mardi 2 septembre 2008

Le collège nouveau est arrivé





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Qui va s’occuper des gauches ?


De la même façon que les meilleures blagues juives sont racontées par les juifs, je goûte plus volontiers les critiques du P.S. qui viennent de la gauche que le conformisme actuel qui se complaît à tirer sur le plus grand parti de la gauche, sans lire, ni écouter ce que nous disons : le mot à la mode c’est « inaudible » pour les journalistes qui organisent eux même la chicaye et le silence. Le Canard Enchaîné, lui a le droit de nous moquer : « Universités d’été : PS, Verts, LCR : Scènes de ménage pour savoir qui va garder les gauches ! » Il nous reste les sourires ( amers) de ceux à qui on ne la fait pas, quand nous constatons les dégâts que la politique d’ouverture de la droite a enclenchés, au-delà des destins des opportunistes pris dans les rêts du pouvoir. Jospin incarnait l’honnêteté en politique, jusqu’à l’austérité, et cela lui a coûté un avenir. Mais que vont faire dans le yacht du Sarkogigolo, les Joyet, Allègre qui furent des barons de la Jospinie ? Alors pour les leçons ! Bouchon ! Qu’un Hirsch, une Amara pensent être plus utiles aux causes qu’ils défendent dans un gouvernement du bouclier fiscal qu’au côté de l’opposition, cela trace cruellement les limites de l’engagement associatif. Pour Hirsch cela va encore bien plus loin avec le « RSA financé par les-revenus-du-capital » ; c’est la reprise d’une démarche qui se démarquait de la droite. Oui, il faudra voir : les riches ne sont pas vraiment concernés, mais la captation des problématiques, des mots fonctionne à plein. Nous sommes déstabilisés, les extrêmes peuvent monter. Il faut un Dupont Aignan pour ironiser à propos de Sarkozy qui n’est pas le Robin des bois présenté par la presse, mais le Shérif de Nottingham.
Un Besson à la triste figure de traître ordinaire ou un secrétaire d’état aux anciens combattants ne jouent qu’une triste comédie. Et les papis papotants, Lang et Kouchner ? Qu’ils cuisent dans la lumière médiatique qui les attire tant!
Le pillage avait commencé au plan symbolique : Guy Mocquet, Jaurès, Mendès France… Finalement la littérature, l’histoire ne sont pas si désuètes, si anodines. Triste occasion de célébrer leur vigueur.
Le mépris qui a accueilli les défections de Macias ou Hanin de nos rangs, marque aussi le divorce entre la gauche et une certaine culture populaire. Dis Torreton, ne faiblis pas, tu seras notre Line Renaud qui fut Chiraquienne quand ce n’était pas à la mode !
Claude Askolovitch, fine plume du nouvel Obs, il est vrai aussi porte-coton de Besson, passe d’un magazine de référence de la gauche, malgré tout, au JDD et à Europe 1 de Lagardère.
La liste commence à être longue. Les capacités de la gauche à séduire sont réduites et pourtant la droite est impitoyable comme jamais, les difficultés des français aggravées.
Les défections dépassent les ralliements et chez les militants le moral est au fond des Crocs © ! Le drame se mijote dans la durée.
« Le parti de l’intelligence en tout homme incline à la trahison »disait Alain cité par Régis Debray dans un document concernant « un intellectuel face aux tribus » à propos de Samir Kassir, écrivain libanais assassiné en 2005, pour souligner l’exception de l’alliance de l’intelligence et du courage d’un homme qui ne tournait pas casaque.
Pour l’avenir, qui a envie de s’engager en politique quand sont proclamés courageux ceux qui renient leur idéal ? Et la fidélité est plus célébrée chez les képis blancs que dans les rangs des jeunes gardes qui ne prennent plus guère garde.
Les motivations solidaires s’inclinent devant des intérêts individuels.
Qui peut croire aux politiques quand s’accumulent les mandats qui les éloignent des colleurs d’affiche et des tracteurs de marché, des électeurs ?
Bien sûr, le conformisme journalistique, les connivences tournent à plein, mais la position d’éternelle victime est stérile. Tous les partis sont déconsidérés, l’état critique dans lequel nous sommes tombés ne peut appeler que le courage : proposer sur la réforme des retraites, l'autonomie des universités, la restructuration de l'Etat et répondre sur la réforme des institutions, l’engagement en Afghanistan, quels remèdes apporter à la crise économique ?
En ces temps zappeurs, les fortunes de la notoriété sont fluctuantes : les images se flétrissent. Désormais, les dents de Dati se voient plus que le contour de ses yeux. Localement nous nous sommes assoupis dans la gestion des silences.
Notre travail débouchera si nous savons renouveler les hommes, si au-delà de notre communication, avec constance, modestie nous faisons vivre le débat avec les citoyens concernés par une amélioration des conditions sociales, démocratiques, environnementales de nos territoires.

