De jeunes spectatrices à ce forum de Libération à Grenoble étaient déçues que l’octogénaire Rocard ne soit pas de la partie.
Mais la table était bien garnie autour d’un Demorand décidément moins déférent que Joffrin :
« La salle voudrait que vous clarifiez votre rapport à l’ultra libéralisme. »
avec Michel Destot, «nous sommes beaucoup trop dans une culture de réparation sociale».
Cécile Pavageau avocate, «rocardienne des inrockuptibles», Guillaume Hannezo des Gracques et Bernard Spitz.
«Une société qui ne fait pas confiance à sa jeunesse est une société en décadence».
La question initiale pourrait appartenir à une autre époque depuis que la deuxième gauche a disparu des écrans. Alors que les problèmes de dettes et de déficit occupent toute la place, ceux qui reconnaissent que c’est l’entreprise qui créée les richesses peuvent avoir voix au chapitre.
Quant à la perspective de gagner deux élections générales de suite comme Lula et Clinton certes enviable… déjà gagner la présidentielle, une fois !
Il s’agit pour ces intellectuels de produire une expertise, en sortant de l’entre soi ; ils appartiennent à une élite certes mais responsable qui participe à un destin commun, en tenant un discours authentique.
Avec comme boussole la justice, imaginer un avenir qui passe par une ouverture au monde, à ses cultures et une prise en compte des changements : le vieillissement démographique, l’urbanisation passée en 100 ans de 30% à 60%, le réchauffement de la planète… Les problèmes sont mondiaux : migrations, écologie.
« L’inflation est un impôt sur les vieux et les pauvres, la dette un impôt sur les jeunes »
Et ce n’est pas qu’un jeu de mots dans ce débat sur la modernité quand revient pour sortir de la désespérance le titre « Les jours heureux ». Ces mots nommaient le programme du conseil national de la résistance alors que l’état tenait le rôle central.
Les réponses à l’égard des plus faibles sont à porter sur le logement et le transport. Ce sont souvent des familles mono parentales a en milieu rural.
Des innovations peuvent bousculer : 80 000 emplois créés à Londres avec « la petite remise » ( des taxis occasionnels).
Les services publics doivent s’adapter, le travail social doit se situer le plus en amont possible et à l’heure où le médecin généraliste devient un dieu laïque, un bouclier sanitaire est nécessaire pour que l’universalité soit proclamée avec une part qui resterait à charge selon les revenus.
....
Dessin dans Libération de fin mai 2012.
vendredi 1 juin 2012
jeudi 31 mai 2012
Musée d’art et d’industrie de Saint Etienne.
La rénovation de Jean Michel Wilmotte en 2001 en apportant confort et élégance n’a rien enlevé à la majesté du bâtiment qui offre une approche du passé industriel de la ville avec ses cycles, ses rubans et ses armes.
La déambulation est agréable, la tendance actuelle de soigner l’esthétique des présentations mettant en valeur la précision du travail des ouvriers, place ce bref compte rendu de visite dans la rubrique « beaux arts » de ce blog.
La virtuosité des créateurs de rubans rejoint celle des graveurs de fusils. Un étage est consacré aux fins tissages qui s’offraient à une jeune fille alors qu’au troisième étage au bout du canon, fut-il damasquiné, c’était la mort, la promise.
Sous les voûtes du musée, sans nous enfermer dans un peloton trop fourni de vélos, nous pouvons voir les évolutions depuis la draisienne jusqu’aux prototypes les plus audacieux. Les lignes pures d’un monocycle du XVIII° siècle sont magnifiques, mais l’efficacité ne sera pas toujours au rendez vous de toutes les inventions, telle une machine à courir qui sollicitait aussi le mouvement des bras. Les bicyclettes qui ont succédé au vélocipède s’appelaient « Hirondelle ».
Au niveau 1 : nous pouvons tirer de grands tiroirs pour découvrir la variété des rubans, et admirer des maquettes qui nous font comprendre l’ingéniosité dans la conception des mécaniques produisant de délicats motifs, aux couleurs subtiles.
