vendredi 2 janvier 2015

Essais 2014.

Ma liste d’écrits en politique préférés de cette année :
La gauche et le peuple : dialogue indispensable entre Julliard et Michéa
Dire non : fatigant mais essentiel Plenel.
Le stupéfiant image : Le seul Debray que j’ai lu cette année parmi une production génératrice d’un plaisir jamais déçu.
Quelle histoire : interrogation personnelle concernant chacun à partir de la guerre de 14.
Le Postillon : glocal trimestriel : stimulant, arriverait  même parfois à être plus rigolo que Plenel et Debray  
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Dessin du "Canard" de la semaine:

jeudi 1 janvier 2015

Expositions 2014.

Ma liste d’expositions préférées de cette année :
Penone : rencontre entre nature et culture
Fête des lumières : l’art populaire grandiose.
Rembrandt : quand on croit avoir tout vu, que c’est bon de découvrir encore après une conférence.
Le 111 à Le Pin: chez l’ancien charpentier de mon village natal, le temps a tissé sa toile.
Diodore Raoult : pouvoir mettre des images sur un nom.

mercredi 31 décembre 2014

Iran 2014 # J 12. Téhéran.

Le musée Abgineh consacré au verre et à la céramique loge dans une ancienne maison qâdjâr, qui fut l’ambassade d’Egypte. Elle a conservé un  magnifique escalier monumental en bois et des parquets qui craquent sous nos pas.  
Par exemple, de multiples vitrines verticales comprenant un seul objet évoquent les piliers de monuments anciens ou la forme d’un plafond, des vitrines en parapluie représentent une tente stylisée. Je retiendrai les verres au long col destinés à recueillir les larmes : « les iraniens aiment le chagrin ».
Comme souvent les objets très anciens apparaissent d’une grande modernité ; les couleurs, la petitesse de certains flacons de beauté, les couleurs, l’originalité des dessins sur les poteries nous intéressent un bon moment.
La muséographie confiée à des italiens met en évidence les magnifiques pièces exposées.
Un peu plus loin, à une petite distance à pied, nous pénétrons dans le musée archéologique construit par un français déjà requis pour le mausolée du poète Hafiz à Shiraz.
 L’architecte a respecté le style du pays dans les matériaux  en briques et  dans la forme du dôme mais l’intérieur s’avère d’une muséographie désuète. Cependant des travaux de rénovation, notamment au plafond, démarrent aujourd’hui, condamnant l’accès à une partie des expositions.
En respectant le cheminement chronologique, on a aperçu de l’art préislamique, d’abord au néolithique dont quelques exemples de poteries monumentales nous surprennent tout autant que leur décorations de plus de 5000 ans B.C ( before Christ) ! Puis nous suivons les différentes époques jusqu’à la dynastie sassanide. 
Nous retrouvons des éléments de Persépolis, une statue de Darius commandée en Egypte et présentant différentes écritures ou hiéroglyphes qui  le proclament roi des rois et deux blocs de goudron servant parfois à recouvrir des statues.
Nous déjeunons au milieu d’un parc un peu sauvage qui possède des volières remplies d’oiseaux (inséparables) et une basse-cour contenue derrière des grillages. Il y a même de faux animaux, zèbres, hippopotames, éléphants sous les arbres. 
Après déjeuner nous  allons au bazar mais beaucoup de boutiques sont fermées car il y a un pont jusqu’à samedi, courant de la fin du ramadan à la fin du week-end (jeudi vendredi). Derrière l’entrée principale du bazar, nous remarquons le côté penché des minarets de la mosquée du shah (mosquée Khomeiny).
Nous marchons jusqu’au palais du Golestân ou « complexe palatial du Golestân » vu sa grandeur. Il date  encore de la période qâdjâr et mélange plusieurs styles. A l’intérieur, nous commençons par regarder le trône en albâtre immense, puis le lieu des repas, sorte de divan en pierre dominant un bassin rafraichissant mais vide aujourd’hui. Des peintures de femmes aux seins nus surprennent et n’ont pas été floutées. Nous entrons dans une autre partie des bâtiments chassés de chaussons enfilés sur les chaussures et gravissons les escaliers. Les pièces plutôt de style occidental sont remplies de mobiliers, de mannequins et d’objets d’art luxueux ramenés par le roi Nasseredin Shah dans ses déplacements. 
On retrouve le goût pour les décorations avec des miroirs qui paraissent amoins élégantes et raffinées que dans la maison marchande de Kashan. Les lustres en imposent avec leurs verroteries.
Avant de quitter le complexe nous longeons les bâtiments en carré  et dont l’un fut pendant longtemps le plus haut de Téhéran. Une vieille dame m’apostrophe gentiment, je ne peux évidemment la comprendre alors avec un geste maternel elle me caresse la joue. Plus loin une ou deux femmes ont revêtu de costumes d’époque et installées sur une banquette face à un plateau de boissons  s’amusent à prendre la pose pour un photographe.
Nous rentrons vers l’hôtel en métro, non pas à cause de la distance mais pour voir. Moderne et propre, chaque rame est constituée de wagons réservés uniquement aux femmes. Nous continuons 10 mn à pied en traversant le quartier des ambassades jusqu’à l’hôtel où nous attend Ali, notre chauffeur, pour atteindre Rudehen (1800m) et nous installer chez lui. 
De nombreux immeubles sont en construction sur les collines désertiques de la banlieue très étendue. L’état construit et vend bon marché les appartements.
Nous retrouvons Hossein sa femme et des cousins dans la  vaste maison
qui domine une petite ville en expansion. Nous sommes accueillis avec des fruits et du jus de fraise glacé consommés sur la terrasse puis nous prenons nos aises : douche, repas sur le divan dehors, à côté d’Ali qui prépare le narguilé tandis que sa femme et Halleh trient les légumes et les herbes du jardin. Nous prenons le repas à l’intérieur, le troisième fils nous rejoint ainsi que la femme de Hossein et la télé tourne discrètement à côté. Nous montons nous coucher. Dans le couloir, Haleh joue les chiens de garde couchée sur un des tapis qui recouvrent  tous les sols de la maison. 

