vendredi 12 janvier 2018

Essentialisation.

"Essentialisation",  le mot emprunté à la sociologie, est devenu usuel pour dénoncer les amalgames du type : « tous les musulmans sont des assassins parce que des individus en égorgent d’autres au nom d’Hallah ». 
Mais ce terme qui revient dans tout discours anti-raciste, signifiant : « il ne faut pas généraliser » devrait s’appliquer aussi à ceux qui voient un islamophobe derrière tout objecteur qui tourne ses regards vers La Mecque.
D’ailleurs la tendance à transformer en substantif tant d’adjectifs relève à mes yeux de l’essentialisation. Ces pauvres adjectifs souvent dépendants, transformables, politiques,  fragiles, sont moins surplombants que les noms, fussent-ils communs. La grammaire n'est pas seulement destinée  à mettre des « e » partout.
Cette expression  arrive parmi un méli-mélo de repères arrachés du sol parmi de nouvelles pousses, ainsi « millénial »  qui désigne la « génération Y » née entre les années 80 et 2000. Un peu de neuf est mis dans la forme quand le sens est émoussé.
Je viens d’attraper sur France Culture cette phrase qui m’a semblé tout à fait juste et valable pour tous : « on ne reçoit plus l’information, on se la fabrique ».
Tout ça pour finir par revenir, en amoureux éploré, une nouvelle fois sur ma séparation avec le journal « Libération », ma religion pendant des décennies. Hegel parlait du temps de la Révolution Française : « la lecture des journaux quotidiens avait remplacé la prière du matin ». Mais je me suis senti excommunié parce qu’en désaccord sur la réforme du collège d’une incertaine Najat Vallaud-Belkacem : indigne du lectorat toujours en phase avec la dernière parution. Je me trouvais carrément au côté du Front, renvoyé vers l’infâme alors que le but final d’une scolarité se soldant par un tirage au sort, fut, au-delà d’un scandale ponctuel, l’aboutissement ridicule d’une logique insensée emballée sous les fleurs artificielles de la bienveillance.
L’écriture ne favorise pas la modestie : me voilà forçant le trait, dans le même panier que ceux que je dénonce : une poutre enfoncée au centre d’un œil qui ne manque pas la paille chez d’autres.
De n’être pas le seul dans les embrouilles est un argument de cours de récréation ayant atteint la date de péremption. 
Cependant quand la confusion frappe même des éminences comme Télérama, je me vote quelque indulgence. Plus personne n’affuble l’hebdomadaire du titre « Sa Sainteté  Télérama» comme il était d’usage jadis dans … Libération, mais lorsque Charline Vanhoenacker, talentueuse comique, est élevée en modèle de journaliste par le journal de programmes de télé, c’est que la carte de presse doit être attribuée comme le bac.
Caricatures, dramatisation : suivant les cadrans, les écrans, les aiguilles s'affolent. Agressions, vols, incendies, accidents apparaissent chaque jour dans le colonnes de la presse régionale : ce sont des faits. Et si en moyenne dans le monde, les meurtres ont diminué de 29%, les mexicains n’ont pas vraiment été tous informés de la statistique. Les adeptes de la nuance «  sentiment d’insécurité » quand il est question d’insécurité, n’ont pas tant de prudences quand il s’agit d’inégalités. 
« Aucune généralisation n'est totalement vraie, même pas celle-ci.» Oliver Wendell Holmes
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La photo de l’ampoule est de Joël Bressand, artiste riverain, celle-là de mon fiston. 

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