lundi 29 janvier 2018

Jeannette l’enfance de Jeanne d’Arc. Bruno Dumont.

Il convenait de voir le Dumont de l’année, alors je me suis appliqué à décrypter sous la bizarrerie pas aussi flamboyante que certains critiques l’annonçaient, quelque regard neuf à propos d’une icône de notre histoire de France. Nous ne sommes pas loin de la « Reine des neiges » pour la partie chantée et des Monty Phyton affadis pour quelques bouffées de rires équivoques. Je suis resté imperméable à cette énième proposition autour de la bonne lorraine dans sa jeunesse précocement habitée par la foi.
Le réalisateur de « Ma loute » met dans la bouche d’une charmante petite actrice les mots absolus de la religion, et nous nous interrogeons sur la dimension exceptionnelle de ce destin, bien que le dispositif incline vers une ambiance plus moqueuse que fervente lorsque ce sont les bêlements des moutons qui scandent les prières. Le jeu des petites qui se succèdent pour interpréter le personnage mythique m’a gêné, au-delà de leurs performances de mémorisation, quand elles prononcent des mots qu’elles ne peuvent comprendre. Ce sont ceux de Péguy. Le rapport du chouchou des prescripteurs des parchemins, qui ont perdu leurs troupeaux, à ses acteurs de tous âges, me semble ambigu bien que celle qui doit partir à Orléans m’ait parue plus impliquée, voire habitée.

2 commentaires:

  1. C'est difficile de savoir ce que les enfants peuvent comprendre.
    L'Homo modernicus occidentalus de tous pays occidentaux confondus, peut-être, attache beaucoup d'importance au mot "comprendre", tout en réduisant la question de la compréhension à des réponses cochées en QCM. Avoue que ce n'est pas palpitant, et assez paradoxal.
    Les enfants sont beaucoup plus sophistiqués, plus fins, plus intelligents que nous voulons le voir. D'autant plus que l'Adulte Français a un besoin fou de se sentir... "grand", et "quelqu'un" par les temps qui courent, et cela ne rend pas grand. Des fois, quand on a besoin de se sentir "grand" et quelqu'un, mais qu'on a complètement perdu... la foi (et je ne parle pas de foi chrétienne, là), on y arrive en bêtifiant et infantilisant les personnes autour de soi qui sont...plus petites, mettons.
    Affligeant, de mon point de vue.
    Pour Dieu et les moutons, c'est comme Dieu et le repassage. Debbie n'est pas une grande fan des lieux sombres, parfumés, avec des dorures comme tabernacles exclusifs pour communier avec la divinité.
    J'ai vu une pièce de Péguy autour de Jeanne d'Arc à Avignon il y a quelques années, et c'était époustouflant. Péguy n'épargnait pas Jeanne, et les religieuses autour d'elle la mettait en garde contre son orgueil. Ambitieux. Un délice pour l'esprit.

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    1. Péguy pour des mômes me semble dans notre contexte un peu décalé. Mais loin de moi d'infantiliser les enfants: je ne crois pas l'avoir fait quand j'enseignais et aurais plutôt péché par excès inverse, mes petits enfants me rappellent chaque fois la puissance de l'intelligence humaine dont les potentialités me semblent souvent sous-estimées.

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