jeudi 1 septembre 2016

Paris, août 2016.

« Revoir Paris
Un petit séjour d'un mois
Revoir Paris
Et me retrouver chez moi
Seul sous la pluie
Parmi la foule des grands boulevards
Quelle joie inouïe »
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/12/paris-au-mois-daout-2015.html
Trenet trotte dans la tête même quand cinq jours passent vite et qu’il fait grand soleil :
la ville des amoureux est plus que jamais un cadeau malgré tant de légèreté perdue.
Si les rues nous ont parues encore moins animées que ce que nous recherchions habituellement autour du 15 août, la magie de la ville lumière veut persister pour le provincial qui trouve sous chaque plaque de rue, des histoires et de la gratitude.
Comme lors de nos brocantes où nous revenions inévitablement avec quelques objets africains, parmi les lieux que nous privilégions, figure le musée Dapper où sont présentés des reliquaires, des masques expressifs, des bijoux raffinés, qui constituent une révision bienvenue parmi ces objets  parfois aperçus trop rapidement. Prolongations jusqu’au 17 juin 2017.
Il faut bien une journée entière pour apprécier ne serait ce que les installations temporaires du musée du quai Branly. Celle qui est consacrée aux représentations de l’homme blanc dans l’art africain est relativement sommaire, par contre l’exposition « Jacques Chirac ou le dialogue des cultures », jusqu’au 9 octobre 2016  à l’occasion des 10 ans du musée qui porte désormais son nom, est passionnante.
Les objets de tous les continents accompagnent une biographie de celui dont je regrette de moins en moins d’avoir voté pour lui. Les façons de présenter les civilisations du monde entier sont mises en perspective, depuis les Achantis au Jardin d’acclimatation jusqu’au musée consacré à l’immigration de la Porte Dorée en passant par le musée Guimet et le musée des arts africains et océaniens, l’institut du monde arabe…
« En ces temps de violence, d’arrogance, d’intolérance et de fanatisme, le musée du quai Branly sera une nouvelle manifestation de la foi de la France dans les vertus de la diversité et du dialogue des cultures. » Jacques Chirac
« Persona » approche jusqu’au 13 novembre, dans le même lieu, l’intelligence artificielle, le transhumanisme, mais marionnettes, automates et robots pourtant « étrangement humains », ne sont pas arrivés à me faire passer au dessus de ma perplexité.
Au musée des arts décoratifs « De la caricature à l’affiche 1850-1918 » est un sujet pointu mais en résonance avec les bigoteries d’aujourd’hui et nos lâchetés.
A la Halle Saint Pierre, comme d’habitude, dans la profusion d’ œuvres hors du commun, de quoi faire provision d’émotions. Il s’agissait  d’un des derniers jours de « L’esprit singulier », fonds de l’abbaye d’Auterive en Haute Marne... pas notre Hauterives dont le facteur cheval est le roi, mais animé de la même fantaisie poétique, intense et bouleversante. Je regrette de n’avoir retenu que les noms de Chessac ou Rebeyrolle parce que je les connaissais, mais il faudra que je me souvienne de la force de Rustin ou de Sevellec aux maquettes de rêve.
Au Centre Pompidou : hommage à la Jacqueline Picasso celle  qui « avait le don de devenir peinture », un peu court, même si pour quelques toiles Picasso vaut toujours le détour. 
Pour mieux nous consacrer à l’ « Art pauvre » ( arte povera) nous avions fait l’impasse sur « La Beat génération » et passé en coup de vent devant les sièges design de Paulin, mais peu de surprises. 
Au musée d’art moderne de la ville de Paris, Marquet, « peintre du temps suspendu » méritait bien d’être mis en valeur.
Et en ce lieu, encore une belle découverte : celle de Paula Moderson Becker et ses enfants tristes, son autoportrait nu, annonçant les expressionnistes. Elle avait reçu le label « art dégénéré » décerné par les nazis. Elle est morte à 31 ans.
« Le grand orchestre des animaux » à la fondation Cartier s’avère plus technique qu’artistique et la chronique du plancton m’a laissé assez indifférent même si je suis reconnaissant aux photogéniques cyanobactéries filamenteuses d’être à l’origine de la photosynthèse. 
Au 59 rue de Rivoli  sont installés une trentaine d’artistes, dont certains enveloppant leur travail de trop de discours gagneraient à se monter plus modestes, alors que d’autres mériteraient plus de notoriété.
Le magasin Légo sous la "canopée" des Halles c’était pas mal du tout.

mercredi 31 août 2016

Pourquoi l’Equateur ?