Le savoir faire des artisans est manifeste également dans les armes blanches ou à feu qui sont présentées à l’ultime étage. L’apport d’artistes contemporains qui amènent de l’ ironie est bienvenu au cœur des expositions de rapières, dagues, épées, pistolets, canons et carabines...
La déambulation est agréable, la tendance actuelle de soigner l’esthétique des présentations mettant en valeur la précision du travail des ouvriers, place ce bref compte rendu de visite dans la rubrique « beaux arts » de ce blog.
La virtuosité des créateurs de rubans rejoint celle des graveurs de fusils. Un étage est consacré aux fins tissages qui s’offraient à une jeune fille alors qu’au troisième étage au bout du canon, fut-il damasquiné, c’était la mort, la promise.
Sous les voûtes du musée, sans nous enfermer dans un peloton trop fourni de vélos, nous pouvons voir les évolutions depuis la draisienne jusqu’aux prototypes les plus audacieux. Les lignes pures d’un monocycle du XVIII° siècle sont magnifiques, mais l’efficacité ne sera pas toujours au rendez vous de toutes les inventions, telle une machine à courir qui sollicitait aussi le mouvement des bras. Les bicyclettes qui ont succédé au vélocipède s’appelaient « Hirondelle ».
Au niveau 1 : nous pouvons tirer de grands tiroirs pour découvrir la variété des rubans, et admirer des maquettes qui nous font comprendre l’ingéniosité dans la conception des mécaniques produisant de délicats motifs, aux couleurs subtiles.
Le savoir faire des artisans est manifeste également dans les armes blanches ou à feu qui sont présentées à l’ultime étage. L’apport d’artistes contemporains qui amènent de l’ ironie est bienvenu au cœur des expositions de rapières, dagues, épées, pistolets, canons et carabines...
mercredi 30 mai 2012
« On refait le voyage » : Saint Petersburg 2004 # 10
Nous nous engouffrons dans le métro en direction de la Laure Alexandre Nevski
(Laure = monastère important).
Nous voulons surtout visiter le cimetière célèbre pour ses illustres locataires.
Nous commençons par celui de droite après avoir acquitté les droits d’entrée.
La neige qui tombe accentue le côté romantique de la promenade, et absorbe le bruit de Nevski Prospekt qui passe pourtant tout près.
Le gardien repère vite nos appareils photo, et nous réclame 30 R pour le droit de photographier, comme dans beaucoup d’endroits.
Le noir des tombes ressort dans la blancheur ambiante, les plus jolies sont en bois sculpté.
Il n’y a là que du beau monde, artistes, peintres musiciens (Tchaïkovski, Borodine, Moussorgski, Rimski-
Korsakov, Glinka, Dargominski reposent dans le même quartier), écrivains surtout Dostoïevski.
Dans l’autre cimetière à gauche sont accueillis plutôt les architectes de la ville, avec des espaces plus réduits entre les tombes.
Nous poursuivons notre chemin jusqu’à la Laure, payons les droits d’entrée à un pope abrité dans une guitoune de bois et nous avançons dans une enceinte carrée de bâtiments roses du 18e siècle incluant la cathédrale et un petit cimetière central. Nous rentrons nous reposer un moment dans la cathédrale ; elle ressemble plus à une église catholique qu’à un lieu de culte orthodoxe, à cause de la présence dominante de tableaux. Mais nous ne pouvons juger de l’ensemble car un magnifique échafaudage de bois encombre toute la nef.Les « monks » (et non pas monkey !) vendent petits cierges et icônes, les croyants s’affairent à noter sur papier les noms qu’ils vont confier au pope intercesseur ; ils embrassent les tableaux, se signent à l’envers par rapport aux catholiques ; ici, ce n’est pas un musée, mais un lieu de culte en activité.
