Celui qui égrène avec finesse nos petites mythologies de ces années Cosmopolitan a vérifié ses connivences avec son public l’autre soir à la MC2. Il y a sept ans il était à Saint Marie d’En bas et « Kouchner était alors à gauche, et on ne pensait pas avoir pire comme président »…
J’apprécie toujours autant sa poésie du quotidien où la pluie dégouline désormais sur le Club Mickey et non plus devant une masure au toit de chaume de Verhaeren . Ses amours les plus belles sont celles qu’il n’a pas embrassées. Le grand théâtre a connu des sonorisations plus veloutées, mais souvent le jeune homme n’avait que quelques mots à susurrer, la salle complétait. Patrick Bruel n’était pas loin. L’atmosphère des bords de Seine, Deauville, le cinéma de Truffaut, n’avait pas besoin de mises en scènes si explicites pour laisser échapper ses parfums nostalgiques. Ses enchainements plein d’humour étaient bienvenus pour entremêler légèreté et mélancolie comme dans cette chanson« la vipère du Gabon » où alternent habilement les annonces graves et les propos anodins:
« A l'entrée du zoo
Tu sais j'attends des jumeaux
J'espère qu'y aura des éléphants
Et ta mère elle est au courant
Ca c'est des genres de wapitis
Pour l'instant je lui ai encore rien dit
Et devant la cage des gibbons
Ah bon
Ils doivent être planqués dans un coin
Et Mathieu lui il le vit bien
Putain j'ai horreur des vautours
Au début il était pas pour
C'est pas un vautour c'est un condor des Cévennes
Même si il se casse je les garde quand même
Oui enfin c'est quand même un petit peu pareil les vautours les faucons …»
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