Avec nos compagnons de voyage qui avaient déjà parcouru Bolivie, Pérou et autre Colombie, nous nous sommes mis d’accord pour aller en Equateur ; les destinations les plus courues en Amérique latine, telles que le Chili ou l’Argentine se trouvant actuellement en hiver et pour le Brésil sous influence des J.O.
Ce pays, que je ne connaissais pas, présente un catalogue alléchant, mariant nature et cultures : volcans, baleines, et Amazonie.
J’ai bien aperçu les traces du visage du Che sur les murs de là bas, lui, dont j’imitais le poster il y a près d’un demi siècle, mais touriste devenu, aucun « foco* » à rallumer.
Pour ce pays par définition au milieu du monde, j’en étais au niveau regretté par un de nos éminents guides, à ignorer que le président Correa était venu récemment en France. La maigre notoriété de l’Equateur tenant essentiellement à son ambassade à Londres qui héberge depuis 2012 Julian Assange le fondateur de WikiLeaks, modèle de tous les « lanceurs d’alerte ».
Le tremblement de terre d’avril 2016 qui fit 650 morts, ayant découragé les touristes, nous  sommes contents de ne pas avoir renoncé, reçus avec égards tout au long de ces trois semaines.
Nous avons rencontré des personnes remarquables, longé des paysages grandioses, abordé des cultures nouvelles, goûté des plats curieux et de déraillement (léger) en pirogue tous feux éteints dans la nuit amazonienne, nous avons diversifié nos moyens de transports et varié nos activités : régressé dans les bains chauds ou dans la boue et plongé aussi dans des discussions profondes face à la sophistication du vivant, la beauté du monde et ses histoires passionnantes.
En une bonne vingtaine d’épisodes, chaque mercredi, nous essaierons de rendre compte de ce voyage tout confort, organisé par Tamera, http://www.tamera.fr, depuis le journal écrit par ma femme.
* Foco : foyer de guérilla révolutionnaire.

mardi 30 août 2016

La menuiserie - Chronique d'une fermeture annoncée. Aurel.

Le dessinateur du « Monde Diplo » et du « Monde » tout court, de « Politis », du « Canard »… met du lavis dans son trait et des ombres dans ses décors.
L’éditorialiste des plus engagés politiquement dans ses croquis fluides et expressifs est confronté ici aux problèmes d’une entreprise qui ne sera pas transformée en SCOP (Société coopérative et participative).
Si cette chronique rappelle Davodeau
la multiplication des points de vue évite les enseignements définitifs.
Il s’agit d’une entreprise familiale appartenant, après quatre générations, au père de l’auteur.
« Je serai celui qui ne reprendra pas la menuiserie »
Portraits chaleureux de toute une lignée d’artisans et de ses collaborateurs sans flonflons nostalgiques, décrivant l’évolution d’un métier et de tout un pays : l’Ardèche autour des Vans.
Ponctuées par les menus de la grand-mère, les mutations en cours mettent en mouvement  toute une série de personnages différents, vivement et tendrement campés, tout au long des 150 pages de ce beau livre.

lundi 29 août 2016

L'âge de glace 5. Les lois de l'univers. Mike Thurmeier, Galen T. Chu.

Une fois encore papa, maman Mammouth et leur fille, tigre à dents de sabre, paresseux, sont poussés à se déplacer pour échapper à la catastrophe imminente déclenchée par Scrat, l’écureuil affolé.
Si celui-ci a les dents pointues c’est qu’il s’agit d’une créature d’avant l’histoire, démiurge dépassé mais indestructible, à la poursuite d’un misérable gland, moteur comique d’une histoire cosmique ou inversement. 
Cette quête dérisoire et décisive fait traverser, à la vitesse de la lumière, ce film à l’animation époustouflante dont il ne restera pas seulement la trace d’un souffle très vif.
Les sentiments amoureux, l’attachement des parents et le détachement nécessaire à leur égard sont évoqués avec humour et tendresse : spectacle familial par excellence, beau, drôle, inventif.
Une belette folle et pertinente, guide tous ces animaux dont chacun aura un rôle à jouer pour se sauver tout en composant avec des ennemis acharnés.
Ces temps préhistoriques sauvages, glacés et légèrement hystériques, sont vraiment d’actualité.

dimanche 26 juin 2016

Le Gorafi.