lundi 1 septembre 2008

Peter Doig

Je ne connaissais pas le peintre écossais jusqu’à cette exposition au musée d’art moderne de la ville de Paris, et maintenant je l’identifierai facilement tant son style m’a paru familier d’emblée, même si les intimes des livres d’images peuvent s’amuser à repérer des inspirateurs : Munch, Douanier Rousseau, Hopper…Je me sens de la même génération, avec la même tapisserie d’images où se fondent, sous l’épaisseur de l’acrylique, les couleurs des magazines, des télés, du ciné. Ses grandes toiles inspirées du Canada avec leurs reflets m’ont plus séduits par leurs effets solarisés que ses tropiques trop noirs. Notre place dans la nature loin d’être idyllique, n’est pas évidente, mais oh combien d’actualité !

dimanche 31 août 2008

la rentrée du temps que j’étais instit’

La rentrée c’est la cérémonie d’ouverture, le générique immuable, la couverture neuve d’un livre qui va s’écrire.Une année scolaire se joue dès les premiers instants.
Un bouquet de fleurs attendait
sur le bureau. J’ai eu coutume de mettre la cravate ce jour là pour souligner ostensiblement la solennité de ce jour de fête.Chaque enfant entre en solitaire, il vient de lâcher la main de maman et ce jour, tout le monde sait qu’il vient de gagner une graduation sous la toise. Il s’est séparé peut être de copains. J’affichais les photographies de classe des années précédentes, et certains y reconnaissaient des frères et sœurs qui les avaient précédés, pour souligner la continuité dans un territoire vierge pour chacun, où le trac mobilisateur est le lot de tous. Les héritiers d’une histoire de l’école vont ajouter leur partition.Une fille voisine obligatoirement avec un garçon. Les changements de places seront négociés plus tard.La sempiternelle grille de renseignements agrémentée de petits dessins recueillait quelques indications personnelles : magazines auxquels l’enfant est abonné, présence de la télévision et de l’ordinateur dans la chambre? J’y glissais : 
« voudrais-tu devenir plus tard instituteur ou institutrice ? » pour juger comment chacun se représente l’école.Je m’enquerrais des matières préférées et proposais à nouveau cette fiche à la fin de l’année pour saisir les évolutions. Un fichage maison, à la main.Profitons de ces instants de grâce, de zèle, d’attention. Le moment de toutes les promesses. Organiser ce jour là un pique-nique pour éloigner de la classe touche au contre-sens, alors que dans les odeurs de cahiers neufs, avec son nouveau stylo, l’enfant s’apprête pour l’aventure qui s’ouvre : celle de grandir et d’apprendre. Un petit texte préparé à l’envers du tableau avec des « mots tordus », invitait à la vigilance et tenait à prouver d’emblée que l’erreur peut être féconde, voire marrante. Je questionnais également mes nouveaux locataires sur ce qu’ils avaient perçu des affichages extérieurs ; en général peu de choses des affiches que j’avais choisies comme icônes, Picasso, Delacroix, « La gloire de mon père », masques africains et enfants de toutes origines, Sempé, « La victoire est en nous » avec Barthès d’avant le crachat … Ouvrez les yeux. Je présentais les lieux. La matinée se poursuivait sous le signe de l’affiche avec les publicités de rentrée de la F.N.A.C. ou de Décathlon : lecture rapide, liaison classe/société. Cette année la pub Monoprix peut être une mine : « Top model, pas élève modèle ». Je soignais l’ affichage, je le renouvelais régulièrement, il tapissera les mémoires. Quelle désolation de trouver dans certaines classes, à Pâques, les décorations de Noël !
Je me servais des séductions de la pub pour amorcer une réflexion sur ce phénomène
dont la concision, l’humour favorisaient l’attention, titillaient l’intelligence. Je m’attachais à décrypter aussi les intentions qui nous abaissent à ne devenir qu’un ventre, qu’une rétine.Nous étions dans le match.

