jeudi 18 juin 2020

Les sculptures des jardins de Versailles. Alexandre Maral.

Le conférencier, directeur du centre de recherche du musée et du domaine national de Versailles, possède tous les titres requis pour présenter devant les amis du musée de Grenoble un patrimoine d’exception constitué en cinq décennies (1661-1715) pendant le long règne (72 ans) de Louis XIV.
Plus d’un millier de statues ornent les jardins alors qu’elles sont 1300 en façades et que celles de l’intérieur n’ont pas été décomptées. Ces sculptures participent pleinement à l’esthétique baroque en prenant place dans les jardins dessinés par André Le Nôtre puis Jules Hardouin-Mansart qui ne se résument pas à de la végétation et de l’hydraulique fussent-elles mises en perspective.
A la tête de l’administration des jardins, la fonction de secrétaire d’état à la marine de Colbert facilita les acheminements des marbres de Carrare plus prestigieux que la pierre et le poste de ministre de la guerre de Louvois permit de fondre des ensembles monumentaux en bronze à la place du plomb.
Le château de Louis XIII fut amélioré, enrichi par son fils qui s’occupait de tout jusqu’à vérifier la taille des vis devant tenir les miroirs. En 1682, Versailles devient résidence royale, mettant fin à l’itinérance de la cour ; le gouvernement s’y installe.
Tuby qui travaillait aux gobelins a réalisé « Le char du soleil » en plomb doré : Apollon quitte l’onde en direction de l’Ouest et va répandre ses bienfaits. « Nec pluribus impar » « Je suffis à  plusieurs mondes » devint la devise du « Roi Soleil » après Philippe II, fils de Charles Quint.
« Latone et ses enfants ». La mère d’Apollon, Latone, commandée aux frères Marsy est au centre d’un autre bassin. D’après « Les métamorphoses » d’Ovide, des paysans qui l’avaient empêchée de boire sont transformés en grenouilles par Jupiter, la providence divine.
Apollon au terme de la journée rejoignait Thétis. Une grotte artificielle  à lui dédiée soutenant un réservoir d’eau a été détruite, mais les trois groupes de sculptures ont été conservés.  « Apollon servi par les nymphes » par Giraudon mort le même jour que son royal commanditaire est plus indifférent aux belles que ne le fut le roi qui vivait avec trois reines : Mme de Montespan, Mme de Maintenon et son épouse Marie-Thérèse, mère de six enfants.
« Quand le Soleil est las, et qu’il a fait sa tâche,
Il descend chez Téthys, et prend quelque relâche.
C’est ainsi que Louis s’en va se délasser
D’un soin que tous les jours il faut recommencer. »
La Fontaine.
« Le parterre d’eau » devait recevoir 24 statues, 
une « Grande commande », dont Le Brun avait tracé les dessins. 
Elles sont aujourd’hui dispersées : parmi les quatre éléments, « L’air » aux vêtements emportés par le vent tient un caméléon, qui d’après Cesare Ripa, la référence des allégories, « se nourrissait d’air ».
« Le colérique » pour représenter un des 4 tempéraments de l’homme figure à présent
pas loin de « L’hiver »  et 3 autres saisons, comme Diane pour évoquer un des moments de la journée : 
« La nuit ». Pour arriver à 24, il convient de compter aussi 4 genres poétiques : pastoral, satyrique, héroïque et lyrique, auxquels il était prévu d’adjoindre 8 groupes d’ «enlèvements » pour signifier les mutations de la matière autour d’un Parnasse qui ne verra pas le jour.
Bien des œuvres ont dû être restaurées ainsi « L’Afrique »
ou « L’Enlèvement de Proserpine par Pluton », visible dans l’Orangerie.
Désormais la représentation des fleuves et affluents d’une France qui était alors la plus peuplée, la plus puissante d’Europe, se reflètent dans deux bassins au pied de la galerie des glaces, ainsi «  La Dordogne » de Coysevox.
Le dauphin se promenait avec son précepteur Bossuet dans le « Bosquet du labyrinthe » pensé par Charles Perrault avec 39 fontaines illustrant des fables d’Esope. « Un Paon se plaignait à Junon de n'avoir pas le chant agréable comme le rossignol. Junon lui dit : « Les Dieux partagent ainsi leurs dons, il te surpasse en la douceur du chant, tu le surpasses en la beauté du plumage.» L'un est bien fait, l'autre est galant, chacun pour plaire a son talent. »
L’antique est à la mode, et bien des meilleurs sculpteurs qui travaillaient au Louvre partent pour Rome. Leurs copies s’alignent dans la perspective : « Le gladiateur mourant » devant l’Apollon du belvédère. 
Pierre Puget n’est pas dans le réseau officiel mais son « Milon de Crotone » est bien reçu, pourtant l’athlète vieillissant qui a présumé de ses forces, stigmatise l’orgueil, sa main prise dans l’arbre qu’il croyait fendre. 
Vers la fin de sa vie Louis XIV voulait voir l’enfance se répandre partout. Son héritage sera enrichi par Louis XV : « Le bassin de Neptune ».
Sous Louis XVI, Hubert Robert peint « L’abattage des arbres » 
et dans un jardin à l’anglaise sous une grotte artificielle replace Apollon et ses chevaux, mettant en scène le conflit entre nature et art. « Bosquet des Bains d'Apollon »
Une campagne de mécénat originale est en route afin d’adopter une statue en ronde-bosse, un vase et ses reliefs, un « terme » en hommage à Terminus le gardien des bornes à ne pas confondre avec un buste, voire un banc dans un ensemble qui fut un sommet dans le domaine de la commande publique.
 http://www.chateauversailles.fr/resources/pdf/fr/mecenat/bancs-et-statues.pdf

3 commentaires:

  1. Merci pour cette belle promenade très agréable.
    Ces sculptures sont magnifiques ; leur art est à la gloire des capacités humaines.
    Je retiens que sous Louis XIV la cour s'INSTALLE, et cesse d'être itinérante... oui, c'est très important cela, et je ne l'avais pas vu. Le règne de Louis XIV aussi correspond au moment, si je ne me trompe pas, où il y a une unification du pays de sorte qu'il n'y ait plus de puissance "étrangère" à l'intérieur des frontières. L'un va avec l'autre ?
    Cela représente quoi, la dernière statue du bas ? Elle est vraiment très réussi. Un enlèvement, certes, mais de qui, par qui ?
    Merci.

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  2. Je ne sais j'ai mis cette photographie juste pour la décoration.

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  3. En tout cas, la sculpture est magnifique, belle, imposante ET gracieuse...

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