première séquence est excellente avec un pope aux manières pas très orthodoxes, mais je suis resté indifférent à cet humour froid et silencieux que des critiques rapprochent de Tati décidément pas trop ma tasse de thé.

dimanche 22 décembre 2019

Jeudi, c’est rugby.


Pour n’aller plus que rarement au stade, je me mêle  bien volontiers aux 10 000 spectateurs qui étaient là ce soir tout en évitant un compte-rendu de plus du match FCG/ Oyonnax (28 à 13) dont la vérité se périmera très vite dans le flot affolé des informations. 
Je remarque que les commentaires à propos des classements n’attendent pas que toutes les équipes aient le même nombre de matchs : Grenoble est leader… jusqu’à demain peut être.
Il en est de même des interprétations à jet continu de toute péripétie en politique où il n’y a plus d’expert depuis que tout le monde est sélectionneur et que le préposé à insulter l’arbitre est le seul à se faire entendre.
Le spectacle de ce jeudi 19 décembre porte l’étiquette « Boxing day », vocable venu du Royaume Uni, équivalent du « Black Friday » américain : soldes après Noël, foot anglais,  derbies et chasse au renard pendant les fêtes.
L’occasion est à saisir de retrouver des potes et l’événement immédiat réveille un temps long qui nous voit avancer dans la vie : « et tes enfants et tes petits ? »
Nous remontons inévitablement jusqu’au temps des Mammouths, surnom donné à l’équipe de Grenoble de 93, celle de la finale contre Castres.
Maintenant ce n’est plus dans l’élite que se joue le derby, depuis que Bourgoin a chuté jusqu’en fédérale alors que Grenoble est en deuxième division. C’était alors la ville contre la campagne, le nord Isère contre la préfecture ;  l’affrontement avec Oyonnax la cité du plastique fera l’affaire. Une autre rivalité particulière avec Toulon était vive quand Le FCG et le RCT étaient les seules équipes à concourir dans la même catégorie en dehors du Sud Ouest. Le stade est aussi le lieu des nostalgies.
Comme lors d’un opéra sur-titré, s’affichent désormais aux quatre coins de la pelouse toujours aussi lumineuse en nocturne, les explications des gestes de l’arbitre et de ses décisions, bien utiles quand il est difficile de déceler si le pilier a tiré ou poussé son adversaire. Et le numéro 7 a-t-il voulu ou pas pu lâcher le ballon ? Le spectacle vivant ne se passe plus d’écrans.
L’an prochain il faudra que je me fasse réexpliquer le système des bonus parce qu’il aura peut être encore changé. http://blog-de-guy.blogspot.com/2013/01/fcgubb.html
L’expression « en même temps » a fait florès en politique, mais cette volonté de dépassement des antagonismes a pu s’apprendre sur un terrain sportif tout aussi sérieux. Dans mon histoire personnelle le trajet de l’ovale à la ronde a coïncidé avec une délocalisation d’ancêtres et je sais bien les connotations culturelles et sociales qui distinguent rugby et foot en m’emmitouflant ce soir dans une écharpe rouge et bleue du FCG (Football club de Grenoble, c’est le rugby) après avoir agité il y a quelques années le fanion bleu et blanc du GF 38, (c’est le foot foot).
Les frontières se sont brouillées, les amateurs aristocrates se sont professionnalisés, les télévisions ont starifiés des joueurs, mais en diffusant chaque jour un match, ont désacralisé le dimanche, même si une défaite ou une victoire de nos favoris continuent à colorer différemment nos week-end.

samedi 21 décembre 2019

Extérieur monde. Olivier Rolin.

Je suivais cet auteur de ma génération par les commentaires sur ses œuvres,  mais je ne l’avais jamais lu.
Il nous donne en 300 pages l’occasion de sillonner son univers, de Moscou à Port Soudan, de la Terre de Feu aux jardins du Luxembourg, lieux de nulle part à nuls autres pareils, un monde enrichi par la littérature. Il a lu « Les Misérables » au pôle Nord.
Comme l’art contemporain nous y invite, le lecteur a sa part dans la réception d’un livre. Pour aimer les digressions j’ai été servi, mais je me suis lassé, même si j’apprécie les cartes postales :
«  Sur la côte du Nordeste brésilien, dans l’Algoas, je suis avec une femme aux yeux verts. Nous marchons le long de l’estuaire, au crépuscule. Gonflés de lumière, les nuages ont des couleurs de berlingots »
La mélancolie qui transpire de ses voyages où il se retrouve souvent seul à table ou au bar font virer  « Extérieur monde » à  « Intérieur : moi ».
Les parenthèses, les précautions, l’ironie à son égard, alourdissent le tableau où malgré son œil sur des passantes, ou de belles énumérations de paysages non conventionnels, on le voit trop se regarder écrire. Souvent c’est bien dit :
«  Tenter de ressusciter ces grâces aperçues, ces émotions vite évanouies, trouver les quelques traits qui les feront émerger, vivantes de la nuit des mots, de la grande cave d’ombre du passé, est une gageure qui n’est pas indigne d’un écrivain. »
Les citations sont nombreuses, il a connu des gens considérables, ou d’autres plus rares, Svevo :
« Je ne comprends pas comment, dans ma sotte vie, il peut m’arriver une chose aussi sérieuse que la vieillesse ».
Il se défend d’écrire des mémoires, mais amorce des listes, des inventaires.
Quand il évoque par exemple celui qui continuait à aller à son bureau dévasté à Sarajevo «  pour ne pas se laisser faire », il nous rappelle quelques signes d’humanité, clignotant dans le récit d’un monde qui s’éloigne.

