mercredi 12 mars 2014

Asmara et les causes perdues. J. C. Rufin.

Un vieil arménien raconte la guerre civile en 1985 aux alentours d’Asmara, désormais capitale de l’Erythrée où subsistaient des souvenirs d’Italie. L’ancienneté d’Hilarion Grigorian autorise la lucidité et sa situation de trafiquant connaissant le pays le place au carrefour des cultures. Il ne manque pas de vivacité d’esprit ni de malice pour dénouer des situations complexes. Et ses informateurs font apparaitre les contradictions, les motivations dévoyées des humanitaires les plus  engagés.
« Mélange écœurant de grands sentiments et de petites fornications »
Nous sommes au cœur des manipulations les plus cyniques quand la famine est stratégique.
Nous en apprenons sur cette Afrique :
Un chauffeur vient de tirer un coup de fusil par la portière.
 « Ces chiftas, voyez vous, ils tirent les premiers coups pour savoir à qui ils ont affaire. Si vous répondez, c’est que vous êtes armés : ils vous laissent passer tranquillement. Si vous ne répondez pas, ils font rouler une pierre sur la route et ils vous volent tout »
Une scène chez le barbier dans un décor désuet où des décisions s’apprêtent est d’une grande habileté, nous pouvons entendre les dialogues qui nous mettent dans la confidence.
 Et nous en apprenons aussi pour chez nous :
« Il fut un temps où une silhouette pouvait emporter avec elle tout un terroir. Trois bretonnes suffisaient, assises contre un mur, à évoquer autour d’elles les côtes bordées de granit. »
Quelles perspectives demeurent ? Quand  dans ces 300 pages écrites il y a plus de dix ans, une des voix de l’ambassadeur stylé, assénait : 
« Au lieu de dire que nous ne croyons à rien et que c’est pour cela que nous sommes incapables de justifier la mort, nous préférons glorifier la vie ». Il n’y a plus de héros.

1 commentaire:

  1. Ah oui... plutôt nous n'avons même pas le courage d'admettre que nous chions dans notre froc à l'idée de la mort, de la souffrance, et de la vieillesse que la science médicale nous a concocté pour notre... salut, en considérant notre sort comme la plus grande des injustices.
    O, homme... futile.
    Oui, il n'y a pas de héros. Il y a des publicitaires...

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