mercredi 24 juin 2020

L’effet maternel. Virginie Linhart.

Après un livre consacré à son père, ancien maoïste,
celui là met en scène la mère ancienne féministe, qui voit ainsi les hommes:
«  Ils pouvaient être utiles, apporter une aide financière, professionnelle, sociale, une distraction sexuelle, sentimentale, émotionnelle, mais ce n’étaient que des hommes. »
La réalisatrice de documentaires raconte sa propre histoire sans s’exonérer de ses responsabilités, évitant les règlements de compte littéraires si fréquents que ça en deviendrait un genre, pourtant c’est du rude.
« Je ne mesure pas l’ironie du sort, qui ne doit rien au hasard, ces rencontres avec un premier psy, mutique comme papa, puis avec un second, qui mélange tout comme maman. »
Sa construction en tant qu’adulte est périlleuse depuis les silences sur les ravages de la Shoah chez les grands parents, jusqu’au bonheur d’être mère après de nombreux essais dont un avec un amant qui a été aussi celui de sa mère. Pourtant rien de scabreux, même si en ces milieux où les moyens intellectuels ne manquaient pas, la douleur, le désespoir, la déraison peuvent être à l’œuvre.
Avec une lucidité clinique que laisse deviner le titre, sans pathos, elle a compris que « la famille génère de l’abandon ».
Fille de 68, elle digère mal le conformisme qui a atteint jusqu’aux flamboyants militants d’alors :
« J’attends qu’ils me comprennent et même qu’ils me soutiennent parce que ma trajectoire est le fruit de la leur. Et s’ils l’ont oublié, pas moi. »
J’avais écrit dans un premier jet : « Une femme libre, un livre clair. » La formule voulait claquer mais serait trop sommaire : la thérapie avance, la description de la démarche est honnête, mais rien n’est bouclé : la maison, lieu de bonheurs estivaux et de rivalités irrésolues, est toujours en vente.

2 commentaires:

  1. Si la famille génère de l'abandon, je me demande bien ce que l'eugénisme social, et le fait de faire élever les enfants.. PAR ET POUR LA SOCIETE, par institutions interposées, confites dans l'expertise chiantifique, va générer...Je n'augure rien de bon pour le ciel rose des lendemains qui chantent en passant de Scylla en.. Charybde.
    "J'attends qu'ils me comprennent...".
    Combien d'autres à cette époque d'activisme forcené, strident, continuent à ATTENDRE D'ETRE COMPRIS. Les mêmes qui ne supportent pas d'attendre 5 minutes dans une salle d'attente sont toujours là... A ATTENDRE D'ETRE COMPRIS.
    Et oui, il y a du chemin à parcourir... pour grandir, même.
    Puisque je suis anonyme sur ce blog, je tiens à préciser pour la majorité silencieuse que je suis une femme...(aussi libre que possible dans notre bas monde). Essayant de l'être, mais SOUMISE A LA CONDITION HUMAINE.

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  2. A lire ta présentation, à réfléchir sur mon parcours, ma vie.. mes tranches d'analyses, il me semble que cet écrit est le reflet de ce que nous avons promu, et promouvons depuis longtemps, comme lucidité. La fameuse lucidité qui était censée nous tomber dessus à la fin de nos analyses... lacaniennes, et qui nous a été présentée par les croyants, bien entendu, comme étant la terre promise atteinte après la traversée du désert/fantasme.
    Il y a plus de 20 ans maintenant, la troisième personne que je suis allée voir en analyse était... lucide, déjà sur l'impasse mélancolique où conduisait l'idéalisation de la lucidité (des Lumières, en passant). Rien à faire, ça se lit peut-être assez bien, mais.. ça se vit très mal.
    Pour une écriture autrement plus belle, et suffocante, on peut déjà ouvrir sa Bible à Ecclésiaste et trouver... la matière. Et mieux écrit, je mets ma main au feu. Autrement dit, ça n'a rien de nouveau, cette lucidité.
    Les propos de la mère de cette femme sont structurés par l'instrumentalisation d'autrui pour ses fins, et la disjonction.. absolue de l'expérience des hommes. Autrement dit, cette femme (mère), d'après sa fille, ne ressent rien en commun avec un homme qui ne peut pas être son semblable, ne serait-ce que pendant quelques instants. Comme si... il n'avait pas de coeur, pas deux bras, pas de tête, d'yeux.. COMME ELLE, mais n'était... qu'une grosse bite, qu'elle se déchire de ne pas avoir. C'est profondément triste, et ça fait des ravages chez les enfants. C'est d'ailleurs une pensée structurée comme.. le racisme moderne. Et oui... les femmes peuvent être.. machistes/sexistes, et les Noirs et autres peuvent être racistes, chacun du lieu d'où il parle. A ce jeu là, tout le monde est perdant et tout le monde... est coupable...
    Pour l'enfant, une pensée pour le Latin qui le dit si bien : "A NOUS un enfant est donné". Mère et Père reçoivent l'enfant d'un ailleurs, ensemble. Là.. on est à mille lieux des maîtres et possesseurs de la nature, et de tout ce qui en découle.
    En espérant que l'auteur puisse.. hériter un jour de ses parents qui n'étaient certainement pas les miens...

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