Dans l’exposition qui se tiendra au Louvre jusqu’au 24 juin,
nous sommes comme « Le voyageur contemplant une mer de nuages » de Friedrich découvrant le paysage mouvant de la peinture allemande au moment où
cette nation se construisait. Appréciant la lumière, loin des
« querelles-si j’ose dire-d’allemands » qui ont alimenté quelques
gazettes ces derniers temps. Comme dit Heinz Wismann dans Lire :
« les Allemands
ne sont pas totalitaires au départ ; au contraire ils sont atomisées.
Quant aux français[…] ils sont déjà tellement dans la conformité parfaite de
l’unité et de la règle garanties qu’ils se paient le luxe de la transgression
permanente.[…] L’esprit français consiste à jouer avec la règle, à s’en libérer
tout en la confirmant. »
Stimulé par l’épisode napoléonien, le sentiment nationaliste
de nos voisins germains se réveille et les héritiers du Saint Empire vont
rechercher vers Rome et Athènes les sources d’une régénération, autant chez
Apollon que chez Dionysos.
La femme de Franz von
Stuck qui attend les mains sur les hanches l’issue du combat de deux hommes,
n’est pas chétive.
Dans un moyen âge revisité, près des châteaux perchés et des
fleuves puissants, les géants et les nains foisonnent.
En terre protestante la cathédrale gothique de Cologne dont la construction a été interrompue en
1560 reprend en 1815.
La beauté des paysages romantiques doit plus à la mélancolie
des artistes qu’à une reproduction réaliste, les arbres sont tourmentés et les
visions sont souvent celles des sommets
ou de ruines et de cimetières.
Le terme expressionnisme apparait en 1908, les peintres
allemands en seront les représentants les plus fameux. Ils traduisent avec
intensité le grotesque et l’effroyable de la guerre : « l’œuvre du
diable » dira Otto Dix.
Et Beckman dans
son « enfer des oiseaux » en 1938 est d’une puissance semblable à
« Guernica ».
Dans un numéro de Beaux arts consacré à l’exposition,
Florelle Guillaume m’a fait redécouvrir le tableau de Böchlin, « Villa au bord de la mer » par un commentaire
éclairant.
Cette toile pourrait résumer la présentation des 200 pièces qui
donnent une idée de la richesse et de la variété des approches des artistes
d’outre Rhin : de funèbres cyprès se dressent près d’une antique villa
face à une mer agitée, une femme est adossée aux vieilles pierres,
mélancolique.
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