samedi 30 août 2008

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur

« La gloire de mon père » dans le sud des Etats-Unis, en plus dramatique, en plus mystérieux, mais avec le même bonheur de lecture, des personnages bien campés et surtout un style plein d’humour, de délicatesse, qui révèle la belle énergie de la petite narratrice. Familier de la littérature jeunesse, j’accorde beaucoup de prix aux écrivains rares qui arrivent à rendre avec justesse le langage, les façons de penser des enfants. Après 30 millions de lecteurs c’est facile de dire que la réussite est totale. Les grands mots à manier avec des pincettes car ils ont été tellement brandis, trahis, sont illustrés ici finement : amour, probité, justice. Malgré les préjugés, la violence, la pauvreté, c’est un hymne au progrès humain. Ce roman d’Harper Lee, qui figure sur les listes de lycées américains, est attaqué par des associations de parents d’élèves. Le combat des années 30 de ce père avocat qui défend un nègre, continue. Comme principe d’éducation, il invite sa fille qui fait volontiers le coup de poing, à se mettre à la place de l’autre : pragmatisme d’un livre bien américain, bien sudiste, universel. Je me suis pris à vouloir d’emblée le relire, d’autant plus que j’avais eu un peu de difficulté à entrer dans la généalogie qui ouvre ces 450 pages. Le plaisir est tel que je recommanderais volontiers la méthode.

vendredi 29 août 2008

« Les indégivrables »


Rien que le sous-titre au tome 3 de ce dernier recueil de Xavier Gorce : « un léger tassement conjoncturel mais les fondamentaux sont bons » dit tout l’humour ravageur de ces 122 pages. Des manchots contaminés par les langues bienséantes de ce siècle sont désespérés, arrivistes, de mauvaise foi, irrésistiblement drôles. La fin du monde sera tordante avec ces bestiaux tellement humains qui vont gaiement à la queue leu leu s’écrouler au bas de la falaise. Dessinés en deux coups de crayon efficaces, ils philosophent à la manière du "Baron noir" du Matin de Paris. Là, ils égaient la news’ letter du Monde.fr, mais ils peuvent se déguster sur papier avec les éditions Inzemoon.

jeudi 28 août 2008

Un garçon d’Italie.

Livre limpide de Philippe Besson, quoique parfois un peu attendu. Le procédé consistant à juxtaposer le récit d’un noyé, de sa compagne et de son amoureux s’avère judicieux pour dévoiler peu à peu la part de mystère qui est celle de tout homme. Le policier qui doit enquêter n’est pas génial, nous sommes donc épargnés par une révélation trop lumineuse. L’ambiguïté et l’énergie des personnages, servies par une écriture sans chichi, nous concernent. Cependant, sans vouloir être plus royaliste que le roi, le dévoilement de l’homosexualité ne me semble pas devoir requérir aujourd’hui tant de mystère.