Paris, la ville lumière, la ville minérale, sans ses
employés, appartient la nuit à ses marginaux qu’il ne convient pas d’appeler
ici SDF mais plutôt « clochards », à l’ancienne, tels qu’ils sont
montrés dans toute leur humanité. Le réalisateur nous fait partager son
empathie pour ceux que l’on croise sans les entendre. Sur fond de Seine avec
ses ponts majestueux et ses monuments superbement éclairés, la diversité des
portraits proposés est passionnante. Nous découvrons au fil des entretiens
leurs fêlures, mais aussi parfois une philosophie de la vie qui nous interroge
au plus profond. Si loin, si proches, l’un d’eux balayant un morceau de
trottoir minutieusement avant de poser sa tente qui contiendra aussi son caddy,
levant le camp à 5h du matin avant
l’arrivée des travailleurs : ni vu ni connu. Avec son allure de saint
Jérôme du Caravage, une dernière apparition d’un homme pieds nus sous la pluie
froide, silencieux, nous hantera encore un moment.
Un air de Puccini clôt ce beau film :
« Que personne ne
dorme ! Que personne ne dorme !
Toi aussi, Ô Princesse,
Dans ta froide chambre
Tu regardes les étoiles
Qui tremblent d’amour et d’espérance »
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