vendredi 9 février 2018

Publiciste.

Je recours au dictionnaire pour la définition de « publiciste » : 
«  Un journaliste, essayiste ou chercheur qui écrit et publie des chroniques ou autres textes engagés sur la vie politique et sociale » (usage vieilli).
Le mérite de ce mot est d’entretenir la confusion avec « publicitaire », comme le mot « politiste » apparu récemment pour « politologue » qui tournerait assez vite vers le peu reluisant « politicien » que certains auraient bien cherché.
Le « dégagisme » comme en 17 ne concernait pas que les politiques, il valait aussi pour les « journalistes » qui jouaient avec eux. Cachés dans l’ambulance criblée de boulettes, ce n’est pas sûr qu’ils l’aient encore compris.
En apercevant les bajoues d’Arlette Chabot lors d’un abus de zapette, j’ai cru être revenu au temps du « Bêbête show » et je me suis dit qu’au-delà des incrustés persistants : les Leymergie, Durand, Apathie, PPD… ce sont leurs mœurs monde ancien qui perdurent.
Ah ! La volée de bois vert à l’égard de leur confrère Delahousse reçu à l’Elysée où il était dans son registre décontracté, sympatoche. Ce moment paisible auquel la lecture d’un ouvrage de fond pouvait être substituée, aurait pu reposer nos éminences cathodiques d’une agressivité cultivée sur fond  de ricanements compulsifs. Leur virulence est proportionnelle à la décadence de leur magistère.
Faut-il préciser que je ne cultive aucune nostalgie pour le temps de Mongénéral et de Michel Droit ? Mais le modèle américain, « pieds sur la table », qui s’est bien trompé, s’est appliqué chez nous.
Avec le zèle des débutants, les intervieweurs se sont mis à taper sur l’épaule des interviewés, sommés de répondre par oui ou par non à de longs manifestes.
L’information semble parfois ne figurer qu’une toile de fond aux motifs appuyés des comiques, jamais contredits : ce serait manquer d’humour. Entre deux pages de pub et trois sondages, ils suivent l’opinion où biaisent les angles quand dans un reportage expéditif sur l’orthographe à l’école il n’est question que de stress, d’angoisse mais jamais ni de  finesse, ni de clarté. Toute mesure annoncée attire des commentaires essentiellement négatifs et lorsqu’une bonne nouvelle survient : vite un train qui n’arrive pas à l’heure ! Lorsque Toyota annonce des créations d’emploi, le revoyeur de la presse dégote une usine qui est menacée de fermeture.
A ne pas vouloir apparaître comme des valets, qui servent-ils ?
En se distinguant d’un conformisme béat qui tenterait de dépasser les antagonismes, moins vendeur que les barrages de ND des Landes, la méfiance est entretenue, le dénigrement à l’égard de la politique et de ceux qui prennent leur responsabilité. Et Schneidermann qui fut jadis pertinent, de s’apercevoir que la com’ est omniprésente, sauf sûrement dans les nombreuses crèmeries où il cumule. Je viens de retrouver chez Hortefeux les mêmes fulgurances éventées.
Et ces beaux messieurs de gémir contre ce désenchantement collant à tout politique, qu’ils ont contribué à entretenir.
Ce n’est pas en réanimant l’antagonisme gauche/droite que l’action publique regagnera de l’éclat, ni en courant, voire en surenchérissant, derrière toute revendication des motards ou des sénateurs, en contradiction avec leurs diatribes permanentes contre l’impôt.
Bravo Hidalgo pour son courage et à Blanquer même si je crains qu’il ne soit trop tard quand il cite « le respect » parmi les fondamentaux à acquérir à l’école.
Mais surtout pas de morale ! Même si les chroniqueurs qui en tartinent tous leurs éditoriaux, épuisent la compassion comme les appels téléphoniques qui se succèdent à la maison aux heures des repas après un chèque à quelque organisation humanitaire.
Je ne voudrais pas être coupable d’essentialisation  
et me garderai  donc de généraliser et d’insister sur les aspects les plus négatifs d’une profession exposée, familière de mes jours, de mes journaux.
Mais je n’abandonne pas tout esprit critique, en leur votant la confiance comme celle qu’ils devraient encourager chez nos concitoyens envers leurs professeurs, leurs médecins, leurs poissonniers, leurs élus.
Quand Kennedy disait :
« Ainsi, mes chers compatriotes américains : ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais bien ce que vous pouvez faire pour votre pays.
Mes chers concitoyens du monde : ne demandez pas ce que l'Amérique peut faire pour vous, mais ce qu'ensemble nous pouvons faire pour la liberté de l'homme.
Ces mots qui portaient alors les espoirs d’un monde nouveau, n’ont rien perdu de leur exigence et peuvent être repris dans les discours de notre président « travailleur », d’autant plus que la suite du discours inaugural de JFK précisait :
« Enfin, que vous soyez citoyens d'Amérique ou citoyens du monde, exigez de nous autant de force et de sacrifices que nous vous en demandons. »
…………..
Le dessin d’en-tête est de Norman Rockwell, ci-dessous celui du Canard de la semaine

1 commentaire:

  1. Que pourrions-nous faire pour le monde, Guy ? Pour "tout le monde" ?
    Donner un peu de repos au mot "liberté". Le mot "liberté" a besoin d'un peu de repos. Il a besoin qu'on ne le mette pas à toutes les sauces, qu'il ne perle pas de nos bouches à la moindre occasion.
    Il a besoin qu'on soit un tantinet discipliné, et que nous cessions de battre son tambour du matin au soir, partout sur la planète.
    Il y a de rares fois où je parviens encore à avoir un peu de compassion pour la très grande folie d'un animal qui se prend pour son propre Dieu, en regardant les ravages incroyables que cette folie déclenche dans le comportement insensé de cet animal, mais la plupart du temps, cela m'irrite profondément maintenant. Je ne suis pas encore assez sage... il me faut encore vieillir un peu...
    Songe un peu que dans les comédies de Ménandre, et de Plaute, un "happy end" consistait en la libération... d'un esclave.
    Il y a quelque temps, le "happy end", c'était "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Plus de... "libération" de l'esclavage.
    Et maintenant, c'est quoi, ton "happy end" ? NOTRE.. "happy end" ? (si tant est que nous avons encore un "happy" "end"...)

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