samedi 15 février 2014

Quelle histoire. Stéphane Audouin-Rouzeau.

L’auteur était venu présenter son livre à la librairie du square
L’historien spécialiste de la guerre dont on commémore le centenaire a rédigé en 140 pages un récit de filiation.
«… je m’en suis tenu à ce que la Grande Guerre a fait aux miens, à la manière dont elle a traversé leur existence, quitte à inscrire ses effets au-delà même de leur propre vie. »
Il ne met certes pas ses tripes à l’air au bord de la tranchée éditoriale, mais avec la rigueur de l’universitaire remonte aux souvenirs familiaux qui portent bien au-delà des quatre ans de conflit. Chaque mot a son poids : le titre sans point d’exclamation situe l’enjeu d’un témoignage personnel interrogeant la matière de son enseignement ;  « quelle histoire » ce sont aussi les derniers mots de son père à la veille de sa mort lorsqu’il l’emmène à l’hôpital, comme celui-ci avait conduit le sien à la fin d’une vie détruite.
Les lettres manuscrites qui sont un support essentiel de la mémoire, dans ce conflit en particulier, même lorsqu’elles mentent, sont signifiantes. En prenant le temps de les replacer dans leur contexte, nous en percevons le retentissement tout au long des événements qui ont suivi : seconde guerre, aventure surréaliste pour le père de l’auteur, 68 en France, en Tchécoslovaquie, et surtout la répercussion des silences !  
Bien des thèses à propos de la « Grande » guerre sont unilatérales entre le bourrage de crane et le départ vers une guerre fraiche et joyeuse. Nous sommes amenés depuis le témoignage stéréotypé d’un arrière grand père cocardier jusqu’au pacifisme exalté deux générations plus tard, à revisiter à nouveau nos histoires et réviser l’histoire.
«Le tueur qui avait fracassé les relations des pères et de des fils sur trois générations, je n’ai jamais abandonné sa poursuite. Robert était sorti indemne de la guerre mais il l’avait perdue. Faute d’avoir compris la défaite de son père, Philippe perdit à son tour d’autres guerres. J’ai voulu comprendre leur défaites, j’ai tenté de la faire par l’histoire. Ceci bien sûr, à mon insu. » écrit Stéphane, frère de Fred Vargas.

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