samedi 1 février 2014

Trop de bonheur. Alice Munro.

Dix nouvelles :  dans ce concentré de littérature la brièveté n’empêche pas l’exploration d’un quotidien qui ne reste pas longtemps assoupi.
Passé le premier instant d’acclimatation à un genre que je n’avais plus fréquenté depuis un moment, nous entrons facilement dans des univers différents où chaque fois se dévoilent des secrets, des vérités qui ne sont pas péremptoires.
Les êtres sont incertains. Des enfants souffrent, meurent, les personnages féminins la plupart du temps au premier plan essayent de s’arranger avec leurs couples bancals, le bonheur n’est  vraiment pas à l’ordre du jour.
La mathématicienne dont le récit de sa vie donne son titre à l’ouvrage de 325 pages a du lire la formule « trop de bonheur » dans un livre, la réalité est si éloignée de tout excès de tranquillité, d’accomplissement, ne serait ce que d’un brin de contentement.
 « Je commençais à comprendre qu’il existe des causeuses que les gens aiment écouter, non pour ce qu’elles racontent, mais bien à cause du délice qu’elles se font de le raconter. Elles se délectent d’elles-mêmes, le visage illuminé, convaincues que tout ce dont elles parlent est remarquable et qu’elles ne peuvent s’empêcher de donner du plaisir. »
L’octogénaire qui vient d’obtenir le prix Nobel ne manque pas d’humour, elle met en scène une scène de dédicace :
«Joyce n’a jamais compris cette histoire qui consiste à faire la queue afin d’entr’apercevoir l’auteur puis de repartir en emportant le nom d’un inconnu inscrit dans le livre. »

1 commentaire:

  1. Intéressant, cette histoire des causeuses...
    Tu sais, à une époque où la joie se fait rare, beaucoup de personnes passent leur temps à... se brancher sur le secteur d'autres qui se sentent vivant (du moins le temps où elles/ils racontent une histoire...) pour pouvoir se sentir, eux, vivants.
    Un monde curieux ? La société du spectacle séculier a produit de drôles de choses en nous...
    Mais quand tu lis les manuels, tu t'aperçois combien "on" est méfiant d'une bonne histoire racontée de manière vivante, et combien la perspective qu'il pourrait y avoir de la fiction dessous scandalise ceux qui sont encore et toujours à la recherche de la vérité/l'origine/Dieu, l'idéal est au choix...

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