Nous rentrons tranquillement à pied jusqu’à l’hôtel, pas très loin, pour voir cette autre section de la Nevski Prospekt, chic et clean. Nous entrons en passant dans la gare de Moscou, dont l’intérieur une fois de plus n’est pas banal ! (Salle d’attente luxueuse). Nous consacrons la fin d’après midi à quelques achats, peu nombreux, l’artisanat offre moins d’intérêt qu’à Novgorod ; et sous une neige brillante et drue, magique, nous nous dirigeons vers la maison des blinis (Blini Domik) recommandée par Irina et le routard. L’endroit est agréable, chaleureux dans un décor en bois. Un bon pianiste improvise dans son coin, sur des standards connus, pour des étudiants et des familles qui se restaurent. C’est plein ; nous mangeons des blinis salés et sucrés accompagnés d’un verre de vin géorgien au goût de jus de raisin sucré. Dehors, tombent inlassablement les flocons qui brillent comme des cristaux, un autochtone dérape sur une plaque de gel comme un touriste inexpérimenté.
T° aperçue aujourd’hui sur un panneau lumineux : -8°
mardi 29 mai 2012
La campagne présidentielle. Mathieu Sapin.
Le regard candide de l’auteur de bd « embedded » qui travaille pour Libération convient bien pour se souvenir de ce bon moment : la victoire de Fanfan qui parait inéluctable à la relecture mais qui nous valut quelques angoisses, tant les défaites répétées depuis des années nous avaient rendus craintifs.
Dans sa situation d’amateur maladroit, le jeune chroniqueur à la calvitie naissante nous rend accessible Monsieur le Président de la République, malgré tout le staff dont la vie est intéressante pour qui aime la politique.
Pas de scoop, pas de malveillance, le récit de 200 jours où le candidat de la gauche fait preuve d’une santé impressionnante réhabilite l’engagement public en l’abordant depuis les coulisses qui ne sont pas parsemées seulement de pétales de roses.
Dans sa situation d’amateur maladroit, le jeune chroniqueur à la calvitie naissante nous rend accessible Monsieur le Président de la République, malgré tout le staff dont la vie est intéressante pour qui aime la politique.
Pas de scoop, pas de malveillance, le récit de 200 jours où le candidat de la gauche fait preuve d’une santé impressionnante réhabilite l’engagement public en l’abordant depuis les coulisses qui ne sont pas parsemées seulement de pétales de roses.
lundi 28 mai 2012
Festival de Cannes 2012.
L’échantillon porte sur 18 films, alors cet article tiendra plus du jeu que d’une vision générale des films de cette année.
Quelques jeunes personnages principaux montrent des signes d’immaturité, ce sont des cœurs simples face à la complexité du monde : du candide amusant (Love birds) jusqu’au mineur qui a commis une faute majeure et doit être exécuté (Les enfants de Belle Ville).
Nos enfants qui cherchent ou défendent leur place dans une société déboussolée subissent le poids du groupe : Les voisins de Dieu, The Wee and the I,
du voisinage : Broken.
Ils sont sauvages : Los Salvajes.
Leur singularité : pensez donc ! Des jeunes qui aiment leur travail mais qui ont la tête près du bonnet (Face to face), avec aussi ce pêcheur témoin d’un monde épuisé où la misère du monde s’échoue sur les belles plages dans Terra ferma.
Une photographe à ses débuts dans Historias trouve sa voie et assume l’héritage dans un village éloigné du Brésil, comme le cinéaste facétieux de La vierge, les coptes et moi qui amène avec lui le cinéma faiseur de miracles.
Le miracle n’est pas au rendez-vous avec Surviving Georgia, mère indigne comme celle de Casa Nostra, voire Charlotte Rampling dans The eye of the storm.
Mes films préférés Face to face, Casa nostra, La vierge, les coptes et moi ne se résument pas à ces caractéristiques.
Par contre il s’en faudrait d’une bouteille de vodka à vider pour apprécier Russian Snark,
un oreiller confortable pour résider plus longtemps au Mékong Hôtel
et un DVD pour revenir à un vrai film noir que n’a pas réussi à être le colorisé The tender Hoock.
Dans les voyages que permettent ces films en ribambelle, Monsieur Lazhar, film de la belle province où intervient Fellag, porteur de belle langue française, soulève des problèmes pédagogiques passionnants tels les rapports au corps.
