samedi 18 juin 2011

Ils se croyaient illustres et immortels. Michel Ragon

Ragon, le critique d’art, le romancier vendéen libertaire m’avait marqué avec son pavé, « La mémoire des vaincus » : la beauté de l’histoire gagne en profondeur quand elle est tragique.
Cette fois dans un format court, les derniers moments de personnages qui furent considérables ne nous consolent pas de nos destins anodins.
Si Hamsun m’est inconnu, je reste sans regret, comme à l’égard de Pound qu’Hemingway avait bien défendu.
La roue qui tourne est moins cruelle à mes yeux pour les politiques puisque le rapport de force fait partie du jeu et la fin de Clémenceau ne me semble pas indigne. Kropotkine ne comprend plus son époque dans les bouleversements de la révolution russe, il n’est pas le seul. Juste le temps d’enterrer le vieux leader, Lénine libère quelques anarchistes et souligne le cynisme d’un pouvoir qui se mettait en place.
Courbet est ruiné, comme Sagan démodée, Fréhel méconnaissable, Descartes berné, Le Corbusier avait disparu depuis longtemps, et Lamartine n’était plus présentable.
Alexandre Dumas est pathétique :
« En novembre la tempête se lève et la pluie frappe violemment les vitres du pavillon. Impossible de pousser le fauteuil roulant sur la terrasse balayée par le vent.
Le vieil Alexandre reste enfermé dans le salon et joue interminablement aux dominos avec ses petites-filles qui se lassent de ce perpétuel recommencement.
Elles s’ennuient de la fanfaronnade de ce grand-père qui s’accroche à son glorieux passé et veut leur en faire goûter les miettes. »

Socialistes, tous ensemble pour un avenir pire par franceinter

1 commentaire:

  1. Excellent billet de François Morel ce coup-ci, et que j'avais raté.
    Méritait bien que vous le mettiez en ligne.
    Donc, merci.

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