D'après les notes de voyage de Michèle Chassigneux.

mardi 30 décembre 2014

Bandes dessinées 2014.

Ma liste de bandes dessinées préférées de cette année :
Les folies bergères : la guerre de 14, meilleur ouvrage rencontré sur la période.
Bourrasques et accalmies : même lorsqu’il n’est pas à son sommet, Sempé est le meilleur.
L’arabe du futur : sous la ligne claire de ses personnages dodus, une vision acérée du monde.
La revue dessinée : indispensable.
Cette beauté qui s’en va : poétique, au cœur du temps
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/09/cette-beaute-qui-sen-va-mathieu-berthod.html

lundi 29 décembre 2014

Au cinéma en 2014 :

Ma liste de films préférés de cette année :
Winter sleep : la complexité des hommes et des femmes sur un beau fond. 
Les combattants : une découverte tonique.
Au bord du monde : les clochards maîtres de la nuit à Paris.
Le démantèlement : celui du monde agricole.
Mommy : secouant.
Le paradis : ce n’est pas que pour jouer au cinéphile, d’apprécier un vieux monsieur qui filme si intensément la jeunesse
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/10/le-paradis-alain-cavalier.html

dimanche 28 décembre 2014

Le capital et son singe. Sylvain Creuzevault.

Habitués à l’indigence du discours politique actuel, comment saisir toute la profondeur de conversations  enflammées à Paris en 1848 et Berlin en 1919 à partir d’un livret de Karl Marx ?
« Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé ?
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?
Jusques à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?
À quand enfin la République
De la Justice et du Travail ? »
Pierre Dupont après l’écrasement de la Commune.
Ce rêve toujours fuyant d’une fin de l’aliénation, d’une mise à bas du capitalisme hante encore combien de Blanqui préparant l’insurrection ?
Ce soir, point de représentation édifiante, le prolétaire n’est pas toujours le bienvenu autour de la table où se disputent ceux qui lui veulent du bien.
L’humanité est violente, injuste, les hommes espèrent.
« Oui mais !
Ça branle dans le manche,
Les mauvais jours finiront.
Et gare  à la revanche,
Quand tous les pauvres s’y mettront. »  
La salle René Rizzardo à la MC2 faisait honneur à son ancienne appellation : « salle de création ». Avec conviction, 13 acteurs excellents, jouant une multitude de personnages, de Spartacus à Lacan, nous ont donné matière foisonnante à réfléchir, rire, nous projeter, nous interroger et nous laisser perplexes.
Les modérés et les révolutionnaires, le capitalisme, le travail, le salaire, la valeur d’usage et la valeur d’échange, les objets, l’Iphone … tout y passe dans un tourbillon. Il faudra aller vérifier comment est morte Rosa Luxembourg mais aussi ne pas rester à constater que la fonction de production a déserté notre pays pour remettre à jour nos logiciels concernant la force de travail et plus value. Sommes-nous  seulement dans un musée à  contempler en vitrine les verres  désormais vides qui nous ont servi à trinquer à l’émancipation du monde ?
