Qu’est ce que j’ai à m’obstiner à lire des textes concernant
l’école ? « Notre système scolaire, inefficace et pourvoyeur
d’illusions, est de plus en plus frustrant pour tous les acteurs. »
Porter un avis concernant une institution attaquée de toutes
parts ne peut que m’amener à ressortir la bannière fatale : « c’était
mieux avant » et donc accroître ma boomer illégitimité.
Mais je fais confiance à la collection « tract »
de chez Gallimard:
La clarté, la vigueur de l’auteure de ces 50 pages donne à
réfléchir avec quelques embruns rafraichissants au pays du « pas de vague ».
Se rappellent d’emblée les 90 % de réussite au bac pour
ensuite 60% des inscrits à l’université qui échouent à terminer une licence, et
les classements internationaux indignes.
Concernant les évaluations, on sent le vécu quand elle
évoque les mécanismes scandaleux d’harmonisation dans les jurys d’examen:
« en amont, des
épreuves trop faciles pour le niveau censément évalué, et en aval une
injonction à applaudir à ce qu’on trouve pour ne rien avoir à changer.»
Je ne peux que relever une remarque qui m’a servi de
viatique pendant ma carrière après que des encouragements excessifs de ma part ont trompé un père
au moment de l’annonce d’un redoublement :
« Soulignons qu’avouer que l’on ment sur le niveau des élèves
n’est nullement les traiter d’imbéciles. C’est précisément parce qu’on ne les
mésestime pas qu’il faut dénoncer un système condescendant qui ne fait que des
perdants. »
Le rapprochement entre le slogan « l’élève au centre
du système » et celui de MacDo : « Venez
comme vous êtes » est pertinent.
« Contre cette
vision, on rappellera que l’école se justifie en tant qu’un enfant doit être
formé et instruit et qu’une institution collective, nationale et non
communautaire, est jugée la plus à même de lui fournir les références et
pratiques prioritairement requises pour la vie commune. »
Est-il besoin de l’affirmer, tant ça n’irait pas de
soi ?Je trouve sa description des bâtiments scolaires plutôt
exagérément misérabiliste quand les établissements du centre ville sont parfois
plus inconfortables que des constructions récentes en banlieue où est appliqué
parfois ce qu’elle souhaite en matière d’éco responsabilité et de résilience.
Elle demanderait volontiers de laisser les portables aux
portiques pour rejoindre des classes aux effectifs moins lourds, quelque soit
la zone.
La prof de philo suggère des solutions et revient à la
racine des mots qui tant se réduisent :
« Il faut aussi
circonscrire la place à accorder à l’objet ambigu qu’est le «monde contemporain. A vrai dire, si
celui-ci est vraiment « monde » (du latin mundus, harmonieux,
traduisant le grec kosmos, totalité organisée) et
vraiment « contemporain » (du même temps que nous) alors il est
à la fois trop vaste et trop restreint pour l’école. Trop vaste, car il ne
saurait s’apprendre in abstracto : en tant que « monde » il doit
être exploré. Trop restreint, car il est l’élément spontané de nos
vies : « contemporain », il doit être mis en perspective
pour être compris. L’école est ou doit précisément être le lieu du refus de
l’immédiateté - dont la « facilité » et « le quotidien »
sont deux avatars invasifs - au profit du doute constructif et de la prise de
recul informée. »