samedi 26 mai 2012

Un Américain bien tranquille. Graham Greene.

Ce titre « me disait quelque chose », mais quelle jubilation de le découvrir et d’entrer immédiatement dans une histoire qui ne m’a pas lâché tant que je ne suis pas arrivé à la 253° page !
De la tension et de la langueur, de la limpidité et de l’ambigüité, un élégant détachement et de l’engagement, désabusé et lucide, humour et tragédie d’un destin implacable.
 La restitution de l’atmosphère du Viet Nam est sobre au moment où les américains vont succéder aux français dans une colonisation impossible.
Années 50. Reportages en 2011 : kif kif.
Les dialogues sont au cordeau, les portraits efficaces :
« C’était un homme qu’on oubliait toujours. Encore aujourd’hui je suis incapable de le décrire, je ne me rappelle que de son obésité, ses joues rasées de près et poudrées, et son gros rire ; son identité entière m’échappe. Je sais seulement qu’on l’appelait Joe. Il y a des hommes dont les noms sont toujours abrégés. » 
Les belles femmes y sont secrètes et fascinantes, la vie douce et terrible.
« Au moment même du choc, on souffre peu ; ma souffrance arriva vers trois heures du matin, quand je me suis mis à arranger la vie que, d’une façon ou d’une autre, il me faudrait vivre, et à classer mes souvenirs afin de les éliminer, je ne savais par quel moyen. Les souvenirs heureux sont les pires, aussi essayai-je de me rappeler les mauvais » 
La puissance de la dénonciation d’une guerre absurde n’est pas convenue, elle est au cœur d’un chef d’œuvre.
« - En un sens on pourrait dire qu’ils sont morts pour la démocratie, dit-il. 
- Je serais incapable de traduire cela en vietnamien, dis-je »

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