Ceux-ci n’atteignent certes pas l’hystérie des cousins juifs ou musulmans (Les voisins de Dieu, les enfants de Belle Ville) mais pèsent sur les vies, jusqu’à la mort. Les bédouins privés d’eau et de sol ont d’autres soucis élémentaires, il leur reste leur dignité pour affronter les forces du désordre israéliennes : Sharqiya.
Quelques jeunes personnages principaux montrent des signes d’immaturité, ce sont des cœurs simples face à la complexité du monde : du candide amusant (Love birds) jusqu’au mineur qui a commis une faute majeure et doit être exécuté (Les enfants de Belle Ville).
Nos enfants qui cherchent ou défendent leur place dans une société déboussolée subissent le poids du groupe : Les voisins de Dieu, The Wee and the I,
du voisinage : Broken.
Ils sont sauvages : Los Salvajes.
Leur singularité : pensez donc ! Des jeunes qui aiment leur travail mais qui ont la tête près du bonnet (Face to face), avec aussi ce pêcheur témoin d’un monde épuisé où la misère du monde s’échoue sur les belles plages dans Terra ferma.
Une photographe à ses débuts dans Historias trouve sa voie et assume l’héritage dans un village éloigné du Brésil, comme le cinéaste facétieux de La vierge, les coptes et moi qui amène avec lui le cinéma faiseur de miracles.
Le miracle n’est pas au rendez-vous avec Surviving Georgia, mère indigne comme celle de Casa Nostra, voire Charlotte Rampling dans The eye of the storm.
Mes films préférés Face to face, Casa nostra, La vierge, les coptes et moi ne se résument pas à ces caractéristiques.
Par contre il s’en faudrait d’une bouteille de vodka à vider pour apprécier Russian Snark,
un oreiller confortable pour résider plus longtemps au Mékong Hôtel
et un DVD pour revenir à un vrai film noir que n’a pas réussi à être le colorisé The tender Hoock.
Dans les voyages que permettent ces films en ribambelle, Monsieur Lazhar, film de la belle province où intervient Fellag, porteur de belle langue française, soulève des problèmes pédagogiques passionnants tels les rapports au corps.
Ceux-ci n’atteignent certes pas l’hystérie des cousins juifs ou musulmans (Les voisins de Dieu, les enfants de Belle Ville) mais pèsent sur les vies, jusqu’à la mort. Les bédouins privés d’eau et de sol ont d’autres soucis élémentaires, il leur reste leur dignité pour affronter les forces du désordre israéliennes : Sharqiya.
dimanche 27 mai 2012
Galliano Sextet. From Bach to Piazzolla.
Non pas John … Richard, à la MC 2, celui qui a accompagné Gréco, Reggiani, et Nougaro .
D’ailleurs qui s’en souvient puisqu’on a souvent mis en avant ses comparses de micro ou ceux qui jouaient des instruments à cordes ?
Il substitue l’accordéon au hautbois, au clavecin dans des concertos de Bach avec lequel il évite justement les morceaux destinés à l’orgue qui rappelle trop précisément « le piano à bretelles ».
Mais l’instrument des bals musette ne se défait pas aussi facilement de ses complexes : est ce que tous les morceaux classiques s’accommodent de ses soupirs ?
Le public a visiblement apprécié qui reprend « La Javanaise » après deux rappels.
L’interprète chaleureux est aussi compositeur qui joue sur la nostalgie aux accents tziganes avec l’évocation de Montmartre, ou dans des blues.
J’ai aimé les mouvements lents et quand après l’effusion viennent quelques notes ténues.
Il rend avec virtuosité des sons jazzy et nous fait traverser l’océan vers son maître Piazzolla.
Le morceau de l’argentin qui aimait la pêche aux requins, intitulé « Escualo» nous apaise après une bordée de sentimentaux tangos.
D’ailleurs qui s’en souvient puisqu’on a souvent mis en avant ses comparses de micro ou ceux qui jouaient des instruments à cordes ?
Il substitue l’accordéon au hautbois, au clavecin dans des concertos de Bach avec lequel il évite justement les morceaux destinés à l’orgue qui rappelle trop précisément « le piano à bretelles ».
