Evitant de trop séjourner sous les fourches caudines des
perches à selfie, ce semestriel permet de trouver des éléments de réflexion qui
vont bien au-delà d’un cadrage ou d’une lumière.
Les photographes en majesté ici nous invitent à la modestie
en même temps que se cultivent nos envies de photographier.
Ce numéro comme son cousin XXI le fait avec l’écrit est
centré sur un thème principal :
« Un milliard de touristes et moi et moi », en
suivant un groupe de chinois visitant l’Europe, lors d’une croisière en bateau
parmi les 1500 passagers, ou sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Partout
se pose la question de l’image, tout en évitant quelque posture méprisante de
la part des auteurs.
Les formats sont variés : quelques images de la vie de
Nidaa Badwan enfermée dans sa chambre comme l’est son pays la Palestine, intenses.
Et quoi de plus banal que des photos d’anniversaire ? A travers cet évènement chez les riches ou
les pauvres, les blonds ou les bouclés, une néerlandaise donne un aperçu
excellent de la diversité de son pays.
Shahidul Alam du Bangladesh est mis dans la lumière :
un sacré caractère !
Loin des sympathiques pères au foyer suédois
ou des Coréens du Sud qui fréquentent des établissements où
l’on simule sa propre mort : « La mort qui guérit »,
« l’académie du cercueil »,
voire des élèves d’un LEP au pied des Pyrénées dont un prof chargé
de présenter les métiers du bâtiment dans un collège du coin raconte :
« Quand je me
suis présenté, les gamins se sont mis à rire »…
Variété, puissance : le quotidien d’un obèse, l’épopée
d’un météorologue solitaire près du cercle polaire qui, lorsque le bois de
chauffage est venu à manquer a arraché les planches du vieux phare voisin pour
les brûler.
La photobiographie de la Pythie, Patti Smith, le souvenir d’une expédition
dans l’Everest en 1953 avec Hillary et Norgay le sherpa à présent cité, l’album
de famille d’une petite trisomique « vulnérable et sereine » …
« La photo,
c’est l’instinct de chasse sans l’envie de tuer, on traque, on vise et
clac ! Au lieu d’un mort on fait un éternel » Chris Marker.
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