Tirés du numéro 2 de l’édition papier d’un des phénomènes éditoriaux de ces années dernières, quelques titres, pour patienter jusqu’à début septembre quand ce blog  reprendra son cours :
- Le Vatican admet finalement que les dragons n’ont « peut être »  pas existé.
- Sondage : 89% de hommes pensent que le clitoris est un modèle de Toyota.
- Violences : nouveau règlement de compte à 890 km de Marseille.
- Dieu : «J’aimerais tellement que les gens comprennent que je n’existe pas »
- Manuel Vals jugé meilleur candidat pour battre la gauche en 2017.
- Le racisme officiellement éradiqué en France grâce à des badges et des pétitions.
- Les secours peinent toujours à extraire mémé des orties.
- L’ours bipolaire est désormais une espèce en voie de disparition.
- Dieudonné : « Je travaille pour le Mossad depuis 2003. »
- Les verts n’aborderont pas le thème de l’écologie pour éviter les conflits lors de leur conseil fédéral.
- « Apprendre en s’amusant » ne serait pas amusant pour 80 % des élèves interrogés.
- Il est surpris de ne pas la séduire avec un sifflement, un compliment minable et une série d’insultes.
- Aider un ami à déménager : la crainte n°1 chez les 18-35 ans.
- Des photos de « Closer » montrent François Hollande se rendant secrètement en scooter chez la finance.
- Plusieurs bonnes nouvelles accidentellement publiées dans la presse ce matin.
- Elle obtient un CDI à l’issue de son stage.
Pas si absurde, combien se sont laissés prendre qui ont confondu Gorafi et Figaro.
Bonnes vacances aux fidèles lecteurs.
……………
Le dessin en tête est de « Marianne » et celui de dessous du « Canard ».



samedi 25 juin 2016

A O Lang Pho. Tuan Le.

Nous avons fini la saison à la MC2 en beauté : la salle était pleine à craquer d’adultes et d’enfants applaudissant à tout rompre.
Pour Madame Bernard (adjointe aux cultures de la municip' alitée de Grenoble ) : c’tait pas élitiste pour deux ronds, bien qu’une telle ampleur avec 16 acrobates et 4 musiciens ne soit sûrement pas donnée, d’autant plus que les artistes ne viennent pas que du Trièves : du cirque du Soleil, du cirque Plume, du Vietnam.
Bien souvent quand on parle de spectacle destiné aux enfants, c’est plutôt condescendant; ici se serait pour louer la clarté de la représentation, et le plaisir que nous prenons à nourrir notre part d’innocence, surtout pour ceux qui ont pu se sentir un peu plus arthritique face aux prouesses des contorsionnistes.
Limpide, cohérent, précis, poétique, drôle, inventif, énergique.
Des bambous forment  prestement des agrès. Des paniers de toutes tailles vont servir à basculer, à se travestir en insectes ou en canards, se muer en barques, en moyen d’escamotage ou en décors superbement éclairé.
Nous passons des images de vie au village à la ville comme dans un rêve aux musiques variées, lorsque les références à la tradition côtoient les clins d’œil aux jeux électroniques, au travail à la chaîne. Les pays du bambou, d’Annam et du Tonkin ont changé. Est-ce toujours « comme là bas » ?
Les couvercles tressés volent, la troupe bat des ailes, les traits des bâtons et la rondeur des paniers participent à une géométrie où tout parait si simple, si doux, si beau.

vendredi 24 juin 2016

Icônes. Anne James Chaton.

Qui n’a pas joué à reconnaître les personnalités évoquées dans cette courte représentation théâtrale à la MC2 ?
Toutes à spoil: Camille Claudel, Mata Hari, Virginia Woolf, La Callas, Jacquie Kennedy, Janis Joplin, Marlene Dietrich, Margareth Thatcher... il en manque une.
« Elles » ne sont pas nommées, pour faire émerger la figure unique d’ « elle », la femme témoin du siècle passé, le sous titre annonçant « une histoire du XX° siècle ». Mais les anecdotes nous les remettant en mémoire vont à l’encontre d’une généralisation, tout en constituant la part la plus attractive de cette « poésie sonore » .
Comme si on ne pouvait appeler un chant : un chant, en évitant de laisser de côté ceux qui ne parlent ni l’anglais ni l’allemand couramment. Et quelques refrains en français sont parfois bien assommants ; lorsque le chanteur Nosfell chante, il est plus convaincant.
Les qualifications des artistes dans les programmes d’accompagnement devraient être plus modestes pour ne pas attirer l’ironie : « actrice performeuse », « poète sonore », « danseur chorégraphe » pour « produire un espace visuel et sonore ». Et le terme « icônes » appelle plus l’émoticône fugace qui pullule sur la toile que l’enluminée à vénérer.
Le sonore poète aligne les phrases sujet / verbe/ complément dans une scansion d’ailleurs pas inintéressante. La longue séquence initiale où la performeuse secoue un grand tissu évoquant la mer est dans le ton habituel des introductions lentes dans bien des spectacles de cette année.
A l’heure où pressés par les restrictions budgétaires, les artistes interpellent les politiques,  il serait peut-être temps, pas seulement par intermittence, que s’éclaircissent les liens avec les spectateurs.
La limpidité du propos ne diminuerait pas l’émotion, car la poésie ne nuit pas à la pédagogie, à condition de ne pas la servir sous des couches de vernis pour initiés.