vendredi 20 décembre 2019

Tout et son contraire.

En ce moment bien des absurdités déboulent, façon de dire que je n'y vois goutte, qui additionnent de la perplexité et des doutes à mon désarroi.
L’an dernier autour du plat de cardons des fêtes, il valait mieux contourner le rond point gilets jaunes, cette année: molo sur les retraites.
Quand je lis que des enseignants envisagent de se « giletjauniser », c’est que c’est déjà fait.
Le respect des règles que ce soit pour manifester ou vivre en démocratie est remis en question, les débats deviennent difficiles. L’irrationnel persiste à culminer lorsqu’une demande de plus de service public s’accompagne d’une aversion envers l’impôt.
Ce militant qui estimait que dix ministres avaient la France entière contre eux, enivré par la foule des manifs, sent le Peuple incarné en sa personne, comme l’autre « La République, c’est moi ».
Je suis trop légitimiste envers nos élus pour ne pas croire au bienfondé des doutes d’opposants. J’ai plutôt confiance envers le législateur agissant dans l’intérêt commun, et à part égale, je ne mets pas en cause la bonne foi de certains manifestants s’estimant lésés.
Tout n’est pas calé : place aux compromis ! Désolé : un brin résiduel de naïveté.
L’individualisme règne, alors peut-on dire que ceux qui ne sont pas concernés par une réforme dans les tuyaux depuis des décennies et qui gueulent sont des exceptions altruistes ?
Quand le gouvernement avance la loi retraite pour éviter aux générations futures d’en subir tout le poids, ceux qui la combattent le font au nom de leurs enfants.
« Pain de vieillesse se pétrit pendant la jeunesse. » Proverbe auvergnat.
L’agressif se sent agressé, le sournois soupçonne le fallacieux, l'expert en surdité ne se fait pas entendre des experts et le simplificateur amplifie les raccourcis qui ne mènent à rien.
La prolifération des jeux de mots en pancartes fait perdre tout sens, même si « je veux des ronds pas des points » est plutôt marrant. Et entendre, à la sortie d’une réunion avec son ministre, une prof marquant sa désapprobation en disant qu’elle vient de subir un cours, laisse entrevoir le peu de conviction qu’elle met dans son propre enseignement.
Si « faire cours » devient péjoratif dans la bouche d’un enseignant, alors il faut s’attendre à des bouchers végétariens, des supporters de l’OM encourageant Neymar.
Donc il fait bon retourner à l’âge du papier pour aborder la complexité. Mais il convient avec son journal de surmonter quelques obstacles récents dressés pour notre confort de lecture. Sont mises en évidence au cas où on serait allé au-delà du titre et du chapeau, quelques phrases chocs dans le corps d’un texte qui pourtant pourrait s’avérer profitable à condition d’aller jusqu’aux petits caractères. 
Ainsi cette philosophe sous le titre «  Le macronisme est une politique de l’insensible » : « aucun pouvoir n’a assumé avec autant de clarté l’idée que la politique relevait avant tout d’une gestion calculante venant en lieu et place d’une réflexion à long terme »
Pauvre chouchou, que ne dirait-elle des affèteries communiquantes et des démagogies si peu calculantes ?
« La sincérité est un calcul comme un autre.» Jean Anouilh
En ironisant ainsi, est-ce que je rejoins ceux que je combats qui aiment tant dauber sur les intellos, se contentant d’une vision binaire du monde ? La politesse n’impose pas le silence, l’humour peut encore circuler bien qu’il se tue en se proclamant.
Mais il est nécessaire de continuer d’examiner et dénoncer des comportements violents qui reçoivent bien vite l’assentiment de ceux qui gardent leurs mains propres mais leur bouche lâche. Le fascisme ne met pas forcément de brassard comme dans les dessins de Plantu, il est bien là, quand démission appelle une rime facile et remet en cause le suffrage universel.