Lorsqu’Eugénie l’épouse de Napoléon III qui n’avait pas
digéré que son favori Violet Le Duc ne fut pas retenu pour réaliser le 13°
opéra construit à Paris, interpela Charles Garnier :
« Quel affreux canard, ce n’est pas du
style, ce n’est ni grec ni romain ! »
Celui- ci répliqua :
« Non, ces styles-là ont fait leur temps... C’est
du Napoléon III, Madame ! »
Commandé sous le second empire en 1860, au croisement de
voies haussmanniennes, le bâtiment gigantesque fut inauguré par Mac Mahon en
1875, et Garnier dut payer sa place ce jour là.
Une entrée particulière avait été réservée à Charles Louis
Napoléon ainsi qu’une loge où il aurait pu être vu, mais très mal placé pour
assister aux spectacles se déroulant sur le plateau incliné dont les coulisses
sont si hautes qu’elles pourraient contenir l’arc de triomphe.
Pour la visite, nous commençons par la rotonde des abonnés
qui venaient jadis plusieurs fois au même spectacle; les jeux de la représentation
sociale se déroulaient à la descente des calèches dans l’escalier monumental
composé d’une vingtaine de marbres aux
couleurs différentes.
Les loges donnent sur la salle de spectacle rouge et or qui
peut contenir 2000 personnes sous un lustre de 8 tonnes. Si aujourd’hui des
écrans renseignent les spectateurs du poulailler, ces places moins chères
étaient pour ceux qui se contentaient du son.
L’aérien Chagall qui a été chargé par Malraux de remplacer
en 1964 le décor initial du plafond fatigué par l’éclairage au gaz des débuts,
convient parfaitement dans sa clarté.
Les galeries des foyers sont grandioses, leur majesté
multipliée par les miroirs. Des maquettes de décor de spectacles fameux sont
présentées dans une bibliothèque impressionnante.
Sur le parvis une bande de musiciens jouait joyeusement au
pied des célèbres statues de la
Danse de Carpeaux reproduites ici par Belmondo Paul,
l’original est à Orsay : deux occasions de se réjouir.
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