samedi 9 septembre 2017

La chair. Rosa Montero.

L’amour toujours, l’amour, fou et désespéré : une femme de soixante ans passe de l’exaltation des sens au désespoir lorsque le temps ne se rattrape guère.
Je reprends des expressions toutes faites pour souligner la banalité des situations décrites et mieux apprécier la virtuosité de l’auteur qui renouvelle le genre.
Pourtant à lire la quatrième de couverture où il est question d’une crise de la soixantaine résolue par l’engagement d’un gigolo, cela pouvait risquer d’être rigolo, mais la première phrase donne une profondeur qui ne contrarie pas un récit réservant des surprises.
«  La vie est un petit espace de lumière entre deux nostalgies : celle de ce que vous n’avez pas encore vécu et celle de ce que vous n’allez pas pouvoir vivre. »
Comme lors d’une scène où le personnage principal,Soledad, se croit coincée dans sa douche alors qu’un petit mouvement a pu lui permettre de reprendre le fil de son journée et passe du désastre de la solitude à l’insouciance.
Elle, dont le destin semble déterminé par son prénom qui signifie « solitude » a une sœur nommée Dolorès, son amant s’appelle Adam : "too much" ! Comme la vie et l’œuvre de ces écrivains maudits que la belle qui se débat doit présenter dans une exposition.
«  C’était tellement banal aussi qu’elle soit là à embellir son cas avec des références cultivées ; qu’elle essaie d’envelopper cette histoire du papier de soie des comparaisons littéraires, alors que la dure réalité était qu’elle, une femme âgée, elle était en train d’acheter des cadeaux à son gigolo. » 
Ironiques et graves, tendres et cruelles, ces 190 pages sont justes.
« Quelle foutue malchance qu’il continue de lui sembler si beau. »

1 commentaire:

  1. Je ne sais pas...
    C'est quand même triste ce regard que NOUS portons sur les femmes âgées, à commencer.. par les femmes âgées elles-mêmes.
    Mais tout un chacun a tellement peur de PARAITRE ridicule de nos jours que l'inhibition a un solide avenir devant elle, à mon avis.
    Pas que l'inhibition est forcément mauvaise, loin de là... mais trop de civilisation finit par tuer l'Homme. Que c'est difficile de naviguer entre Charybde et Scylla...

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