dimanche 14 janvier 2018

2147, et si l’Afrique disparaissait ? Moïse Touré Jean Claude Galotta.

Nous disparaîtrions.
La question est stimulante pour les artistes qui essayent de répondre, alors que la politique n’a plus raison. Pourtant quelques gouttelettes poétiques risquent de s’évaporer instantanément au contact des feux climatiques.
2147 : c’est la date à partir de laquelle la pauvreté de l’Afrique diminuerait de moitié, selon un rapport de l’ONU. Les prévisions économiques sont poétiques.
Par des textes, des danses, des chants, de justes images projetées, nous passons près de deux heures agréables, bien que comme lors du spectacle précédent du villeneuvien Moïse Touré, je ne sais en même temps voir de la danse et comprendre un texte fluviatile
Les problèmes des réfugiés qu’on avait mis en mode avion quand les lumières se sont éteintes dans la salle, reviennent sous les spots, là sur la scène de la MC2 : un candidat au départ vers l’Europe ne voulait pas rater la saison du ski, disait-il à l’employée de l’ambassade.
Un brin d’humour permet de souffler un peu sous l’abondance des métaphores, l’évocation d’une histoire accablante, la litanie des martyrs et le partage des douleurs. Une citation de quelques tribus peut avoir un effet comique mais le tribalisme est, entre tellement d’autres, un des problèmes du continent. Oui l’histoire-est-écrite-par-les-vainqueurs mais les auteurs ne se sont pas cantonnés au ressassement anti-colonial, leurs propositions imagées retiennent l’attention et donnent envie de prendre le temps de lire tranquillement quelques textes qui font tapisserie derrière les corps et les musiques.
L’évaluation bureaucratique datée avec une précision ridicule expliquant le titre ignore les enjeux démographiques ou écologiques, elle  a donné quand même son élan à une représentation qui aurait pu fouetter plus efficacement la réflexion.
Ainsi l’évocation de la charmante utopie avec trois milliards d’humains dont des « Inuits du Burkina » regroupés en tour de 40 étages dans la moitié sud de la France laisserait une planète intacte tout autour. Prévoir quelques problèmes d’ascenseur.
Papillon cultureux, je me colle aux belles lumières, aux chorégraphies bienvenues, aux mélopées berçantes, aux chiffons chatoyants tombés des cintres et ne sais retenir de cette soirée que l’orbe d’un geste en forme de point d’interrogation, qui désignerait la trajectoire de notre frêle embarcation commune. 

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