Mais l’instrument des bals musette ne se défait pas aussi facilement de ses complexes : est ce que tous les morceaux classiques s’accommodent de ses soupirs ?
Le public a visiblement apprécié qui reprend « La Javanaise » après deux rappels.
L’interprète chaleureux est aussi compositeur qui joue sur la nostalgie aux accents tziganes avec l’évocation de Montmartre, ou dans des blues.
J’ai aimé les mouvements lents et quand après l’effusion viennent quelques notes ténues.
Il rend avec virtuosité des sons jazzy et nous fait traverser l’océan vers son maître Piazzolla.
Le morceau de l’argentin qui aimait la pêche aux requins, intitulé « Escualo» nous apaise après une bordée de sentimentaux tangos.
samedi 26 mai 2012
Un Américain bien tranquille. Graham Greene.
Ce titre « me disait quelque chose », mais quelle jubilation de le découvrir et d’entrer immédiatement dans une histoire qui ne m’a pas lâché tant que je ne suis pas arrivé à la 253° page !
De la tension et de la langueur, de la limpidité et de l’ambigüité, un élégant détachement et de l’engagement, désabusé et lucide, humour et tragédie d’un destin implacable.
La restitution de l’atmosphère du Viet Nam est sobre au moment où les américains vont succéder aux français dans une colonisation impossible.
Années 50. Reportages en 2011 : kif kif.
Les dialogues sont au cordeau, les portraits efficaces :
« C’était un homme qu’on oubliait toujours. Encore aujourd’hui je suis incapable de le décrire, je ne me rappelle que de son obésité, ses joues rasées de près et poudrées, et son gros rire ; son identité entière m’échappe. Je sais seulement qu’on l’appelait Joe. Il y a des hommes dont les noms sont toujours abrégés. »
Les belles femmes y sont secrètes et fascinantes, la vie douce et terrible.
« Au moment même du choc, on souffre peu ; ma souffrance arriva vers trois heures du matin, quand je me suis mis à arranger la vie que, d’une façon ou d’une autre, il me faudrait vivre, et à classer mes souvenirs afin de les éliminer, je ne savais par quel moyen. Les souvenirs heureux sont les pires, aussi essayai-je de me rappeler les mauvais »
La puissance de la dénonciation d’une guerre absurde n’est pas convenue, elle est au cœur d’un chef d’œuvre.
« - En un sens on pourrait dire qu’ils sont morts pour la démocratie, dit-il.
- Je serais incapable de traduire cela en vietnamien, dis-je »
De la tension et de la langueur, de la limpidité et de l’ambigüité, un élégant détachement et de l’engagement, désabusé et lucide, humour et tragédie d’un destin implacable.
La restitution de l’atmosphère du Viet Nam est sobre au moment où les américains vont succéder aux français dans une colonisation impossible.
Années 50. Reportages en 2011 : kif kif.
Les dialogues sont au cordeau, les portraits efficaces :
« C’était un homme qu’on oubliait toujours. Encore aujourd’hui je suis incapable de le décrire, je ne me rappelle que de son obésité, ses joues rasées de près et poudrées, et son gros rire ; son identité entière m’échappe. Je sais seulement qu’on l’appelait Joe. Il y a des hommes dont les noms sont toujours abrégés. »
Les belles femmes y sont secrètes et fascinantes, la vie douce et terrible.
« Au moment même du choc, on souffre peu ; ma souffrance arriva vers trois heures du matin, quand je me suis mis à arranger la vie que, d’une façon ou d’une autre, il me faudrait vivre, et à classer mes souvenirs afin de les éliminer, je ne savais par quel moyen. Les souvenirs heureux sont les pires, aussi essayai-je de me rappeler les mauvais »
La puissance de la dénonciation d’une guerre absurde n’est pas convenue, elle est au cœur d’un chef d’œuvre.
« - En un sens on pourrait dire qu’ils sont morts pour la démocratie, dit-il.
- Je serais incapable de traduire cela en vietnamien, dis-je »
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