samedi 1 juin 2013

Les gauches françaises. Jacques Julliard.




#1. Le Cadeau.
Mon libéral préféré, tellement libéral qu’il en fait profession, m’a offert le dernier livre de Julliard. Alors que j’aurais été plutôt du genre à lui offrir le dernier Morano, il fait la preuve que tous les riches de droite ne sont pas forcément sans générosité (le livre coûte 25 €) et en outre il n’hésite pas à me flatter, car les 945 pages passionnantes sont roboratives.
Il ne craint pas non plus de redonner vigueur à des fibres progressistes qui m’ont tenu debout dans ma vie professionnelle et syndicale.
Je n’hésiterai pas à rendre hommage à sa munificence en glissant des formules définitives puisées dans le livre que je lui dois, telles que « le passage d’un capitalisme de managers à un capitalisme d’actionnaires » pour caractériser les évolutions récentes.
Mais mon sparring partenair, n’est pas Tocqueville non plus, « capable de considérer la différence entre les recommandations de son intelligence et celles de son intérêt. ».
Nourri à coup de « Le Point », ce camarade généreux quoique Barriste peut sortir dans un moment de faiblesse que la revendication égalitaire est le fait de jaloux, d’envieux.
Avec d’autres contradicteurs de droite, il n’a pas insisté sur Cahuzac qui a fait plus de tort à la gauche que Guéant, Hortefeux et Guaino réunis.
Mais pendant tous ces jours où j’en revenais au passé de la gauche, j’ai ressenti une grosse fatigue. De Jaurès à Guérini.
« Nous voulons substituer dans notre pays la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie[…] c'est-à-dire toutes les vertus et tous les miracles de la république à tous les vices et tous les ridicules de la monarchie. »Robespierre
Face aux droites distinguée entre légitimistes, orléanistes et bonapartistes décrites par René Rémond, l’éditorialiste de Marianne place quatre gauches : la libérale, la jacobine, la collectiviste, la libertaire, dans notre pays où on prête à un vieux paysan ces paroles :
« la république je veux bien, pourvu que ce soit Napoléon  qui soit le roi ! »
Même si des précisions sur les impuissances du cartel des gauches m’ont échappé, cet ouvrage est un  beau cadeau, nous éloignant des réflexes qui ont pris le pas sur la réflexion. Prouvant que « la société pouvait bien être dominée par la droite, les idées continuaient à l’être par la gauche ».
Ponctuant un récit charpenté commencé en 1792, l’historien laisse la place au journaliste. Il oppose agréablement et efficacement :
Voltaire/Rousseau, Robespierre/Danton, Hugo/Lamartine, Gambetta/Ferry, Clemenceau/Jaurès, Thorez/Blum,  Camus/ Sartre, Mendès/Mitterrand…
Chaque mot est une mine. J’ai retenu « chasse patate », mot de Cohn Bendit à propos du PC. C’est un terme de cycliste : celui qui a quitté le peloton mais qui ne réussira pas à rejoindre les échappés.
Le grand soir est dans le passé, il n’est guère flamboyant pour demain  surtout que le mouvement social en ce moment n’accompagne guère les victoires récentes de la gauche.
Après avoir décrit le contexte, je reprendrai la semaine prochaine quelques idées qui m’ont semblé éclairer un tableau qui en présentement bien besoin. 

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