Si Piketty a eu tant de succès avec son dernier « Capital », c’est que  Karl 1er  est d’une telle richesse qu’il a pu traverser les siècles. Et il faut vraiment une belle dose d’ambition et d’imagination, quelques bouteilles d’encre rouge, pour évoquer une telle somme de pages exigeantes : prévue pour durer 4h, même réduite à 2h 30, la pièce est roborative mais nous serions encore restés volontiers un moment.

samedi 27 décembre 2014

Une femme fuyant l’annonce. David Grossman.

Livre essentiel, que j’ai mis plus d’un mois à lire, tant je redoutais sa force.
Ora, une mère juive, part loin de chez elle pour échapper à l’annonce d’une nouvelle fatale qui pourrait concerner son fils Ofer engagé dans une opération militaire.
Il faut bien 780 pages pour suivre à la trace cette femme et le vrai père du jeune soldat, dans de magnifiques paysages.  
Même si : «  C’est grandiose ici ! s’extasie Ora, d’une voix embarrassée, comme si elle contemplait un paysage destiné à quelqu’un d’autre. »
Les mots sont là pour repousser la mort, et chacun d’eux est choisi :
« Il y a aussi une coupe de taboulé concocté à sa façon, pour lequel Ofer se ferait tuer- ou plutôt qu’il aime à la folie, se reprend-elle sur- le-champ, pour sa gouverne. »
En coupant toute communication avec le monde, elle se rapproche de son fils, et d’elle-même, après une vie tumultueuse où se croisent la folie, la violence, la culpabilité, l’amour, les amours. Elle n’a pas vécu avec celui qui la suit dans sa marche, homme dévasté qui semble se reconstruire peu à peu auprès de cette femme à la fois fine et fragile. Un autre homme, Illan, a élevé avec elle deux enfants, ils viennent de se séparer.
Dans cette histoire élémentaire aux dimensions à la fois mythologiques et très incarnées, même dans des coins de nulle part, le conflit avec la Palestine traverse douloureusement l’intimité de chacun.
Il n’est pas question que de fusion mère/enfant, de la liberté de l’amante, de la complexité de l’éducation, de la vigueur des femmes, mais aussi du temps qui a passé :
« On prend congé de soi-même avant les autres comme pour atténuer le coup fatal »
Même les chemins parlent hébreu, ils nous parlent :
« Le rrrsh-rrrsh des semelles raclant la terre » […] Il s’emballe à l’idée des mots jaillissants de la poussière, rampant hors des crevasses de ce terreau aride et raviné, projetés dans les airs par la fureur du hamsin, parmi les chardons les ronces et les épines comme des nuées, des criquets ou des sauterelles. »
Alors que l’auteur, militant de la paix, pensait « que les pages qu’il rédigeait le protégeraient », un de ses fils a été tué pendant la guerre au Liban en 2006, avant la fin de la rédaction de cet ouvrage inoubliable qui nous emmène bien au-delà d’un pays si petit, tout en rendant compte intensément de son drame permanent, où à chaque pas les randonneurs croisent des plaques commémorant les morts pour défendre quelques arpents de terre.
Rien que le titre ouvre vers l’universel et nos terreurs privées.