"Essentialisation", le mot emprunté à la sociologie, est devenu usuel pour
dénoncer les amalgames du type : « tous les musulmans sont des
assassins parce que des individus en égorgent d’autres au nom d’Hallah ».
Mais ce terme qui revient dans tout discours anti-raciste, signifiant :
« il ne faut pas généraliser » devrait s’appliquer aussi à ceux qui
voient un islamophobe derrière tout objecteur qui tourne ses regards vers La
Mecque.
D’ailleurs la tendance à transformer en substantif tant
d’adjectifs relève à mes yeux de l’essentialisation. Ces pauvres adjectifs souvent
dépendants, transformables, politiques, fragiles, sont moins surplombants que les noms,
fussent-ils communs. La grammaire n'est pas seulement destinée à mettre des
« e » partout.
Cette expression arrive parmi un méli-mélo de repères arrachés du sol parmi de nouvelles pousses, ainsi « millénial »
qui désigne la « génération Y » née entre les années 80 et 2000. Un
peu de neuf est mis dans la forme quand le sens est émoussé.
Je viens d’attraper sur France Culture cette phrase qui m’a
semblé tout à fait juste et valable pour tous : « on ne reçoit plus l’information, on se la fabrique ».
Tout ça pour finir par revenir, en amoureux éploré, une nouvelle
fois sur ma séparation avec le journal « Libération », ma religion pendant des décennies. Hegel parlait du temps
de la Révolution Française : « la lecture des
journaux quotidiens avait remplacé la prière du matin ». Mais je me suis senti excommunié parce
qu’en désaccord sur la réforme du collège d’une incertaine Najat
Vallaud-Belkacem : indigne du lectorat toujours en phase avec la dernière parution. Je me trouvais carrément au côté du Front, renvoyé vers
l’infâme alors que le but final d’une scolarité se soldant par un tirage au
sort, fut, au-delà d’un scandale ponctuel, l’aboutissement ridicule d’une
logique insensée emballée sous les fleurs artificielles de la bienveillance.
L’écriture ne favorise pas la modestie :
me voilà forçant le trait, dans le même panier que
ceux que je dénonce : une poutre enfoncée au centre d’un œil qui ne manque pas la
paille chez d’autres.
De n’être pas le seul dans les embrouilles
est un argument de cours de récréation ayant atteint la date de péremption.
Cependant
quand la confusion frappe même des éminences comme Télérama, je me vote quelque
indulgence. Plus personne n’affuble l’hebdomadaire du titre « Sa
Sainteté Télérama» comme il était d’usage jadis dans … Libération, mais lorsque
Charline Vanhoenacker, talentueuse comique,
est élevée en modèle de journaliste par le journal de
programmes de télé, c’est que la carte de presse doit être attribuée comme le
bac.
Caricatures, dramatisation : suivant les
cadrans, les écrans, les aiguilles s'affolent. Agressions, vols, incendies,
accidents apparaissent chaque jour dans le colonnes de la presse
régionale : ce sont des faits. Et si en moyenne dans le monde, les
meurtres ont diminué de 29%, les mexicains n’ont pas vraiment été tous informés
de la statistique. Les adeptes de la nuance « sentiment
d’insécurité » quand il est question d’insécurité, n’ont pas tant de
prudences quand il s’agit d’inégalités.
« Aucune généralisation n'est totalement vraie, même pas celle-ci.» Oliver Wendell Holmes
…………………..
La photo de l’ampoule est de Joël Bressand, artiste
riverain, celle-là de mon fiston.
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