vendredi 23 février 2018

Papier.

Lors d’une partie de Mémory avec nos petits enfants, une amie me faisait remarquer qu’en prenant de l’âge nous avions plus de difficultés à oublier les emplacements d’une première manche lorsque nous attaquions une nouvelle partie. Les enfants réinitialisent plus facilement.
Ainsi en va-t-il de la permanence de nos schémas mentaux comme de la rigidité de nos grilles politiques, quand ce n’est pas l’oubli qui nous aveugle.
Peut être que l’assoupissante habitude de lire des gazettes papier est de cet ordre, quand j’ai comme un sentiment d’accomplissement en venant à bout de la pile de mes journaux.
Alors que j’épongeais ceux qui avaient été laissés pour une semaine passée ailleurs, Facebook me sonnait avec un post reprenant la liste des publications subventionnées pour dénoncer que ce sont encore les milliardaires qui sont assistés.
Mais je ne pouvais laisser la complaisance se déployer contre une presse qui a encore perdu 10% de son lectorat dans les trois dernières années. Par ailleurs j’aime trop apporter la contradiction jusqu’à me laisser aller aux phrases sommaires fleuries d’émoticônes ; j’ai donc interrompu mon feuilletage pour une polémique simpliste.
Bien que d’après Bernard Tapie :
«  A quoi bon acheter un journal quand on peut acheter un journaliste »,
Pierre Bergé n’écrivait pas dans « Le Monde » et  Drahi possède certes « Libération » mais il n’est pas Libé. C’était amusant d’échanger grâce à FB, la pompe à pub d’un des hommes les plus riches de la planète et se voir vanter le modèle du Canard Enchaîné que je fréquente depuis toujours mais qui ne peut constituer une source unique d’information.
Je ne suis décidément pas exempt des addictions aux écrans désapprouvées évidemment sur ces mêmes écrans, où je préfère être apologue des blogs qui commencent à dater, donc à péricliter.
Comme tant de productions culturelles, l’état tient à flot ce qui est malgré tout une expression de nos libertés fondamentales. Je peux choisir mes titres dans leur diversité alors que les algorithmes me tiendraient dans mon sillon.  
J’aime la hiérarchisation en 47 X 30 de mon quotidien qui se laisse parfois attendre et dont on pouvait regretter la parution tardive quand l’instantanéité n’était pas la règle, ce qui présentement serait devenu un atout.  Rien que dans un numéro, Pitbullshit Wauquiez disparaît derrière la une consacrée aux pénuries d’eau dans le monde, alors que nous sommes rincés en ce moment. Je n’évite pas la pub pour le film «  Corps étranger » avec des hanches photogéniques désormais absentes d’une ville sans « Aubade ». J’apprécie la réflexion autour de la mode des excuses en litanie depuis le PDG de la SNCF jusqu’à Filoche. Et bien sûr je prends, « en même temps », les articles finalement pas si contradictoires :  
« Ecrans : l’enfant surexposé peut présenter de graves retards » et
« Ne parlons pas trop vite d’autisme et d’addiction ».
Ouf !
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Le dessin dans le texte vient du « Point » et le dessin du « Canard » de cette semaine est ici :

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